samedi 25 février 2023

C'est un joli Nom CAMARADE. C''est un joli Nom, tu sais... entre cerises et grenades... (Jean Ferrat) - Louis Drugmand

En guise d'introduction,

Une fois encore, je vais vous parler d'un souvrétois d'adoption, Louis Drugmand. Ce dernier, communiste de surcroit, fut Conseiller communal de Souvret après la Seconde Guerre Mondiale. Et, le Destin a voulu qu'il croise la route de plusieurs de nos concitoyens militants communistes dont,  les camarades Léona Motquin, Victor Paindaveine et Samuel Herssens.

Entrons maintenant dans le vif du sujet,

Le camarade Louis Drugmand est né à La Hestre le samedi 13 février 1910. 

Issu d'un milieu modeste (sa mère est ménagère et son père mineur), Louis  fréquente l'école primaire jusqu'aux environs de l'âge de 11 ans et demi. 

Âge auquel, il part en France avec ses parents qui sont en quête d'un emploi. 

C'est également l'âge auquel, le jeune Louis entre comme manœuvre à "La Compagnie Internationale des Wagons-Lits" (CIWL).

L'"aventure" française de la famille Drugmand ne dure qu'un an et les Drugmand rentrent en Belgique et s'installent à Marchienne-au Pont, quartier de La Docherie. Louis trouve un emploi de manœuvre aux Verreries Bennert et Bivort à Jumet.

Mais, les jours du verre soufflé sont comptés. En effet, les verreries se mécanisent et le jeune Louis perd son emploi et se retrouve au chômage à l'âge de 18 ans. En 1928, il descend dans la fosse vraisemblablement au Charbonnage de Sacré Madame à Dampremy.

Auparavant, Louis a travaillé 6 mois comme manœuvre. A la mine, il travaille comme ouvrier à veine avec son père et ce, jusqu'à son départ à l'armée.

Là, des compagnons de  travail lui parlent de Marx, Engels et de Lénine. Ils lui parlent de la Révolution russe, lui font lire la presse communiste afin de le pousser à l'engagement politique.

Son adhésion au P.C. sera chose faite en 1929-1930. En 1934, Louis écrit dans une note biographique adressée au P.C. qu'il s'est inscrit en 1930 à la Section de la Centrale révolutionnaire des Mineurs des Chevaliers du Travail et au Parti communiste après les grèves de juillet 1932 (1). 

Vient l'heure de servir la Patrie. Louis effectue ses deux années  de service militaire obligatoire dans l'infanterie en 1930-1931. Démobilisé, il milite à fond pour la cause communiste et la défense des travailleurs. A l'occasion de la grève de juillet 1932, Louis  organise un piquet de grève et un comité de puits au charbonnage qui l'emploie.

A cette époque, Louis devient le responsable de la fraction P.C. du syndicat et est désigné par le Parti, responsable pour la Jeunesse et membre du comité de rayon de Jumet-Marchienne. A noter qu'à l'époque, il habite Marchienne-Docherie.

En février 1932, il épouse Marie Léonie Papleux dont, il se séparera rapidement sans pour cela divorcer. 

En 1933, notre Louis Drugmand est convoqué pour effectuer un rappel à l'armée. Mauvaise idée pour la Grande Muette" !!! En effet, Louis ne trouve rien de mieux que de poursuivre son combat idéologique notamment  concernant l'anti-militarisme : il crée dans son régiment au sein de l'armée belge un  comité de soldats. Cela s'étendra jusqu'au bataillon. Dans son régiment, le Comité se compose d'environs 50 camarades. 

In fine, la même action sera portée par d'autres membre des Jeunes  Communistes et du P.C. Cela permit  la création d'un  comité inter-régimentaire dont le camarade Drugmand fera partie. Cette initiative est moyennement appréciée" par l'autorité militaire.

Un jour, toute la compagnie  (dont fait partie notre activiste) refuse de "bouffer" la soupe (2). Il s'en suit une perquisition dans les chambrées par le commandant. Celui-ci trouve dans la valise du milicien Drugmand un exemplaire du journal "Le Peuple" et une invitation au "Congrès du Rassemblement de Jeunesse démocratique [sic] pour la Paix à Paris" pour lequel, le camarade Louis Drugmand a été désigné comme délégué moral chargé de suivre les débats dans la Presse pour faire rapport aux différents comités de régiment.

En conséquence, le Commandant lui "colle" 4 jours de prison militaire. Mais, notre milicien anti-militariste est libéré après 3 jours de geôle sur ordre du Colonel. En effet, ce dernier estime que "les objets saisis ne constituant aucune preuve, mais avec rappel que le journal "Le Peuple" était interdit à l'armée". Plus tard, Louis écrira à ce sujet : "Ces faits me valurent cette inscription dans mon livret militaire. MANIERE DE SERVIR : mauvaise au cours de son rappel."

Si, le milicien anti-militariste  Louis Drugmand  a reçu une mauvaise note pour services rendus à la Nation, cela  lui vaut la reconnaissance du Parti qui lui confie "le travail anti-militariste de la région". Par la suite, le Parti donne à Louis le poste de trésorier du rayon Marchienne-Jumet le faisant ainsi membre de la "Commission financière fédérale". Postes qu'il occupera jusqu'à son départ en U.R.S.S.

Début des années 30, l'ensemble de la planète subit les effets économiques de la grande dépression économique des années 30. En aout 1933, Louis perd son emploi et rejoint la cohue des chômeurs. C'est ainsi que le camarade Drugmand prend alors la direction de la fraction communiste du comité constitué de chômeurs de sa localité.

En avril 1934, l'anti-militariste Louis Drugmand, poursuivant son bonhomme de chemin au sein du P.C. et  s'affilie aux Jeunesses communistes (J.C.) de la section de Jumet.

Remarqué par les instances du Parti malgré son manque de formation mais, promis à un avenir prometteur, le camarade Drugmand est envoyé à Moscou suivre les cours de l’École internationale Lénine. C'est ainsi que notre jeune militant communiste arrive à Moscou le 9 juin 1934 où, il séjourne sous le nom d'Albert Bataille jusqu'en mai 1935.

École internationale Lénine à Moscou -

A son retour, cette "escapade" moscovite lui vaut d'être condamné par le Conseil de Guerre à trois de mois de prison pour avoir quitter la Belgique sans autorisation préalable. Et, le Parti lui  confie plus de responsabilités au sein de la  Jeunesse communiste en vue de l'unification avec les Jeunes Gardes socialistes et d'autres responsabilités au niveau régional.

Le 17 juillet 1936 débute la guerre civile en Espagne quand la droite conservatrice et fasciste veut éjecter du pouvoir le gouvernement de gauche au pouvoir.

Dès leur création  (septembre et octobre 1936), Louis Drugmand se porte volontaire et intègre les Brigades internationales. Il  part combattre en Espagne les troupes franquistes avec le premier contingent carolorégien.

Là, il est  embrigadé à la 1ère Brigade internationale et prend part à tous les combats du  Siège de Madrid qui a débuté en novembre 1936. Louis fait partie des 30 000 combattants républicains présents  lors des âpres combats du parc de Casa del Campo pour la défense de Madrid. Ensuite, il participe à la Bataille du Jarama (6 au 27/02/1937) et à la Bataille du Guadalajara  (8 au 13/02/1937). Louis Drugmand fut blessé à deux reprises lors des combats.

Dans sa notice biographique rédigée le 30 octobre 1943 sous  son nom de code de Willy, il précise qu'il a été rejoint en Espagne par deux ex-Jeunes communistes et 4 ex-J.G.S. de sa section locale de Jumet. Louis indique également que, pendant sa participation à la Guerre civile espagnole, il a occupé les grades suivants : délégué politique de section, Commissaire politique de [...], Secrétaire et commissaire politique adjoint du Bataillon.

