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lundi 3 août 2020

Mon Mononke... Olivier Depoplimont... Un vie au service du sport et de la bonne condition physique.

Olivier Depolimont ... une vie consacrée au sport et à la bonne condition physique...

Mon mononke Olivier est né à Courcelles le 15 janvier 1919. Son papa prénommé Louis était maçon et sa maman, née Joséphine Grainal, était ménagère.

La silhouette émaciée d’Olivier était extrêmement familière aux courcellois.


Olivier Depoplimont -  années 90 - Archives Luc Heuchon
Manœuvre puis conducteur de train à la S.N.C.B., Olivier n’officiera qu’en usine. En effet, il voulait des horaires réguliers afin de pouvoir s’entraîner et s’occuper de jeunes sportifs.

Certains cheminots qui ont bien connu tonton Olivier m'ont rapporté que ce dernier était moyennement apprécié par ses chefs et même par ses collègues. 

En effet, le machiniste Depoplimont était très à cheval sur le Règlement. Au point de refuser d'obéir à un chef de gare si ce dernier ne portait pas son képi.

Son épouse Germaine, née Heuchon et lui n’eurent pas d’enfant. Très amoureuse, Nan'Maine put ainsi lui consacrer tout son temps et le suivre lors des compétitions. D’ailleurs, cet amour ne se démentit jamais. Même à la fin de sa vie, elle regardait son Olivier avec les mêmes yeux qu’au début de leur idylle.

Pour arrondir ses fins de mois, Olivier démarche pour les Éditions Larousse et des Deux coqs d'or ainsi que pour les Éditions Assimil. Voilà pourquoi le premier livre que j'ai reçu en cadeau était 


Olivier est extrêmement doué en langues. Il parle et écrit couramment le russe, le tchèque, le roumain, etc... Il va régulièrement courir dans les pays de l’Est et à de nombreux correspondants.

Athée, Olivier a pour modèles Marx, Ghandi et Jésus. Ceux-ci lui seraient apparus en rêve. 

Il est également collectionneur de timbres postes et vu ses nombreux correspondants de par le monde...

Membre du P.C.B., Olivier tient une chronique sportive dans "Le Drapeau rouge", quotidien du parti. Mais, cela ne dure pas. En effet, le rédacteur en chef du journal trouve qu'Olivier donne trop d'importance à l'athlétisme par rapport à d'autres sports plus aptes à captiver les lecteurs du quotidien.

Ceci dit, mon mononke écrit également des comptes-rendus des compétitions d'athlétisme auxquelles participe son club  dans le journal publicitaire "La Petite Lanterne". Il les signe "Le Sportman".

Début des années 70, Olivier s’engage en politique dans les rangs du Parti communiste courcellois. Il siège au Conseil communal au côté de Roger Romain pendant une mandature.
 
Olivier est un homme de dossier dont les principales préoccupations politiques sont l’accès du plus grand nombre aux activités sportives et à la Culture ainsi que l’avenir de la jeunesse dans notre société.

Un de ses adversaires politiques les plus acharnés n’est autre que le socialiste Ernest Glinne. Leurs principaux points d’achoppement : l'implantation  d'un centre culturel et sportif sur le site de l’ancienne ferme de « La Posterie » ainsi que la future piscine communale à la cité Guéméné-Penfao. 

Pour « La Posterie », le problème essentiel porte sur la piste d’athlétisme et surtout sur sa forme. En matière de piste d’athlétisme, le Député-Bourgmestre Ernest Glinne est nul et il veut donner à la future piste d’athlétisme une forme non requise au grand dam d’Olivier. Le centre sportif ne verra d'ailleurs jamais le jour. 

Quant à la piscine, la problématique repose essentiellement sur la dimension des portes extérieures. En effet, les issues d’entrée et de sortie prévues par l’architecte Brasseur ne répondent pas aux normes de sécurité et présentent un danger en cas d’évacuation.

Fin 1976, Olivier quitte le P.C.B. et rejoint la première formation d'un parti écologique au Pays de Charleroi appelée "Blanche-Neige et les Sept nains".

Certains de ses anciens compagnons de route le traitent de renégat. Roger Romain écrit à ce sujet : "Nous lui avions confié aussi la mise en place d’une section de jeunes pionniers. Ce qui fut réalisé avec succès… [lors d’]une soirée inoubliable avec l’ensemble de danses folkloriques des pionniers polonais « Gawenda », en présence de 200-250 personnes. Malheureusement, les résultats furent un peu gâchés par Olivier lui même qui, à l’issue du spectacle, déclara à un journaliste,..., qu’il quittait le P.C."

