En guise d'introduction,
Une fois encore, je vais vous parler d'un souvrétois d'adoption, Louis Drugmand. Ce dernier, communiste de surcroit, fut Conseiller communal de Souvret après la Seconde Guerre Mondiale. Et, le Destin a voulu qu'il croise la route de plusieurs de nos concitoyens militants communistes dont, les camarades Léona Motquin, Victor Paindaveine et Samuel Herssens.
Entrons maintenant dans le vif du sujet,
Le camarade Louis Drugmand est né à La Hestre le samedi 13 février 1910.
Issu d'un milieu modeste (sa mère est ménagère et son père mineur), Louis fréquente l'école primaire jusqu'aux environs de l'âge de 11 ans et demi.
Âge auquel, il part en France avec ses parents qui sont en quête d'un emploi.
C'est également l'âge auquel, le jeune Louis entre comme manœuvre à "La Compagnie Internationale des Wagons-Lits" (CIWL).
L'"aventure" française de la famille Drugmand ne dure qu'un an et les Drugmand rentrent en Belgique et s'installent à Marchienne-au Pont, quartier de La Docherie. Louis trouve un emploi de manœuvre aux Verreries Bennert et Bivort à Jumet.
Mais, les jours du verre soufflé sont comptés. En effet, les verreries se mécanisent et le jeune Louis perd son emploi et se retrouve au chômage à l'âge de 18 ans. En 1928, il descend dans la fosse vraisemblablement au Charbonnage de Sacré Madame à Dampremy.
Auparavant, Louis a travaillé 6 mois comme manœuvre. A la mine, il travaille comme ouvrier à veine avec son père et ce, jusqu'à son départ à l'armée.
Là, des compagnons de travail lui parlent de Marx, Engels et de Lénine. Ils lui parlent de la Révolution russe, lui font lire la presse communiste afin de le pousser à l'engagement politique.
Son adhésion au P.C. sera chose faite en 1929-1930. En 1934, Louis écrit dans une note biographique adressée au P.C. qu'il s'est inscrit en 1930 à la Section de la Centrale révolutionnaire des Mineurs des Chevaliers du Travail et au Parti communiste après les grèves de juillet 1932 (1).
Vient l'heure de servir la Patrie. Louis effectue ses deux années de service militaire obligatoire dans l'infanterie en 1930-1931. Démobilisé, il milite à fond pour la cause communiste et la défense des travailleurs. A l'occasion de la grève de juillet 1932, Louis organise un piquet de grève et un comité de puits au charbonnage qui l'emploie.
A cette époque, Louis devient le responsable de la fraction P.C. du syndicat et est désigné par le Parti, responsable pour la Jeunesse et membre du comité de rayon de Jumet-Marchienne. A noter qu'à l'époque, il habite Marchienne-Docherie.
En février 1932, il épouse Marie Léonie Papleux dont, il se séparera rapidement sans pour cela divorcer.
En 1933, notre Louis Drugmand est convoqué pour effectuer un rappel à l'armée. Mauvaise idée pour la Grande Muette" !!! En effet, Louis ne trouve rien de mieux que de poursuivre son combat idéologique notamment concernant l'anti-militarisme : il crée dans son régiment au sein de l'armée belge un comité de soldats. Cela s'étendra jusqu'au bataillon. Dans son régiment, le Comité se compose d'environs 50 camarades.
In fine, la même action sera portée par d'autres membre des Jeunes Communistes et du P.C. Cela permit la création d'un comité inter-régimentaire dont le camarade Drugmand fera partie. Cette initiative est moyennement appréciée" par l'autorité militaire.
Un jour, toute la compagnie (dont fait partie notre activiste) refuse de "bouffer" la soupe (2). Il s'en suit une perquisition dans les chambrées par le commandant. Celui-ci trouve dans la valise du milicien Drugmand un exemplaire du journal "Le Peuple" et une invitation au "Congrès du Rassemblement de Jeunesse démocratique [sic] pour la Paix à Paris" pour lequel, le camarade Louis Drugmand a été désigné comme délégué moral chargé de suivre les débats dans la Presse pour faire rapport aux différents comités de régiment.