En octobre 1937, il rentre en Belgique et est condamné à 6 jours de prison militaire comme déserteur récidiviste. Un comité d'anciens combattants d'Espagne républicaine s'étant constitué, il y adhère. Ce comité a pour but de continuer une campagne d'aide au peuple républicain espagnol en lutte.

Ensuite, Louis reprend ses fonctions au sein de la Jeunesse communiste désormais fusionnée avec les Jeunes Gardes socialistes sous l'appellation " Jeune Garde socialiste unifiée" (J.G.S.U.). Union qui sera sabotée en grande partie par le P.O.B. et dont, Louis sera exclu après moult manigances de ses adversaires idéologiques. 

Pour exemple ; à l'occasion du Congrès régional des Jeunes Gardes Socialistes, l'adhésion des Jeunesses syndicales aux J.G.S.U. est à l'ordre du jour.  Louis Drugmand, intervenant sur la question de la Presse, fait remarquer qu'il existe un malaise quant à ce sujet. En effet, un rapport moral envoyé aux sections indique que la vente du périodique des J.G.S. "Jeunesse nouvelle" se chiffre à 800 exemplaires et que sa section locale à elle seule en vend 400 numéros soit 50% des ventes contre 50 % pour le reste de la Fédération.

Libouton,  membre des Jeunesses syndicales et du P.O.B., répond que : "Tant que la politique du P.C. serait développée dans les colonnes de "Jeunesse nouvelle" quant à moi, je n'en vendrait pas un seul." 

Le ton est donné. Malgré la lutte acharnée qu'il mène pour l’unification des J.G.S. et des Jeunes communistes, Louis est, à chaque réunion avec le Comité central local du P.O.B., la  cible d'attaques sous prétexte de menée communiste. Il écrira au sujet de ses détracteurs : "Il n'est pas étonnant de voir comment l'offensive contre l'unité des jeunes fut menée d'une main de maître par  les dirigeants réactionnaires du P.O.B. avec l'appui des représentants des Jeunesses syndicales, les LIBOUTON, HERCOT et autres comparses politiques GODEFROID, PAINDAVEINE."

Au grand étonnement de Louis, la question de son exclusion des instances des J.G.S. a été  proposée par un ancien membre des Jeunesses communistes et ancien membre des Brigades internationales, le dénommé Alphonse Lhomme.

Faisant fi des remarques émises par Louis concernant son exclusion et après vote, celui-ci sera viré par une voix de majorité. Résultat des votes : 3 voix pour et 2 voix contre.

Ensuite, il est exclu de la Fédération bruxelloise des J.G.S. et de la Section nationale des G.S.U. d'Espagne de l’Internationale des  J.S.

Qu'à cela ne tienne... Exclu des J.G.S.S., Louis crée dans sa commune un "Club de la Jeunesse" appliquant ainsi la position prise par les exclus des J.G.S.U. lors des Congrès des Fédérations bruxelloises et liégeoise

Après la signature du pacte de non-agression germano-soviétique, le camarade Cornez, secrétaire local du P.C., membre du Comité fédéral du parti et secrétaire permanent du "Syndicat des Chevaliers du Travail", dénonce ce pacte et mène une campagne anti-soviétique et anti-communiste. C'est pourquoi, Louis prend l'initiative de publier un manifeste dénonçant "les agissements criminels de ce triste individu".

De sa propre autorité, le "triste individu" l'exclura du syndicat ainsi que d'autres militants communistes. Mais, c'est Louis qui le remplacera comme secrétaire de sa section du P.C. 

Ensuite, il est encore rappelé sous les drapeaux et puis, démobilisé quelques mois car, mineur de fond.

En 1940 , les mineurs  arrêtent le travail contre la prolongation de la journée des 8 heures dans les mines. Dans le charbonnage employant Louis, la grève a été préparée par le journal local du P.C. "A l'abattage", véritable bulletin de grève. D'après le camarade Drugmand, la grève a été sabotée par les responsables syndicaux socialises qui ont décidé la reprise du travail.

En représailles lors de la reprise du travail,  Louis est licencié et doit prester un préavis de 8 jours. Après ce délai, Louis se rend au charbonnage où, le portier lui rappelle  qu'il ne fait plus partie du personnel. Il entre quand même et entend un délégué socialiste dire qu'il a été licencié pour cause de propagande communiste.

Louis prend la parole en signalant le rôle de briseur de grève joué par ce syndicaliste. Le directeur ayant envoyé les gardes de la mine pour mettre Louis la porte. Ce qui provoque une réaction des ouvriers qui décident de ne pas travailler et d'envoyer une délégation auprès du directeur pour qu'il reprenne leur camarade. Le directeur leur promet de réfléchir à la chose et dit à Louis de revenir le lendemain.

Le lendemain quand Louis se présente, il essuie le même refus et la présence des gendarmes a été requise. Les fôstis descendrons avec une heure de retard. 

Ensuite, c'est la Police judiciaire de Charleroi qui intervient en le faisant appeler chez le lieutenant de gendarmerie de Marchienne pour signer un cahier où, Louis demandait pour rejoindre son régiment. Devant son refus de signer, il est alors frapper à coups de poings et de ceinturon puis, relâché. Deux jours plus tard, il reçoit un ordre de rejoindre un régiment autre que le sien. Il ne répond pas à cette nouvelle provocation.

Le 7 février 1940, un coup de grisou éclate au Puits Parent  des Charbonnages de Monceau-Fontaine à Marchienne-au-Pont. Louis se rend sur les lieux et interpellé par deux gendarmes et l'un d'eux dénommé Lefort lui donne l'ordre formel de rejoindre son régiment. 

Louis lui répond poliment qu'il ne les connaît pas et il repart en paix. Quinze jours plus tard, il est arrêté et conduit à la prison de Charleroi.

Transféré à Liège, il passe devant  l'auditeur militaire qui lui confirme son arrestation en attendant la décision du Conseil de Guerre.

Lors de son jugement, il est défendu par Maître Bastien qui est membre du P.C.  Louis est appelé à trois reprises pour entendre prononcer son jugement car, chaque fois remis à huitaine. Finalement, il est condamné à trois ans de prison et suivant l'avis du Parti, Louis va en appel. Suite à ce procès, il reçoit une lettre de félicitation du camarade Relecom pour sa conduite.

Après sa condamnation et son pourvoit en Appel, il est retransféré à la prison de Bruxelles en attendant le nouveau jugement.

Cela fait trois mois que Louis est incarcéré quand, la guerre éclate. Il est alors libéré pour rejoindre son régiment par ses propres moyens.

Dès sa sortie de prison, il se rend chez  le camarade Bastien, son défenseur. Celui-ci le félicite de cette sortie.

Louis ne rejoindra pas son régiment, les services de milice et les transports de voyageurs étant désorganisés.  Il rentre donc à La Docherie.

Dès son retour, Louis entre à nouveau en résistance et s’attèle à réorganiser le Parti communiste au niveau fédéral en attendant le retour d'exode de ses coreligionnaires de la Direction générale. Pour ce faire,  il collabore avec le châtelettain Désiré Desellier, député communiste et ancien ouvrier mineur.

Dans la foulée, Louis crée les journaux clandestins suivant : "Le Métallo" et "Le Mineur".

Le "Métallo"  voit le jour dès l'automne 1940. Au début, il est distribué à l'Usine de la Providence à Marchienne-au-Pont avant de s'adresser à l'ensemble des métallos carolorégiens. En octobre 1941, le "Métallo" porte en sous-titre : Organe syndical des métallurgistes de Charleroi. A partir de ce moment, il semble que Louis Drugmand soit remplacé par un certain Fernand Thonon comme responsable du journal.