Principal grief : « les Communistes s‘étaient embourgeoisés, car ils roulaient en voiture, … »

Notons qu’Olivier quittera très vite le parti "Blanche-Neige et ..." En effet, lors des réunions, on boit force bières « catholiques » et la tabagie est de rigueur. Deux éléments qui ne font pas partie des idéaux de mon oncle. 

Cependant, il ne quitte pas la politique et participe à la création du mouvement "Écolo".
 
C'est ainsi que lors des élections législatives  du 8 novembre 1981, il conduit la liste carolo "Écolo-J" pour la Chambre avec André Gaudihaubois. Le parti ne récoltera que 0,67% des voix.
 
Venons-en maintenant au sportif. 

Olivier commence à pratiquer l'athlétisme à l'âge de 10 ans. Avant cela, il a fait partie d'un club de gymnastique courcellois et s'était même essayé à la boxe.

Les premières traces  de notre coureur à pied, je les ai retrouvées dans d'anciens numéros du journal publicitaire "La Petite Lanterne".  Elles sont liées à l'existence de l'"Union sportive courcelloise (U.S.C.) – Section Athlétisme".

Le club existait déjà en 1948 car, c’est à cette époque que fut créé le Grand Prix Léon Trigaut. Local : Café « Albert 1er », place Roosevelt à Courcelles.

Épreuves spécifiques au club :

Grand prix de Courcelles et des Cheminots. Prix Léon Trigaut : cross-country (créé en 1948?) Prix Trigaut – Deltenre : cross-country ( créé en 1953 ). Grand prix de Rianwelz : cross-country ( créé en 1954 ). Grande après-midi sportive : diverses disciplines ( créée en 1956 ). Challenge André Cabal : Triathlon inter écoles : poids ( 4 kg ) ; javelot ( 600 gr, ) ; hauteur (créé en 1958 ).


En février 1949, le cadet Willy Torfs devient champion du Hainaut. En mars ou avril, Gaston Reiff participe à une compétition à Courcelles. Lors du Grand Prix Léon Trigaut, Olivier Depoplimont termine second.

Le 31 décembre 1950, le champion de France Klein remporte le Grand prix de Courcelles sous le regard de 200 spectateurs. Olivier termine 7eme. 


Photos "Le Soir illustré", 03/01/1951 - Collection Luc Heuchon





Classement à l'issue de la course :


A l’issue du IIème Prix Léon Trigaut, Torfs termine 1er scolaire et Olivier Depoplimont deuxième senior. 

Dans le courant du mois de janvier 1951, l’équipe de Courcelles composée de Jackie Vincent, Willy Torfs et Debruyn remporte la coupe inter club lors d’un cross country à La Louvière. 

Le 18 février 1951, le Championnat du Hainaut se déroule à Courcelles. La cheville ouvrière de cette manifestation sportive est Olivier Depoplimont. Il est aidé dans sa tâche par les sieurs Falony, Vincent, Bayet et Hulin. 300 athlètes participeront à l’épreuve. Le départ et l’arrivée eurent lieu au Café de la Paix en face de l’hôtel communal. 

Le 12 janvier 1952, l’équipe courcelloise se rend à Mézidon en Normandie pour participer à un grand cross international. La chance n’est pas avec nos athlètes. Arrivé à la 46ème position sur 250 partants, Olivier termine 1er cheminot étranger. Mononke Olivier recevra quand même une médaille de consolation : celle du premier cheminot étranger offerte par l’amicale des Cheminots de l’Est français. 

Lors du Grand Prix de Wallonie en février 1952, l’équipe d’athlétisme courcelloise se distingue avec une belle 3ème place de Willy Torfs. Quant à Olivier Depoplimont, il remporte les 10 kilomètres. Charles Henry se classe 4ème sur quarante participants. 

En mars, les juniors de l'U.S.C. Courcelles gagnent la Coupe Inter Club à Valenciennes. Au mois d’avril, Olivier Depoplimont devance ses 58 adversaires au IIème Grand Prix de Gosselies sur la distance de 7 kilomètres en 24’04’’. L’U.S.C. termine la journée en remportant les 7 coupes Inter Club. 