En conséquence, le Commandant lui "colle" 4 jours de prison militaire. Mais, notre milicien anti-militariste est libéré après 3 jours de geôle sur ordre du Colonel. En effet, ce dernier estime que "les objets saisis ne constituant aucune preuve, mais avec rappel que le journal "Le Peuple" était interdit à l'armée". Plus tard, Louis écrira à ce sujet : "Ces faits me valurent cette inscription dans mon livret militaire. MANIERE DE SERVIR : mauvaise au cours de son rappel."
Si, le milicien anti-militariste Louis Drugmand a reçu une mauvaise note pour services rendus à la Nation, cela lui vaut la reconnaissance du Parti qui lui confie "le travail anti-militariste de la région". Par la suite, le Parti donne à Louis le poste de trésorier du rayon Marchienne-Jumet le faisant ainsi membre de la "Commission financière fédérale". Postes qu'il occupera jusqu'à son départ en U.R.S.S.
Début des années 30, l'ensemble de la planète subit les effets économiques de la grande dépression économique des années 30. En aout 1933, Louis perd son emploi et rejoint la cohue des chômeurs. C'est ainsi que le camarade Drugmand prend alors la direction de la fraction communiste du comité constitué de chômeurs de sa localité.
En avril 1934, l'anti-militariste Louis Drugmand, poursuivant son bonhomme de chemin au sein du P.C. et s'affilie aux Jeunesses communistes (J.C.) de la section de Jumet.
Remarqué par les instances du Parti malgré son manque de formation mais, promis à un avenir prometteur, le camarade Drugmand est envoyé à Moscou suivre les cours de l’École internationale Lénine. C'est ainsi que notre jeune militant communiste arrive à Moscou le 9 juin 1934 où, il séjourne sous le nom d'Albert Bataille jusqu'en mai 1935.
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École internationale Lénine à Moscou - |
A son retour, cette "escapade" moscovite lui vaut d'être condamné par le Conseil de Guerre à trois de mois de prison pour avoir quitter la Belgique sans autorisation préalable. Et, le Parti lui confie plus de responsabilités au sein de la Jeunesse communiste en vue de l'unification avec les Jeunes Gardes socialistes et d'autres responsabilités au niveau régional.
Le 17 juillet 1936 débute la guerre civile en Espagne quand la droite conservatrice et fasciste veut éjecter du pouvoir le gouvernement de gauche au pouvoir.
Dès leur création (septembre et octobre 1936), Louis Drugmand se porte volontaire et intègre les Brigades internationales. Il part combattre en Espagne les troupes franquistes avec le premier contingent carolorégien.
Là, il est embrigadé à la 1ère Brigade internationale et prend part à tous les combats du Siège de Madrid qui a débuté en novembre 1936. Louis fait partie des 30 000 combattants républicains présents lors des âpres combats du parc de Casa del Campo pour la défense de Madrid. Ensuite, il participe à la Bataille du Jarama (6 au 27/02/1937) et à la Bataille du Guadalajara (8 au 13/02/1937). Louis Drugmand fut blessé à deux reprises lors des combats.
Dans sa notice biographique rédigée le 30 octobre 1943 sous son nom de code de Willy, il précise qu'il a été rejoint en Espagne par deux ex-Jeunes communistes et 4 ex-J.G.S. de sa section locale de Jumet. Louis indique également que, pendant sa participation à la Guerre civile espagnole, il a occupé les grades suivants : délégué politique de section, Commissaire politique de [...], Secrétaire et commissaire politique adjoint du Bataillon.
En octobre 1937, il rentre en Belgique et est condamné à 6 jours de prison militaire comme déserteur récidiviste. Un comité d'anciens combattants d'Espagne républicaine s'étant constitué, il y adhère. Ce comité a pour but de continuer une campagne d'aide au peuple républicain espagnol en lutte.