Quant au journal clandestin "Le Mineur", il doit avoir vu le jour à peu près en même temps que  "Le Métallo". Il serait le précurseur de l'organe des C.L.S.  et  sa distribution débute au Charbonnage du Martinet à Monceau-sur Sambre."Le Métallo" et "Le Mineur"  cesseront de paraître en 1944.

A partir de décembre 1941, Louis Drugmand participe à la diffusion du journal clandestin carolo "Le Pays wallon" dont le responsable éditorial n'est autre que le trazegnien Victor Paindaveine.

En 1942, la direction du Parti  nomme Louis Drugmand responsable de la presse régionale. Il est, entre autres, chargé de superviser la réalisation du journal clandestin carolo  "L’Étincelle"().

Louis s'occupe de la mise en page, transport du lieu de composition au lieu d'impression et correction des épreuves.

Mais, cela ne dura qu'un temps.  En effet, un jour allant déposer la composition du journal chez l'imprimeur Boon à Trazegnies (), il ne trouve personne dans les locaux.

Alors, Louis Drugmand décide de  laisser la composition du journal sans surveillance dans le corridor d'entrée et s'en va.

Conséquence de son acte, Louis est viré immédiatement du P.C. pour imprudence grave.

Dès lors, Louis se réfugie dans le Centre.Mais sa disgrâce est  de courte durée. En mars 1943, le Parti le rappelle pour qu'il aille à Bruxelles travailler à  l'Imprimerie centrale.

A cette fin, Louis est invité à reprendre contact avec le camarade F. Coenen. Les deux hommes collaborent et s'occupent d'établir des contacts afin de trouver des locaux pour y installer l'imprimerie du Parti. A cette époque, Louis prend le nom de Chapeau comme fausse identité.

Le 12 mars 1944, Louis est arrêté  lors de la rafle des 4500. Il est considéré comme travailleur réfractaire car, il ne possède pas de carte de travail.  Il est donc conduit à la prison de Louvain et emprisonné sous le nom de Jean Dupuis.

Trois jours plus tard, Louis est embarqué dans un train qui le conduit à Berlin dans un camp de prisonniers italiens. Au mois d'avril, il est considéré comme travailleur libre et envoyé travailler dans les bois comme aide-bûcheron. 

Par après, il travaille pour des particuliers comme menuisier-charpentier. C'est ainsi qu'il entre en contact avec des cheminots hollandais (travailleurs volontaires) qui, moyennant la somme de 250 marks allemands, lui indiquent comment se forment les convois ferroviaires de la ligne Amsterdam-Berlin.

A la fin du mois d'août 44 nanti de ces informations, Louis Drugmand quitte comme d'habitude son camp de détention mais, prend la direction d'une gare de formation sise à trente kilomètres de Berlin. Il est accompagné de son ami bruxellois Jean Tange, ancien J.G.S. Ce soir-là, ils s'installent sous un wagon de voyageurs.

Le lendemain à midi, le train quitte la gare de Postdam à destination d'Amsterdam. Nos deux évadés arrivent à Amsterdam le même jour à 9h30 du soir. Par mesure de sécurité, c'est seulement le lendemain vers 4h30 du matin qu'ils quittent leur cachette et gagnent le centre ville. Après quelques difficultés, ils trouvent le moyen de se débarbouiller.

Ensuite, il leur est indispensable de se procurer de l'argent hollandais pour poursuivre leur voyage par chemin de fer. Ce sera chose faite grâce à la vente du tabac dont, ils s'étaient munis pour financer leur fuite. Arrivés à Breda, ils empruntent le bus pour rejoindre la frontière belge. Frontière qu'ils franchisent aisément  grâce à la complicité de paysans hollandais et belges.

La frontière franchie, ils se dirigent en tram à vapeur vers la ville de Breda et terminent leur voyage par train  à Anvers.

Peu de temps après son retour au pays, Louis devient responsable régional des "Comités de Lutte syndicales" (C.L.S.) créés par le P.C.B. pendant la guerre. Le C.L.S. est devenu la troisième force syndicale de Belgique.

En octobre 44, il passe secrétaire de l'"Intersyndicale C.L.S. de Charleroi et de la Basse Sambre" et siège comme membre au Comité national. 

Le dimanche 26 novembre 44, Louis participe à la manifestation de protestation de la Résistance qui a lieu à Bruxelles à l'appel du P.C.B. et du "Front de l'Indépendance"(F.I.).

A la fin de la guerre, Louis Drugmand et sa compagne Élisa De Decker viennent s'établir au numéro 110 de  la rue de la Baille à Souvret. Louis a repris son métier de mineur de fond et travaille à la fosse du 6 Perrier ( Charbonnages de Monceau-Fontaine).

Charbonnage du 6 Perrier (Ed. G. Douge à Souvret) - Collection Luc Heuchon
Communiste et délégué syndical convaincu, Louis continue de militer pour le Parti communiste et à défendre ses camarades houilleurs. C'est pourquoi, il se présente en même temps que Léona Motquin aux élections communales de 1947. Tous deux sont élus et siègent au Conseil communal de Souvret. 

 Louis se présentera également aux élections communales de 1952,1964. Il participera également à 5 élections provinciales entre 1951 et 1971. Mais, il ne sera jamais plus réélu.

En 1948, Louis Drugmand prend sa retraite et est reconnu comme invalide.  Par après, notre retraité s'occupera de la section régionale de la "Confédération générale indépendante des Pensionnés de Belgique".

Mais décidément, Louis est un "homme de presse" car, il ne peut s'empêcher de créer un petit journal syndical de deux pages intitulé "Du carré à front" édité par la Section communiste du 6 Perrier dont, il est le secrétaire et le principal animateur.

"Du carré à front", 1950, n°3 - © Document CarCob (Bruxelles)
Notons des textes datant de 1950 et accompagnant le dessin du haut à gauche et celui du bas à droite (voir ci-dessus) : 

1."- Atteinte à la pudeur ?

- Non, mais j'essaie de m'habituer au sort que me réserve le Gouvernement s'il s'occupe encore de mon pouvoir d'achat !.."

2."BERCEUSE 

Dors, t'auras 5´%

Dors, t'auras 5%

à Noël, ou à Pâque, ou..."

En 1970, Louis et sa compagne déménagent et s'installent au numéro 31 de la rue du Stocquy.

Louis Drugmand se présente pour la dernière fois aux élections communales du 11 octobre 1970. Il conduit la liste n° 2 appelée  "Union Démocratique". Sa compagne fait également partie des candidats.

Tract électoral 1970 - © Document CarCob (Bruxelles)

 En 1973, il épouse sa compagne Élisa De Decker. 

Que peut-on ajouter concernant Louis Drugmand ?  

Primo, son nom est et s'écrit bien DRUGMAND et non DRUGMAN comme, certains auteurs l'écrivent. Secundo, les documents que j'ai pu consulté, ne parlent pas de sa vie privée et ne comportent aucune photo de lui. Et, il me semble avoir lu quelque part que Louis Drugmand et sa seconde épouse auraient eu deux filles. Mais, je n'ai pu en avoir confirmation.

Louis Drugmand eut l'occasion au cours de sa vie d'écrire d'écrire des articles  pour diverses publications essentiellement clandestines. Mais, je n'ai pu d'en établir la bibliographie vu que les supports ont disparus ou dorment dans quelques greniers.

Le combat du camarade Louis Drugmand pour la justice sociale et la fraternité entre les hommes s'arrêta définitivement le jeudi 14 août 1980.

Hasta siempre Camarade Drugmand !!!!

Notes : 

(1) Dans une autre note biographique destinée au P.C.B. et rédigée en 1944, il écrit s'être affilié au Parti en 1929.