Le dimanche 19 octobre 1952, les Grands Prix Léon Trigaut débute la saison courcelloise de cross 1952-1953. La compétition a lieu à Courcelles-Forrière et le comité organisateur est composé des frères Huart, d’Albert Deltenre et notre Olivier Depoplimont. Ce sont les fermiers Schats et Vanderplaetse qui mirent gracieusement leurs prairies à la disposition de l’U.S.C. 

Le dimanche 25 mars 1956 eut lieu le 3ème Grand Prix de Rianwelz. 

Pendant la saison sportive de 1958, le club courcellois d'athlétisme procéde à l’aménagement d'une plaine de sports et de jeux. L’U.S.C., n’ayant pas les moyens financiers nécessaires pour mener le projet à bon port, fit appel à la générosité de la population courcelloise. Le club mit en vente des cartes représentant une ou plusieurs briques. Une brique valait un franc de l’époque. 

C’est aidé de nombreux enfants et d'adultes bénévoles du quartier qu’Olivier Depoplimont aménagea le plateau situé près de la cure de l’église Notre Dame du Rosaire. Ce terrain avait été mis gracieusement à la disposition de l'U.S.C. par la verrerie locale. 

L’inauguration officielle du stade eut lieu le dimanche 24 août 1958. Cheville ouvrière du club, Olivier Depoplimont ne participa pas aux épreuves. Malheureusement, l’existence de la plaine de sports était menacée de disparition.

En effet, suite à la décision politique d’améliorer la voirie courcelloise, des tonnes de pierrailles furent déversées et stockées sur le site ainsi que sur la Place du Rosaire. Je ne me rappelle plus de la date exacte mais, en 1964-65, c’était fait.

C’est également en 1958 que le club d’athlétisme de Courcelles passa de la Division régionale à la Division nationale, série IV. En vue de la préparation au 33ème Cross du Soir devant se dérouler à Courcelles, deux séances d’entraînements spécifiques eurent lieu les 19 et 26 octobre 1958.

Mais, la cerise sur le gâteau pour le club d’athlétisme de Courcelles sera l’organisation le dimanche 6 décembre 1959 du Championnat d’Europe de Cross country des Cheminots.

Plus de 120 participants représentant 17 pays européens dont la Russie, la Grande-Bretagne, la Hongrie, l’Allemagne, la France… prennent le départ de la course.

Le grand favori de la course est le russe Popov.  Ce dernier avait décroché le titre de champion européen à Stockholm des 42 km 200 à la moyenne horaire de 18 km/h.

Mais, c'est un autre russe du nom de Dobrodeenka qui remporte la course devant le belge Van der Hoeven. Quant à Popov, il termina à la 14ème place.

Le 22 mars 1964, Olivier organise une épreuve de cross-country à Rianwelz à laquelle, si ma mémoire est bonne participa le grand Gaston Roelants. Cette année-là, Roelants gagna la Médaille d’Or aux 3 000m steeple aux Jeux Olympiques de Tokio. 

Après avoir perdu son stade de la Glacerie, Olivier continue néanmoins à entraîner les membres de son club. Les entraînements ont lieu à la Cité Guéméné-Penfao. 

Le dimanche 30 novembre 1969, un cross promenade est d’ailleurs organisé à l’occasion de l’inauguration officieuse de la « nouvelle plaine » Guéméné. Piètre plaine au demeurant car, il n’y avait pas d’infrastructures sportives Notre local était toujours le café Albert 1er sur la place du Trieu. 

Je me souviens qu'à cette époque, les membres du club distribuaient le journal local La Petite Lanterne pour alimenter les caisses du club. Je me souviens également que, parfois, nous nous changions au café "Chez Grislain"[sic] sur la place Saint-Lambert au Petit-Courcelles. 

En 1970, le club part s’entraîner au stade de Trazegnies, commune proche de Courcelles. Là, le club d’athlétisme bénéficiait d’une piste en cendrée rouge et autres installations propices à la pratique des différents disciplines de l'athlétisme. Le club courcellois changea de nom et devint le Club d’Athlétisme de Trazegnies. 

Pour s’y rendre sans perte de temps et concilier entraînement et boulot, Olivier achète un vélomoteur. C'est le seul véhicule à moteur qu'il a jamais possédé. Et encore, pas bien longtemps.

Cependant, les entraînements du dimanche plus basés sur le cross  se donnaient toujours à Courcelles au départ de la Place du Trieu.

Fin des années 70-début des années 80, le club d’athlétisme quitte les installations de Trazegnies pour se fixer à Roux. Mais, l'activité essentielle sera la gymnasique.