Ensuite, Louis reprend ses fonctions au sein de la Jeunesse communiste désormais fusionnée avec les Jeunes Gardes socialistes sous l'appellation " Jeune Garde socialiste unifiée" (J.G.S.U.). Union qui sera sabotée en grande partie par le P.O.B. et dont, Louis sera exclu après moult manigances de ses adversaires idéologiques.
Pour exemple ; à l'occasion du Congrès régional des Jeunes Gardes Socialistes, l'adhésion des Jeunesses syndicales aux J.G.S.U. est à l'ordre du jour. Louis Drugmand, intervenant sur la question de la Presse, fait remarquer qu'il existe un malaise quant à ce sujet. En effet, un rapport moral envoyé aux sections indique que la vente du périodique des J.G.S. "Jeunesse nouvelle" se chiffre à 800 exemplaires et que sa section locale à elle seule en vend 400 numéros soit 50% des ventes contre 50 % pour le reste de la Fédération.
Libouton, membre des Jeunesses syndicales et du P.O.B., répond que : "Tant que la politique du P.C. serait développée dans les colonnes de "Jeunesse nouvelle" quant à moi, je n'en vendrait pas un seul."
Le ton est donné. Malgré la lutte acharnée qu'il mène pour l’unification des J.G.S. et des Jeunes communistes, Louis est, à chaque réunion avec le Comité central local du P.O.B., la cible d'attaques sous prétexte de menée communiste. Il écrira au sujet de ses détracteurs : "Il n'est pas étonnant de voir comment l'offensive contre l'unité des jeunes fut menée d'une main de maître par les dirigeants réactionnaires du P.O.B. avec l'appui des représentants des Jeunesses syndicales, les LIBOUTON, HERCOT et autres comparses politiques GODEFROID, PAINDAVEINE."
Au grand étonnement de Louis, la question de son exclusion des instances des J.G.S. a été proposée par un ancien membre des Jeunesses communistes et ancien membre des Brigades internationales, le dénommé Alphonse Lhomme.
Faisant fi des remarques émises par Louis concernant son exclusion et après vote, celui-ci sera viré par une voix de majorité. Résultat des votes : 3 voix pour et 2 voix contre.
Ensuite, il est exclu de la Fédération bruxelloise des J.G.S. et de la Section nationale des G.S.U. d'Espagne de l’Internationale des J.S.
Qu'à cela ne tienne... Exclu des J.G.S.S., Louis crée dans sa commune un "Club de la Jeunesse" appliquant ainsi la position prise par les exclus des J.G.S.U. lors des Congrès des Fédérations bruxelloises et liégeoise
Après la signature du pacte de non-agression germano-soviétique, le camarade Cornez, secrétaire local du P.C., membre du Comité fédéral du parti et secrétaire permanent du "Syndicat des Chevaliers du Travail", dénonce ce pacte et mène une campagne anti-soviétique et anti-communiste. C'est pourquoi, Louis prend l'initiative de publier un manifeste dénonçant "les agissements criminels de ce triste individu".
De sa propre autorité, le "triste individu" l'exclura du syndicat ainsi que d'autres militants communistes. Mais, c'est Louis qui le remplacera comme secrétaire de sa section du P.C.
Ensuite, il est encore rappelé sous les drapeaux et puis, démobilisé quelques mois car, mineur de fond.
En 1940 , les mineurs arrêtent le travail contre la prolongation de la journée des 8 heures dans les mines. Dans le charbonnage employant Louis, la grève a été préparée par le journal local du P.C. "A l'abattage", véritable bulletin de grève. D'après le camarade Drugmand, la grève a été sabotée par les responsables syndicaux socialises qui ont décidé la reprise du travail.
En représailles lors de la reprise du travail, Louis est licencié et doit prester un préavis de 8 jours. Après ce délai, Louis se rend au charbonnage où, le portier lui rappelle qu'il ne fait plus partie du personnel. Il entre quand même et entend un délégué socialiste dire qu'il a été licencié pour cause de propagande communiste.