(2) dixit Louis Drugmand

(3) Le journal clandestin "L’Étincelle" a été créé par les députés Henri Glineur, Désiré Desellier et Valentin Tincler en octobre 1940. Les articles étaient écrits principalement par Henri Glineur jusqu'à son départ en juin 1941.

Bio-bibliographie

Almanach...

Almanach de Souvret 1987

. - Souvret : Centre culturel, 1987

. - Louis Drugmand : p. 24

. - Léona Motquin : p. 24

Drugmand, Louis

Du carré à front

. - Souvret : Section communiste du puits n° 6 Perrier, 1950

. - 2 p. : ill.

Dossier Louis Drugmand

.- Bruxelles : CarCob, [s.d. ]

. -  1 farde

Gotovitch, José

https;//maitron.fr/spip.php?article87934, notice DRUGMAND Louis. Pseudonyme à Moscou : BATAILLE, Albert ; dans la clandestinité : Willy, par José Gotovitch, version mise en ligne le 9 mai 2010, dernière modification le 24 avril 2016

Interviews de M. Sam Herssens des 05/04/1972 et du 23/03/1972
. - Bruxelles :  Cegesoma, 1972

Commune...

Commune de Souvret : Liste des électeurs aux  Chambres législatives, Conseils provinciaux et Conseils communaux pour 1974-1976

. - [S.l. : s.n.], 1973

Maerten, Fabrice

Du murmure au grondement : la Résistance politique et idéologique dans la Province de Hainaut pendant la Seconde Guerre mondiale (mai 1940 -septembre 1944)

. - Mons : Hannonia,  1999

. - 3 vol. (1176 p.)

. - Louis Drugmand : pp. 403, 409, 454, 458, 483

Auteur : Luc Heuchon© 

Reproduction partielle autorisée sauf documents CarCob et Cegesoma.



dimanche 26 juin 2022

C'est un joli Nom CAMARADE. C''est un joli Nom, tu sais... entre cerises et grenades... (Jean Ferrat) - Sam Herssens, membre du P.C.B. bruxellois, a terminé sa vie à Souvret

Introduction

Pourquoi écrire un article évoquant la mémoire de Samuel Herssens (né et ayant vécu une bonne partie de son existence à Bruxelles)  dans la rubrique "Le Père Historic" qui traite des personnalités de l'Entité de Courcelles passées et actuelles ?

N'en déplaise aux esprits chagrins, il m'a semblé utile d'écrire un article le concernant en prenant compte du fait qu'il est décédé à Souvret où, il a résidé plus de 10 ans. De plus, il était le second époux de la militante communiste souvrétoise Léona Motquin(1).

Outre cela, il faut savoir que Samuel Herssens connaissait Victor Paindaveine(2), premier époux de Léona Motquin, Jules Avaux(3) et Fernand Lefebvre(4), militants communistes originaires de Courcelles. Sam a également côtoyé les frères Georges et Henri Glineur. Surtout Henri dont, il fut un des compagnons de captivité à Buchenwald.

Samuel Herssens dit Sam Herssens

Noms de guerre :

Samuel Legrand (Charleroi)

Fortin (Liège)


Samuel Herssens - ©Doc.CarCob (Bruxelles)

Fils naturel de Césarine Herssens, ouvrière fourreuse, Samuel voit le jour à Bruxelles le dimanche 8 mars 1905.

De sa petite enfance et son enfance, nous ne savons rien. D'après nos recherches, il semble que Sam Herssens n'y est jamais fait allusion.

Samuel est scolarisé jusqu'au  4ème degré de l'enseignement primaire. A l’âge de 13 ans, il perd sa maman. A 13 ans et demi, il entre en apprentissage chez un typographe bruxellois et se qualifie.

Membre du syndicat "Association des Typographes de Bruxelles" et influencé par Georges Van Den Boom (5), Samuel s’inscrit à la Jeunesse Communiste (J.C.) Lors d'une grève des typographes en 1925, il s'inscrit et  et  milite au Parti Communiste (P.C.) à Schaerbeek. Cependant, Samuel refuse la proposition d'entrer à l’École ouvrière supérieure (EOS) du P.O.B.

Par la suite à cause de son activité syndicale et de ses opinions politiques, Samuel change plusieurs fois d'employeurs. Il cesse de pratiquer son métier de typographe en 1928.  

N’adhérant pas aux idées trotskistes, il reste dans la mouvance « Jacquemotte » et intègre le Comité fédéral bruxellois du P.C. en 1928. Il y assume la responsabilité du travail syndical.

Ce qui le conduit à se rendre en U.R.S.S. pour intégrer l’École léniniste de Moscou - Section romane et suivre les cours de formation des cadres du P.C. Samuel réside à Moscou de janvier 1929 à octobre 1932.

Pendant son séjour en U.R.S.S., Sam suit une formation militaire obligatoire d'un mois dans l'Armée rouge. Il travaille également au secrétariat de l'Internationale Communiste (I.C.) où, il s'occupe de la Belgique. Il travaille principalement avec le camarade Manouilski. A l'I.C., il rencontre, entre autres, Maurice Thorez, grand communiste français.

A son retour en Belgique un soir d'octobre 1932 n'ayant pas de famille pour l’accueillir, Sam Herssens loge à l'hôtel. Le lendemain, il rencontre le secrétaire du Parti de l'époque Henri De Boeck. Ce dernier l'informe que dès le lendemain, il devient le seul et unique rédacteur de l'hebdomadaire "Le Drapeau rouge dimanche", hebdomadaire  fondé et dirigé par Joseph Jacquemotte (6).

Sa tâche n'est pas de tout repos surtout qu'il est seul à la manœuvre et qu'il doit suivre le rythme infernal de Jacquemotte qui pouvait faire changer  la une et ou le contenu à la dernière minute.

En 1934, Sam revient à la Fédération Bruxelloise à mi-temps en intégrant le Secrétariat fédéral. Il devient ainsi le secrétaire du Secrétaire du Parti communiste, Joseph Jacquemotte. Sam sert surtout de tampon entre Joseph Jacquemotte et Xavier Relecom, le Secrétaire d'organisation. Ce dernier se charge de former Sam pour la réalisation de ses tâches administratives.

Mais, le soir, Sam fait office de permanent. Apparemment, cela consiste essentiellement, à encadrer les membres du P.C.bruxellois (particulièrement sectaires ) qui se rendent tous les soirs à la Maison du Peuple pour houspiller les socialistes.

En 1938, Sam est chargé par le Comité central de créer la première école permanente de 3 mois du P.C. Il accomplit sa tâche à la grande satisfaction du Parti et des élèves.

Lors de la montée du rexisme, Sam participe avec l'U.S.A.F., les Jeunesses communistes, les Jeunes Gardes socialistes, .... à des petits combats de combats de rue les opposant aux militants rexistes. Mais, Sam se rend compte que cela ne donne pas grand chose et qu'il vaut mieux combattre le rexisme en l'affrontant sur le plan idéologique.

C'est pourquoi, Sam est chargé de négocier avec le P.O.B. afin de mettre sur pied une action d'envergure à l'encontre du mouvement rexiste. Après de nombreux palabres, Sam obtient un accord pour saboter une grande messe rexiste qui doit avoir lieu au Palais des Sports de Bruxelles. 

Ils sont 5 à 6000  manifestants à se diriger vers le lieu de rassemblement rexiste. Le mot d'ordre chez les communistes est non pas de manifester devant le Palais des Sports mais bien, d'y entrer. Le seul hic est qu'il faut être en possession d'un carton d'invitation.

Qu'à cela ne tienne, Sam Herssens y a pourvu en faisant imprimer 5 000 faux cartons d’invitation. C'est ainsi qu'un grand nombre des manifestants communistes et autres purent entrer dans le Palais des Sports avant que le service d'ordre mis  pour filtrer les entrées ne se rendent compte de la supercherie

Une fois 1000 à 1500 manifestants anti-fascistes à l'intérieur, c'est la bagarre,"une bagarre à tout casser".