En 1977, Olivier décide de changer de mode de vie. Sa carrière au chemin de fer terminée, il se lance à corps perdu dans le végétarisme. Mais, cela ne lui suffisait pas ! Il passa au végétalisme et fit preuve d'un certain sectarisme à ce point de vue. 

Il aimait d’ailleurs embêter son épouse qui ne le suivit pas dans cette voie en lui disant quand il la voyait manger de la viande : Germaine, tu creuses ta tombe avec tes dents.

C'est à l’âge de la retraite dira Olivier que j'ai commencé réellement à vivre. C'est à partir de ce moment que la silhouette émaciée d’Olivier devient extrêmement familière aux courcellois. 

Lors de son cross quotidien, il était fréquent que  d'autres joggeurs se joignent à lui. Pour illustrer la chose, voici une petite anecdote : 
Olivier à Moraira années 80 - Document Luc Heuchon

en vacances en Espagne à Moreira, Olivier faisait son jogging quotidien sur la plage. Le premier jour, un coureur s'est joint à lui. A la fin de son séjour, ils étaient une trentaine à accompagner celui qu'ils appelaient Olivero.
 
Olivier aimait aussi affirmer qu’il était rachitique quand il était petit. Nan'Maine faisait de grands signes de dénégation derrière son dos. Il prétendait également que le fait de prendre des antibiotiques le ramenait au stade animal et le faisait ressembler à un porc. 

Par la suite, il décide de se  servir uniquement d’eau de source pour la préparation de ses aliments cf salades d’ortie,… et pour se désaltérer. Il va puiser son eau à la source de Wartonlieu. Pour la petite histoire, Olivier ne possédant pas d’automobile, il s’aidait d’une brouette pour le transport de sa boisson favorite.

Par tous les temps, il court seulement vêtu d’un short et  pieds nus, un bandeau dans les cheveux. Suite à un accident, il eut la plante des pieds arrachée. Conséquence, il dut prendre des antibiotiques et remettre des baskets aux pieds. 

Tout en courant, il arrache des plantes au bord des chemins et les mange sans les laver. Il disait que son corps fabriquait des anticorps pour combattre d’éventuels effets secondaires indésirables. 

Il affirmait également que les rayons du soleil le ressourçaient. Malgré cela, il fut forcé à deux ou trois occasions de prendre des antibiotiques pour soigner diverses affections.

Olivier croit aussi aux forces telluriques que dégagent les pierres en matière d'énergie positive. Il est également féru d'astrologie et est capable en regardant les lignes de votre main  de vous dresser votre horoscope. Ce qui plaît énormément à la gente féminine.

En 1993, l'Administration communale de Courcelles lui remet le Mérite sportif pour son action en faveur du sport. A cette occasion, Olivier distribua ses médailles aux personnes présentes lors de la cérémonie.

Archives Luc Heuchon
Mais, revenons au compétiteur. Notre charismatique courcellois resta un compétiteur jusqu'à la fin de sa vie et se permit encore de figurer en bonne place lors des différents marathons auxquels il participa dans la catégorie "vétérans".

Pour exemple, épinglons à son palmarès :

10 fois champion de Belgique, 25 fois champion du Hainaut, 27 fois champion de Wallonie
Record du monde de 1/2 marathon (21 km) en 1976 en 1h17 min.
Record de Belgique de marathon catégorie 55-60ans en 2h557 min.
Record de Belgique du 3000 mètres  en 1984 dans la catégorie  65 ans en 11min24 sec 5 cent.

Notons qu'Olivier était un coureur de fond, demi-fond  et marathonien à ses heures.

Il fut très affecté par le décès de sa femme. En effet, il se reposait sur elle pour le côté matériel de l’existence. 

Il ne lui survivra que quelques années. Il décédera lors d’une cure thermale à Spa le 20 janvier 1998. 

Ma famille et moi-même n’en furent informés que bien plus tard. Ce qui explique en partie le manque de documents et photos.

Sources biographiques 

Souvenirs de Luc Heuchon, neveu par alliance,

Union sportive courcelloise - section "Athlétisme"  / Luc Heuchon
. - Document inédit de 2 pages

Archives "Cercle Tayenne", Maison du Peuple de Dampremy

Journal publicitaire « La Petite Lanterne » 1949-1970. 
Site Roger Romain : http://users.skynet.be/roger.romain/

Olivier Depoplimont
in "Congés"
n° 3, 05/1987, pp. 5-6 : ill.

Auteur :Luc Heuchon ©
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