Louis prend la parole en signalant le rôle de briseur de grève joué par ce syndicaliste. Le directeur ayant envoyé les gardes de la mine pour mettre Louis la porte. Ce qui provoque une réaction des ouvriers qui décident de ne pas travailler et d'envoyer une délégation auprès du directeur pour qu'il reprenne leur camarade. Le directeur leur promet de réfléchir à la chose et dit à Louis de revenir le lendemain.
Le lendemain quand Louis se présente, il essuie le même refus et la présence des gendarmes a été requise. Les fôstis descendrons avec une heure de retard.
Ensuite, c'est la Police judiciaire de Charleroi qui intervient en le faisant appeler chez le lieutenant de gendarmerie de Marchienne pour signer un cahier où, Louis demandait pour rejoindre son régiment. Devant son refus de signer, il est alors frapper à coups de poings et de ceinturon puis, relâché. Deux jours plus tard, il reçoit un ordre de rejoindre un régiment autre que le sien. Il ne répond pas à cette nouvelle provocation.
Le 7 février 1940, un coup de grisou éclate au Puits Parent des Charbonnages de Monceau-Fontaine à Marchienne-au-Pont. Louis se rend sur les lieux et interpellé par deux gendarmes et l'un d'eux dénommé Lefort lui donne l'ordre formel de rejoindre son régiment.
Louis lui répond poliment qu'il ne les connaît pas et il repart en paix. Quinze jours plus tard, il est arrêté et conduit à la prison de Charleroi.
Transféré à Liège, il passe devant l'auditeur militaire qui lui confirme son arrestation en attendant la décision du Conseil de Guerre.
Lors de son jugement, il est défendu par Maître Bastien qui est membre du P.C. Louis est appelé à trois reprises pour entendre prononcer son jugement car, chaque fois remis à huitaine. Finalement, il est condamné à trois ans de prison et suivant l'avis du Parti, Louis va en appel. Suite à ce procès, il reçoit une lettre de félicitation du camarade Relecom pour sa conduite.
Après sa condamnation et son pourvoit en Appel, il est retransféré à la prison de Bruxelles en attendant le nouveau jugement.
Cela fait trois mois que Louis est incarcéré quand, la guerre éclate. Il est alors libéré pour rejoindre son régiment par ses propres moyens.
Dès sa sortie de prison, il se rend chez le camarade Bastien, son défenseur. Celui-ci le félicite de cette sortie.
Louis ne rejoindra pas son régiment, les services de milice et les transports de voyageurs étant désorganisés. Il rentre donc à La Docherie.
Dès son retour, Louis entre à nouveau en résistance et s’attèle à réorganiser le Parti communiste au niveau fédéral en attendant le retour d'exode de ses coreligionnaires de la Direction générale. Pour ce faire, il collabore avec le châtelettain Désiré Desellier, député communiste et ancien ouvrier mineur.
Dans la foulée, Louis crée les journaux clandestins suivant : "Le Métallo" et "Le Mineur".
Le "Métallo" voit le jour dès l'automne 1940. Au début, il est distribué à l'Usine de la Providence à Marchienne-au-Pont avant de s'adresser à l'ensemble des métallos carolorégiens. En octobre 1941, le "Métallo" porte en sous-titre : Organe syndical des métallurgistes de Charleroi. A partir de ce moment, il semble que Louis Drugmand soit remplacé par un certain Fernand Thonon comme responsable du journal.
Quant au journal clandestin "Le Mineur", il doit avoir vu le jour à peu près en même temps que "Le Métallo". Il serait le précurseur de l'organe des C.L.S. et sa distribution débute au Charbonnage du Martinet à Monceau-sur Sambre."Le Métallo" et "Le Mineur" cesseront de paraître en 1944.
A partir de décembre 1941, Louis Drugmand participe à la diffusion du journal clandestin carolo "Le Pays wallon" dont le responsable éditorial n'est autre que le trazegnien Victor Paindaveine.
En 1942, la direction du Parti nomme Louis Drugmand responsable de la presse régionale. Il est, entre autres, chargé de superviser la réalisation du journal clandestin carolo "L’Étincelle"().