Le leader des rexistes, Léon Degrelle portera plainte au pénal  contre Samuel Herssens pour faux et usage de faux. Ce dernier est condamné à 10 mois de prison et à une suspension de 20 ans de ses droits civils et politiques. Droits qu'il récupérera après la guerre.

Suite à la signature à Moscou le 23 août 1939 du Pacte germano-soviétique de non-agression, la parution de "La Voix du Peuple" est interdite en Belgique. Les communistes de chez-nous sont traités de vendus et de traîtres. Des défections ont lieu au sein du P.C.

Des communistes sont arrêtés et certains d'entre-eux passent dans une semi clandestinité. C'est le cas Sam qui change régulièrement de logement et collabore à la sortie de plusieurs publications semi-clandestines du Parti. Quant au matériel d'imprimerie, il voyage de planque en planque afin d'éviter qu'il soit saisi par les autorités belges.

La veille de l'invasion de la Belgique par les troupes allemandes, Sam est  arrêté  par la police belge alors qu'il est occupé à relire et à corriger les épreuves du journal clandestin "Le 1er mai" en prenant un verre avec le camarade Anton Béréï(7)dans un café bruxellois, "L'Altitude 100". 

Nous sommes le 9 mai 1940  vers 18h-18h30. Les deux hommes ont été dénoncés soit par le bistrotier ou un client qui voyaient en eux des membres de la fameuse  et ténébreuse  "5ème colonne".

Les deux comparses sont amenés par deux agents et un commissaire de police  au commissariat central de Forest et gardés pour la nuit. Le 10 mai vers 5 heures du matin, c'est de sa cellule que Samuel entend les premiers bombardements de Bruxelles par l'armée allemande.

Le 15 mai 1940, il est sorti de sa  cellule et  envoyé en France (Ariège) au camp de prisonniers de Vernet avec d'autres responsables et militants communistes. Sur la photographie ci-dessous prise à l'occasion de la libération du camp, Samuel Herssens se trouve assis au 2ème rang en partant du bas et à la 4ème place en partant de la droite de la photo.           

Prisonniers libérés du camp de Vernet  ©Doc.CarCob (Bruxelles)

Au cours de sa détention, il participe à l'organisation de la solidarité ainsi qu'à l'éducation et des loisirs des prisonniers. Après deux mois, Sam et ses compagnons d'infortune sont libérés et rapatriés en Belgique. Et, le camarade Herssens reprend sa vie d'avant. 

Enfin, plus ou moins car, il vit dans une semi-clandestinité. En outre, le Parti ne sachant plus le payer, Sam est devenu chômeur. Cependant, il continue à assumer ses fonctions et est devenu un des trois secrétaires généraux que le Parti en ces temps de crise a mis en place.

En juin 1941, Sam entre, comme bien d'autres camarades, dans la clandestinité après que la Gestapo se soit rendue à son domicile pour l'arrêter. Heureusement pour lui, il n'était pas chez-lui.

Après le 22 juillet 1941, il dirige la Fédération communiste de Charleroi sous le pseudonyme de "Samuel Legrand". C'est ainsi qu'il fait la connaissance du couple Victor Paindaveine - Léona Motquin dont l'union bat de l'aile. Le couple divorcera  en 1942.

A Charleroi, sa mission est de réorganiser le P.C.B. carolo et d'organiser les Partisans  avec l'appui de deux roviens : Georges Glineur(8) et Raoul Baligand(9) ainsi qu'un dénommé Desnos. Il participe aussi à la publication du journal  clandestin "L’Étincelle".

Lors de sa présence dans la cité carolo et à son instigation eut lieu le 1er mai 1942 à la Ville haute de Charleroi une grande manifestation patriotique qui connut un beau succès de masse et un certain retentissement au niveau régional. En 1942, il devient membre du Comité central du P.C.B. Il le restera jusqu'en 1954.

Ensuite, le Parti l'envoie à Liège où, Sam prend le pseudonyme de "Fortin". Tout comme à Charleroi, sa mission est de réorganisé le Parti et d'organiser les Partisans. Il participe également à la parution du journal clandestin liégeois "Liberté". Plus tard, il rendra hommage au courage des résistants liégeois tout en soulignant leur insouciance et leur manque de discrétion quant aux actions militaires accomplies.

Sam, ayant permis au responsable de la diffusion de la publication "Liberté" de porter une arme, sera sanctionné par le parti et envoyé en mission à Huy en juillet 1943. Sa présence dans la cité hutoise sera de courte durée. En effet, douze jours après son arrivée, il est appréhendé par la Gestapo ayant été trahi par son courrier.

Ce dernier était un jeune femme  d'une vingtaine d'année (nom de  code "Odette") arrêtée alors qu'elle circulait à vélo et transportait un message de Sam destiné à un autre membre du réseau de résistance. Plus tard à l'évocation de l'incident, Sam dira simplement et sans ressentiment que la coursière était jeune et qu'"un peu de terreur et quelques claques sur la figure ..." avaient eu raison de sa volonté.

C'est pourquoi  à l'heure du rendez-vous prévu entre Sam et sa coursière le vendredi 26 juillet 43 à 19 heures, ce dernier eut le déplaisir de tomber sur quatre hommes armés qui l'attendaient pour l'arrêter. Heureusement, Sam put se débarrasser des documents en sa possession.

Dans un premier temps, il est amené au siège de la Gestapo à Liège où, il est brutalisé. Le lendemain à 7 heures, il est emmené à la prison Saint Léonard (Liège) où, il est introduit dans un bureau. Là, il est invité à prendre place dans un fauteuil pour discuter tranquillement  en dégustant un verre. Verre que Sam refuse. L'ambiance semble plutôt bon enfant. Ses interlocuteurs sont joyeux et parlent beaucoup. Le thème de la conversation est  l'arrestation par la Gestapo de la direction du P.C.B. (Joseph Leemans, Pierre Joye, Xavier Relecom (10) et Jacques Van Den Boom) et que grâce à cela, ils sont maintenant en possession de "tout".

En effet, le quatuor a conclu un  pacte avec l'ennemi en échange de la vie sauve et a livré des informations sur l'organisation du P.C. et sur ses membres. Les quatre renégats avaient également demandé, aux Partisans communistes de déposer les armes en leur assurant qu'il n'y aurait pas de représailles. Arrêté et conduit au fort de Brendonck pour être interrogé, Jacques Grippa (11) apprit la forfaiture et réussit malgré son incarcération à faire connaître cette information parmi les prisonniers communistes emprisonnés à  Brendonck dont Sam Herssens en leur disant de ne pas collaborer avec l'ennemi et que la lutte armée devait se poursuivre. L'info parvint également à l'extérieur des murs.

Il est précisé à Sam qu'aucun dirigeant du P.C. n'a été brutalisé et qu'il lui est simplement demandé de confirmer leurs dires. Et, s'il accepte de collaborer, il sera considéré comme sur le même pied qu'eux. S'il ne le fait pas, il sera fusillé. La réponse de Sam est sans détour : il n'a rien à déclarer. 

Comme, il ne veut pas parler, Sam est battu. Les coups s'arrêtent quand arrive un dénommé Paquet entre dans le bureau est informe les tortionnaires de l'identité de Sam et de son appartenance au P.C.B. et qu'il est allé en U.R.S.S. plusieurs années.  De fait, Paquet connaît Sam car, il a travaillé avec lui à Charleroi. Alors, Sam confirme seulement son identité et l'interrogatoire est terminé. et Sam ramené en cellule. Ce soir-là  à 22 heures, une voiture vient le chercher et il est conduit à la Gestapo de Bruxelles où, il passe la nuit.

Le lendemain à 10 heures, il est interrogé par un dénommé Vits et un deuxième larron. Une femme-interprète assiste à l'interrogatoire. Pour convaincre Sam de parler, on lui montre les cartes d'identité de Relecom, Joye,... Il lui est dit que Relecom est en liberté surveillée et qu'il doit arriver d'un moment à l'autre à la Gestapo car, il collabore à la liquidation de ce qui reste du Parti communiste, etc...

Invité à parler de ce qu'il sait et de ses contacts, Sam répond : "Je n'ai rien à vous dire, vous savez qui je suis, j'assume la responsabilité des actes que mon Parti  a posé contre vous." Alors, commence à pleuvoir les coups, les promesses de liberté surveillée, les menaces d'être fusillé. Après deux heures de ce "petit jeu", ils le menacent de le conduire à Brendonck, ce qu'ils font.

Arrivé à Brendonck, Sam est immédiatement conduit à la chambre de torture où, l'attendent trois hommes : un instructeur et deux SS. Les questions posées à Sam sont plus précises : les rendez-vous, les liaisons,...

Sam raconte : " L'interrogatoire devient mouvementé. A tour de rôle, ils frappent à coup de poing, à coup de nerf de bœuf. Je me rends tout de suite compte qu'ils ne connaissent pratiquement rien de Huy. Ils connaissent une chose précise, c'est que ma liaison supérieure c'est Bonenfant. Voici mon système de défense pour Huy. Je suis secrétaire à Huy (ils le savaient par Odette). Je ne suis à Huy que depuis quelques jours. Je me suis occupé surtout de faire mon installation personnelle. A leur demande et après force coups je donne une adresse fantaisiste de mon logement illégal. Ils ne veulent pas croire que j'ai établi qu'une seule liaison, mais je la maintiens. Je déclare que c'est un certain Charles devait travailler avec moi."

Mais, Sam dit ne pas connaître le nom exact de son contact, que celui-ci l'avait aidé à trouver un logement et qu'ils avaient très peu parlé entre eux. Qu'ils auraient du se rencontrer à nouveau mais, que lui Sam n'avait pas encore fixé de rendez-vous. Cela aurait du se faire par la suite par l'entremise d'Odette mais,...

Et, la ronde des questions reprend : quel est le nombre de partisans hutois, ... Pour le nombre de partisans hutois, il donne un chiffre fantaisiste et gonflé. Quel était son prochain rendez-vous  avec Bonenfant ? Pendant une heure, Sam se laisse battre refusant de donner  son prochain rendez-vous et donne une date fantaisiste fixée trois jours avec le rendez-vous réel. Il indique à ses bourreaux qu'il doit voir Bonenfant devant le Théâtre de Huy le samedi à 10 heures.

Laissons maintenant la parole à Sam Herssens : " Dans l'état où j'étais après les brutalités, ils ont accepté et m'ont conduit en cellule où, je suis resté deux mois. Le lendemain 29 juillet, nouvel interrogatoire par Max, le grand spécialiste comme, il s'est présenté. Torture de toute de  "courtoisie". Je l'ai toujours considérée comme une manœuvre politique pour diviser es militants arrêtés, provoquer ainsi une désagrégation de nos rangs et amener peut-être par la rancune [sic] des aveux spontanés... Je rentre dans le bureau. Max me reçoit souriant et me dit Herssens, je n'ai pas du tout  envie de pratiquer la terreur contre toi je te crois suffisamment intelligent pour comprendre ce que je vais te dire et répondre à mes quelques questions.Il ouvre alors une grande valise remplie de paperasses et me dit tu vois que je suis documenté et je le dois en grande partie à tes chefs qui m'ont aidé dans ce domaine... Puis, il me sort un schéma de l'organisation très bien fait".

Sam se rend compte que ce schéma reflète bien la structure du Parti, les différentes fédérations, ...  Max montre même  à Sam où, il se situe sur le plan. Sam regarde le plan avec intérêt et c'est lui qui pose des questions à Max concernant ce document : ce document est-il bien réel car, dit-il à Max qu'il est peu au courant. Qui l'a aidé à le faire ? Max répond Relecom, Colin et Joye qui avaient compris que sans direction, le Parti était perdu car, il n'y avait plus personne capable de le diriger et qu'il valait mieux que les troupes  rendent les armes plutôt que d'agir en ordre dispersé et sans espoir. Son laïus terminé, Max demande à Sam ce que lui en pense. Sam lui répond :"Je n'en pense encore rien..."

Max lui montre un livret avec avec le nom des dirigeant du Parti et des noms de Partisans armés. Il lui montre le nom de "Pépé", le représentant du Komitern et lui demande s'il le connaît ? Sam répond non. Max lui tiens un discours sur "Pépé" disant qu'il est très malin mais, qu'il se fera prendre car, son courrier, qui a été identifié, est  filé discrètement.

Max montre encore divers documents à Sam et lui donne à lire une déclaration signée par Bastien où, figurent les noms, surnoms et indications précise sur plusieurs Partisans armés. L'interrogatoire se poursuit et Max lui demande de lui livrer Bonenfant. Sam lui répond qu'il lui a déjà dit? Max parut satisfait de sa réponse et le renvoya en cellule.

Sam passera 11 mois à Brendonck dont deux mois en cellule d'isolement s’attendant chaque jour à être réinterrogé. C'est seulement après sept mois qu'il sera à nouveau interrogé. Cet interrogatoire portera essentiellement sur son identité, son instruction et son parcours politique. Sam est ensuite envoyé au camp de concentration de Buchenwald.

A Buchenwald , il est désigné comme « Hyginewach » (responsable de l'hygiène) du blok 65. La tâche essentielle d'un responsable de l'hygiène était LA CHASSE AUX POUX. La découverte de cet hôte indésirable, pouvant être porteur des germes du typhus exanthématique, donnait au porteur le droit de prendre une douche. 

C'est pourquoi, certains n’hésitaient pas à troquer une cigarette ou un morceau de pain pour obtenir un pou afin de bénéficier de ce rare "privilège". (Témoignage de Sam Herssens).

Dans un premier temps, Sam ne put recevoir de colis car, il avait été déporté sous son pseudo de Fortin. C'est un prisonnier allemand qui, en cachette,  rectifia le tir en modifiant son nom dans les registres.

A Buchenwald, Sam Herssens faisait partie, avec Jacques Grippa, Henri Glineur et bien d'autres, du réseau de résistants existant dans le camp, "Le Comité international Clandestin" (ILK) . Réseau qui se composait de prisonniers allemands, français, russes, polonais, tchèques, ... 

Sam  avait la responsabilité des armes cachées sous le plancher du block 65. Ces armes entraient en pièces détachées dans le camp par l'infirmerie. Ensuite, elles  étaient  cachées dans un deuxième temps au block des tuberculeux où, les SS entraient rarement par peur de la contagion. Par après, les armes étaient remontées et ensuite, cachées dans des planques à différents endroits du camp.

Les actions de sabotage menées par la résistance interne du camp s'effectuaient   dans les usines environnantes travaillant notamment pour la construction de V1. Sabotages encouragés par des soldats de la Wermarcht chargés de la surveillance des prisonniers et qui ne voulaient plus retourner au Front (Témoignage de Sam Herssens). Une des consignes données aux travailleurs forcés de ses usines étaient de travailler mal et au ralenti.

Après la guerre, il fut demandé à Sam Herssens de dire comment , il avait tenu le coup à Buchenwald. Sa réponse fut : "Mon idéal politique, ma foi dans la victoire des Alliés et dans la chute du fascisme me furent d'un grand soutien, ainsi que la solidarité des camarades, surtout des camarades allemands".