Louis s'occupe de la mise en page, transport du lieu de composition au lieu d'impression et correction des épreuves.
Mais, cela ne dura qu'un temps. En effet, un jour allant déposer la composition du journal chez l'imprimeur Boon à Trazegnies (), il ne trouve personne dans les locaux.
Alors, Louis Drugmand décide de laisser la composition du journal sans surveillance dans le corridor d'entrée et s'en va.
Conséquence de son acte, Louis est viré immédiatement du P.C. pour imprudence grave.
Dès lors, Louis se réfugie dans le Centre.Mais sa disgrâce est de courte durée. En mars 1943, le Parti le rappelle pour qu'il aille à Bruxelles travailler à l'Imprimerie centrale.
A cette fin, Louis est invité à reprendre contact avec le camarade F. Coenen. Les deux hommes collaborent et s'occupent d'établir des contacts afin de trouver des locaux pour y installer l'imprimerie du Parti. A cette époque, Louis prend le nom de Chapeau comme fausse identité.
Le 12 mars 1944, Louis est arrêté lors de la rafle des 4500. Il est considéré comme travailleur réfractaire car, il ne possède pas de carte de travail. Il est donc conduit à la prison de Louvain et emprisonné sous le nom de Jean Dupuis.
Trois jours plus tard, Louis est embarqué dans un train qui le conduit à Berlin dans un camp de prisonniers italiens. Au mois d'avril, il est considéré comme travailleur libre et envoyé travailler dans les bois comme aide-bûcheron.
Par après, il travaille pour des particuliers comme menuisier-charpentier. C'est ainsi qu'il entre en contact avec des cheminots hollandais (travailleurs volontaires) qui, moyennant la somme de 250 marks allemands, lui indiquent comment se forment les convois ferroviaires de la ligne Amsterdam-Berlin.
A la fin du mois d'août 44 nanti de ces informations, Louis Drugmand quitte comme d'habitude son camp de détention mais, prend la direction d'une gare de formation sise à trente kilomètres de Berlin. Il est accompagné de son ami bruxellois Jean Tange, ancien J.G.S. Ce soir-là, ils s'installent sous un wagon de voyageurs.
Le lendemain à midi, le train quitte la gare de Postdam à destination d'Amsterdam. Nos deux évadés arrivent à Amsterdam le même jour à 9h30 du soir. Par mesure de sécurité, c'est seulement le lendemain vers 4h30 du matin qu'ils quittent leur cachette et gagnent le centre ville. Après quelques difficultés, ils trouvent le moyen de se débarbouiller.
Ensuite, il leur est indispensable de se procurer de l'argent hollandais pour poursuivre leur voyage par chemin de fer. Ce sera chose faite grâce à la vente du tabac dont, ils s'étaient munis pour financer leur fuite. Arrivés à Breda, ils empruntent le bus pour rejoindre la frontière belge. Frontière qu'ils franchisent aisément grâce à la complicité de paysans hollandais et belges.
La frontière franchie, ils se dirigent en tram à vapeur vers la ville de Breda et terminent leur voyage par train à Anvers.
Peu de temps après son retour au pays, Louis devient responsable régional des "Comités de Lutte syndicales" (C.L.S.) créés par le P.C.B. pendant la guerre. Le C.L.S. est devenu la troisième force syndicale de Belgique.
En octobre 44, il passe secrétaire de l'"Intersyndicale C.L.S. de Charleroi et de la Basse Sambre" et siège comme membre au Comité national.
Le dimanche 26 novembre 44, Louis participe à la manifestation de protestation de la Résistance qui a lieu à Bruxelles à l'appel du P.C.B. et du "Front de l'Indépendance"(F.I.).
A la fin de la guerre, Louis Drugmand et sa compagne Élisa De Decker viennent s'établir au numéro 110 de la rue de la Baille à Souvret. Louis a repris son métier de mineur de fond et travaille à la fosse du 6 Perrier ( Charbonnages de Monceau-Fontaine).