Sam rentre en Belgique en mai 45 et reprend ses activités au sein du P.C.B. Il reprend pendant un an la direction de l’École centrale du P.C.B. Cette année-là, Léona Motquin et Sam se mettent en couple.

Suite à la mise à l'écart de Xavier Relecom, Secrétaire général du P.C., il le remplace comme député à la Chambre. En effet, le camarade Relecom a été démis de ses fonctions au sein du P.C.B. pour avoir pactiser avec l'ennemi.

 Xavier Relecom dut également démissionner de son poste de conseiller communal.

Bert Van Hoorick, Julien Lahaut, Sam Herssens à leur arrivée au Parlement ©Doc.Carcob Bruxelles

Présent sur les listes électorales pour les législatives de 1946, Sam conservera son mandat de député et sera réélu aux législatives de 1949. Son mandat parlementaire ne sera pas renouvelé lors des législatives de 1950.

Meeting électoral 1946 - Sam Herssens, Julien Bernard, Armand Krick ©Doc.CarCob(Bruxelles)

Au sein du Parti, le camarade Herssens devient membre du Bureau politique (1946-1954) et Secrétaire de la Fédération du Brabant (- 08/1951). En outre, il est le responsable de l'éducation politique au sein du P.C.B.

En 1946 et 1947, il dirige l’École centrale  du Parti communiste avec Léona  Motquin.

Visite de membres du P.C.B à l'expo des trésors de la Pinacothèque de Munich : Sam Herssens est à l'avant-plan- Photo Studio "L'Essor", 01/05/1948 ©Doc.CarCob Bruxelles

Le 09 novembre 1950, c'est la fête du Drapeau rouge et les militants communistes défilent en nombre dans Bruxelles. la tribune d'honneur.

Fête du Drapeau rouge - Sam Herssens et Léona Motquin (manteau noir) - ©Doc.CarCob(Bruxelles)

Dans les années 1950, Sam Herssens et Léona Motquin sont domiciliés au n° 52 de l'Avenue Chazal à Schaerbeeck et ils se marient en 1951. Tout comme Léona, c'est la seconde fois que Sam dit "oui" devant un bourgmestre. En effet, Sam s'était déjà marié en 1933 à une française,  Lucienne Lesaint. La même année, leur fille unique prénommée Claudine  vint au monde..

Albert De Coninck, Sam Herssens et Bert Van Hoorick ©Doc.CarCob (Bruxelles)

Lors de la Fête du Travail du 1er mai 1951, Sam est de la partie et défile au milieu de centaines de militants et sympathisants communistes. A cette occasion, il s'adressera à la foule présente de la tribune officielle où, il est entouré du gratin du P.C.

Fête du Travail (1er mai 1951) - Sam Herssens s'adresse à la foule ©Doc.CarCob(Bruxelles)

En 1954, Sam participe au Congrès de Vilvorde et n'est pas réélu au Comité central du Parti. Mais, ce n'est pas ça qui le chagrine. Ce qui le chagrine se sont les positions et les orientations politiques prises par le P.C.B. à cette occasion.

De moins en moins en phase avec le P.C.B., il continue son petit bonhomme de chemin comme secrétaire de la Fédération brabançonne du Parti communiste et en tant que rédacteur du journal "Le Drapeau rouge".

Au Congrès du Parti à Huy en 1957, sa candidature au  C.C. n'est pas retenue suite  au motif  évoqué par Timmermans représentant la direction du Parti disant que Sam était contre la ligne du Parti. Ce qui semble avoir  interloqué les camarades hutois qui connaissent bien Sam.  Sam demande donc que le C.C. demande à Timmermans sur quelles preuves et quelles fautes, il base son accusation (Courrier du 13/04/1957).

En effet, Sam se défend en précisant qu'il est d'accord avec la ligne du Parti comme définie lors du XIe Congrès du Parti. Mais, qu'il est en désaccord avec certaines pratiques "inadmissibles" ayant précédé ce congrès et ayant eu cours pendant le congrès  dans le seul but de favoriser  la désignation de certaines personnes aux postes de direction du Parti.

Sam précise également qu'il n'est  pas opposé aux thèses du XIIe Congrès car, les remarques qu'il avait faites au cours des discussions préparatoires pour le projet des thèses à développer au-dit congrès, avaient été largement approuvées lors des amendements adoptés par le congrès de la Fédération bruxelloise.

Il pose alors la question suivante : "les militants peuvent-ils ou doivent-ils réfléchir à des événements nouveaux après que des thèmes ont été établis ? Si pour cela, ils sont taxés d'être contre la ligne du parti, comment peut fonctionner la démocratie interne du Parti?

Après le XIe Congrès du Parti communiste, les militants de la section locale de Schaerbeck ont demandé à Sam Herssens de les rejoindre. Malgré qu'il soit démoralisé suite au congrès, Sam accepte. Pendant deux ans, il milite à la base comme secrétaire de cellule et secrétaire de section. L'assemblée générale du P.C. de Schaerbeck rendra hommage à son travail et à son engagement en le désignant par 25 voix sur 28 membres présents comme leur représentant au XIIe Congrès du Parti alors que Sam a été la cible d'une campagne de dénigrement de la part d'une "camarade" de cellule.

Finalement, Sam démissionnera de ses fonctions au sein du P.C.B. en 1964 pour suivre le camarade Grippa partit fondé le Parti marxiste-léniste de Belgique de tendance pro-chinoise. Cependant, Sam n'y assumera aucune fonction.

Dans un  courrier adressé aux instances du Parti communiste daté du  , il donne les raisons de sa démission. Il écrit, entre autres, que le Parti s'est détaché des idéaux communistes en abandonnant la lutte des classes et en ressemblant de plus en plus à un parti social-démocrate cf le Parti socialiste.

Il reproche également aux instances du P.C.B. le manque de démocratie interne et les luttes intestines pour le pouvoir. Il écrit également qu'il est honteux de dénigrer des camarades qui ont combattu et ou ont été incarcérés dans les camps de concentrations pour les évincer des niveaux de pouvoir du Parti.

Sam Herssens suivra son camarade Jacques Grippa dans son aventure marxiste-léniniste pro-chinoise mais, n'occupera aucun poste au sein du nouveau parti.

Son épouse et lui termineront leurs vies dans la maison familiale de Léona au n° 70 de la rue Neuve à Souvret. Sam y décédera le 2 juillet 1972.

Mais au fond, qui était réellement Samuel Herssens dans la vie quotidienne ?

Il donne lui-même la réponse tout au long de sa carrière politique à travers différents C.V. qu'il a du rédiger à l'attention de la direction du P.C.B.

Contrairement à ce que nous affirmions dans la première partie de sa biographie parue dans le " Ki, Kwa, Où " du mois de septembre, Sam Herssens a donné quelques indications quant à sa jeunesse dans un document manuscrit intitulé "Autobiographie" (04/09/1954)

Il écrit qu'il vient d'un milieu modeste et que sa mère l'a mis en pension. Qu'il a connu la pauvreté surtout pendant le première mondiale. Il précise également que suite au décès de sa mère, il n'a pas terminé le 4ème degré de l'enseignement primaire.

Sam est un homme modeste qui dit vivre humblement et se contenter de plaisirs simples. Il pense être honnête et s'est toujours interdit l'ironie, les jeux d'argent, les emprunts, la vie facile et désordonnée.

Il estime que ses fonctions au sein du P.C. l'ont coupé de la masse, c'est à dire du monde du travail. Il dit également qu'il n'a pas toujours à la hauteur dans l'exécution des tâches et des missions qui lui ont été confiées mais, qu'il a toujours fait de son mieux.

Remerciements à

Madame Marie-France Hanon du CarCob,

Monsieur le Professeur José Gotovitch

Notes 

1. Léona Motquin : voir "Ki, Kwa, Où", 13e année, n° 143, 06/2021

Victor Paindaveine (Trazegnies, 27 mai 1909 - Etterbeek, 17 février 1987) : Membre du P.O.B. et président des "Jeunes Gardes Socialistes" de Trazegnies, il entre dans la clandestinité en 1942 et adhère au P.C.B. Premier époux de Léona Motquin.

2. Jules Avaux : voir "Ki, Kwa, Où", 14e année, n° 150-151, 01 et 02/2022

3. Fernand Lefebvre : voir "Ki, Kwa, Où", 13ème année, n° 138-139, 02 et 03/2021

4. Jacques Van Den Boom (Gand,11/12/1895 – Bruxelles,  21/06/1978) – Membre fondateur du Parti Communiste de Belgique (1921) – Rédacteur avec Jacquemotte de l’hebdomadaire communiste « Le Drapeau rouge » avant Sam Herssens

5. Joseph Jacquemotte (Bruxelles, 22/04/1883 - 11/10/1936) - Membre fondateur et dirigeant du Parti Communiste de Belgique. Il fut le fondateur et directeur des journaux suivant dans l'ordre :" L'Exploité", "Le Drapeau rouge" et "La Voix du Peuple".

6. Anton Béréï (Budapest [Hongrie], 09/11/1900 - 28/01/1979 ) - Représentant secret du Komintern (c'est--à-dire "L’œil de Moscou") et instructeur de l'Internationale communiste en Belgique. Après son arrestation à Bruxelles, il est envoyé également au camp de prisonniers de Vernet dont, il réussit à s'échapper pour rentrer à Bruxelles en juillet 40. Il a pris une part active à la vie politique du P.C.B. dont, il avait , il faut le dire, le contrôle quasi absolu.

7. Xavier Relecom (Anvers, 06/06/1900-Bruxelles, 22/11/1972) : Homme politique communiste.  Devenu le n° 1 du P.C.B à partir de 1939, il sera arrêté en juillet 1943 et détenu par les allemands au fort de Brendonck avec trois hauts dirigeants du Parti. Ils pactiseront avec l'ennemi en échange de la vie sauve.  Malgré cela, deux d'entre eux furent fusillés quelques temps plus tard lors de représailles. A la fin de la guerre, il sera démis de ses fonctions au sein du P.C.B. pour faits de collaboration avec l'ennemi. Mais, c'est bien des années plus tard que ces faits seront portés à la connaissance du public. Il quittera le P.C.B. dans les années 60 pour adhérer au Parti communiste marxiste-léniniste de Grippa.

8. Georges Glineur (Ostricourt, 08/12/1911- Courcelles, 03/10/1997) : Homme politique communiste courcellois. Élu conseiller communal à Courcelles, il le restera jusqu'en 1988. Il sera même Échevin des Travaux Publics de 1964 à 1970. Il sera également député (1946-1971 et 1979-1981). En 1993, il déclara que c'était lui qui avait crié "Vive la République" au cours de la prestation de serment  en 1950 du roi Baudouin  et non Julien Lahaut. Il fut également un résistant de la première heure avec son frère Henri.

9. Raoul Baligand  (Roux, 04/01/1913 - Bruxelles : 28/12/1981) : Homme politique communiste et grand résistant. En octobre 1936, il part combattre en Espagne avec les Brigades internationales - section du Génie franco-belge "André Marty". Il participe à la Bataille de Madrid, la Bataille du Jarama et à la Bataille de Guadalajara. Blessé en juin 1937 dans la région de la Huesca, il est déclaré déserteur à sa rentrée en Belgique. Il purgera 12 jours de prison militaire avant de repartir en Espagne où,il accède au grade de capitaine et sera blessé une seconde fois. Il participera à la Campagne des 18 jours en Belgique et rassemblera des armes qu'il cachera au cimetière de Roux. Raoul Baligand rejoindra la résistance en juin 1941. A son actif, entre autres, une action de commando au Charbonnage du Bois du Cazier où, lui et ses hommes emportèrent plusieurs centaines de kilos de dynamite. Pour son rôle dans la Résistance, Baligand recevra la Sylver Star, l'Ordre de l'Empire britannique, l’Étoile rouge et fait Commandeur de l'Ordre de la Couronne. Au point de vue politique, il a fait partie du Comité directeur du P.C.B. (1943-1954). Il fut également député (1946-1949) et Conseiller communal à Gilly (1946-1952).

10.Henri Glineur (Roux, 13/03/1899 - Jumet, 28/01/1978) : Homme politique communiste rovien. Il fut député puis, sénateur. Il fut également nommé bourgmestre de Roux (1947-1950). Résistant de la première heure avec son frère Georges, il fut arrêté et déporté à Buchenwald où, il continua la lutte contre les nazis.

11. Jacques Grippa (Grivegnée, 30/03/1913 - Forest, 30/08/1991) : Homme politique communiste. Il fit partie de la direction du P.C.B. Bruxellois avant la Seconde guerre mondiale. Il fut également un des hauts responsables de la résistance en Belgique.

Sources bio-bibliographiques

Adrian, Thomas

"Une telle indifférence" : la présence communiste dans les entreprises belges de l'après-guerre (1945-1948)

. - Liège : Université de Liège, année académique 2014-2015

. - p. 310

Gotovitch, José

Du rouge au tricolore : les Communistes belges de 1939 à 1944 :

un aspect de l'histoire de la Résistance en Belgique

. - Bruxelles : CarCob, 20018

. - Samuel Herssens : p. 530

Interview 20/9/1973 concernant les Partisans Armés et le P.C.B : transcription papier

. - Bruxelles : Cegesoma, 1973

https://maitron.fr/spip.php?article73239, notice HERSSENS Samuel, dit Sam. Pseudonymes : LEGRAND Samuel, FORTIN. par José Gotovitch, version mise en ligne le 12 août 2009, dernière modification le 8 août 2010.

Herssens, Samuel

Dossier Samuel Herssens

. - Bruxelles : CarCob, 1928-1957

Maerten, Fabrice

Du murmure au grondement : la Résistance politique et idéologique dans la Province de Hainaut pendant la Seconde Guerre mondiale (mai 1940 -septembre 1944)

. - Mons : Hannonia, 1999

. - Samuel Herssens : pp. 530-531

 

Rikir, Milou (Émile)

Les parlementaires et ministres communistes et apparentés au sein du Parlement et du Gouvernement du Royaume de Belgique, classés par législature et par assemblée (1924-1985), Bruxelles, CArCoB, 2012, [en ligne],
< http://www.carcob.eu/IMG/pdf/parlementaires_du_pcb.pdf >, (09/08/2022)

Rochette, Gabriel et Vanhamme, Jean-Marcel

Les belges à Buchenwald

. - Bruxelles : Pierre De Méyère éditeur, 1976

. - Sam Herseens : pp. 159, 299, 390

Bibliographie partielle

Espoir de travail ? : les solutions communistes / par Sam Herssens , député de Bruxelles. - Bruxelles : Société populaire d'éditions, [1950]. - 14 p. : ill. ; 20 x 15 cm. 

Hoop op werk ? : de kommunistische oplossingen / door Sam Herssens , volksvertegenwoordiger van Brussel. - Brussel : Volksuitgave, [1950]. - 14 p. : ill. ; 20 x 15 cm. 

Le programme revendicatif immédiat du Parti au service des masses travailleuses

in «Communisme»

01/04/1952

Projet de loi sur la protection du fonds de commerce. Discours prononcé à la Chambre des Représentants par M. Herssens, séance du 9 décembre 1947. - Bruxelles : Moniteur belge, 1947. - 11 p. ; 21 x 14 cm

Auteur : Luc Heuchon©

Contact : alain.luc.richir.heuchon@gmail.com

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