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Charbonnage du 6 Perrier (Ed. G. Douge à Souvret) - Collection Luc Heuchon |
Louis se présentera également aux élections communales de 1952,1964. Il participera également à 5 élections provinciales entre 1951 et 1971. Mais, il ne sera jamais plus réélu.
En 1948, Louis Drugmand prend sa retraite et est reconnu comme invalide. Par après, notre retraité s'occupera de la section régionale de la "Confédération générale indépendante des Pensionnés de Belgique".
Mais décidément, Louis est un "homme de presse" car, il ne peut s'empêcher de créer un petit journal syndical de deux pages intitulé "Du carré à front" édité par la Section communiste du 6 Perrier dont, il est le secrétaire et le principal animateur.
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"Du carré à front", 1950, n°3 - © Document CarCob (Bruxelles) |
1."- Atteinte à la pudeur ?
- Non, mais j'essaie de m'habituer au sort que me réserve le Gouvernement s'il s'occupe encore de mon pouvoir d'achat !.."
2."BERCEUSE
Dors, t'auras 5´%
Dors, t'auras 5%
à Noël, ou à Pâque, ou..."
En 1970, Louis et sa compagne déménagent et s'installent au numéro 31 de la rue du Stocquy.
Louis Drugmand se présente pour la dernière fois aux élections communales du 11 octobre 1970. Il conduit la liste n° 2 appelée "Union Démocratique". Sa compagne fait également partie des candidats.
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Tract électoral 1970 - © Document CarCob (Bruxelles) |
En 1973, il épouse sa compagne Élisa De Decker.
Que peut-on ajouter concernant Louis Drugmand ?
Primo, son nom est et s'écrit bien DRUGMAND et non DRUGMAN comme, certains auteurs l'écrivent. Secundo, les documents que j'ai pu consulté, ne parlent pas de sa vie privée et ne comportent aucune photo de lui. Et, il me semble avoir lu quelque part que Louis Drugmand et sa seconde épouse auraient eu deux filles. Mais, je n'ai pu en avoir confirmation.
Louis Drugmand eut l'occasion au cours de sa vie d'écrire d'écrire des articles pour diverses publications essentiellement clandestines. Mais, je n'ai pu d'en établir la bibliographie vu que les supports ont disparus ou dorment dans quelques greniers.
Le combat du camarade Louis Drugmand pour la justice sociale et la fraternité entre les hommes s'arrêta définitivement le jeudi 14 août 1980.
Hasta siempre Camarade Drugmand !!!!
Notes :
(1) Dans une autre note biographique destinée au P.C.B. et rédigée en 1944, il écrit s'être affilié au Parti en 1929.
(2) dixit Louis Drugmand
(3) Le journal clandestin "L’Étincelle" a été créé par les députés Henri Glineur, Désiré Desellier et Valentin Tincler en octobre 1940. Les articles étaient écrits principalement par Henri Glineur jusqu'à son départ en juin 1941.
Bio-bibliographie
Almanach...
Almanach de Souvret 1987
. - Souvret : Centre culturel, 1987
. - Louis Drugmand : p. 24
. - Léona Motquin : p. 24
Drugmand, Louis
Du carré à front
. - Souvret : Section communiste du puits n° 6 Perrier, 1950
. - 2 p. : ill.
Dossier Louis Drugmand
.- Bruxelles : CarCob, [s.d. ]
. - 1 farde
Gotovitch, José
Commune...
Commune de Souvret : Liste des électeurs aux Chambres législatives, Conseils provinciaux et Conseils communaux pour 1974-1976
. - [S.l. : s.n.], 1973
Maerten, Fabrice
Du murmure au grondement : la Résistance politique et idéologique dans la Province de Hainaut pendant la Seconde Guerre mondiale (mai 1940 -septembre 1944)
. - Mons : Hannonia, 1999
. - 3 vol. (1176 p.)
. - Louis Drugmand : pp. 403, 409, 454, 458, 483
Auteur : Luc Heuchon©
Reproduction partielle autorisée sauf documents CarCob et Cegesoma.