mardi 16 mai 2023

Le "sulfureux" Docteur Fernand Mascaux au service des plus démunis, du P.O.B. courcellois...

Mascaux, Fernand
 
Le futur Docteur Fernand Mascaux est né à Courcelles  le jeudi 23 janvier 1868 à 9 heures du matin. Son père Auguste Mascaux était géomètre (1) et sa mère Amandine Monnoyer était femme au foyer. 
Photo "La Petite Lanterne", 06/03/1986

Fernand, Joseph Mascaux est le cadet d'une fratrie de quatre enfants. Ses sœurs et son frère se prénommaient : Maria (1850-1854), Malvina (1852-) et Auguste (1853-)
 
De son enfance et son adolescence, nous n'avons trouvé aucune trace. Il est à noter que son grand-père paternel Lambert Mascaux exerçait le métier de charbonnier (1). 
 
Fernand Mascaux fit ses études de médecine à l'Université libre de Bruxelles (U.L.B.). Celles-ci terminées,  il revint à Courcelles exercer la médecine générale .
 
Par la suite, il lui fut confié par les autorités publiques les missions suivantes : médecin hygiéniste, médecin-inspecteur des écoles et des denrées alimentaires, médecin de l'Assistance publique. Il fut aussi médecin agréé auprès de la S.N.C.B.
 
Venons en maintenant à l'homme politique : 
 
Quoique issu de la bourgeoisie, le Docteur Mascaux consacra sa vie à la défense des plus démunis. C'est donc tout naturellement qu'il adhéra au P.O.B.
 
Donc membre du P.O.B., il se présenta aux élections communales d'octobre 1885. C'était la première fois qu'une liste socialiste se présentait à Courcelles. Les 13 candidats présents sur la liste furent élus et obtinrent ainsi la majorité absolue et siégèrent seuls  au Conseil communal.
 
Ce fut Floris Lagneaux (2) qui devint le premier bourgmestre socialiste de Courcelles  et Fernand Mascaux occupa la place d' échevin de l’Instruction publique et Officier d’État civil.
 
Lors des élections communales de 1932, le Docteur Mascaux prend ses distances vis-à-vis du parti socialiste courcellois et présente une liste de socialistes indépendants. Il est élu et siège en qualité de conseiller socialiste indépendant lors de l’installation du nouveau Conseil communal en date du 10 janvier 1933. Cependant, il n’apporta pas son concours à l’opposition. Lors de sa prestation de serment, il fit celle-ci en flamand. La seule réaction à son geste provocateur fut l'hilarité générale. Par la suite, il siégera encore à deux reprises au conseil communal avant de donner sa démission le 29 mars 1933. Il fut remplacé par son suppléant Auguste Viatour, gérant du Café des Sports. Pour la petite histoire, ce café se trouvait sur la place Saint Antoine (actuellement occupée par le Monument aux Mineurs).

En 1889, Fernand Mascaux adhère à la Fédération française de la Libre-Pensée.
 
Le mercredi 15 mai 1900, Fernand Mascaux épouse à Newport Mathildis Emma D'haene de neuf ans sa cadette. Nous ne connaissons pas dans quelles circonstances, ils se sont rencontrés mais, le fruit de leur union se prénomma Lucien. 

Nous savons seulement de ce dernier qu'il devint aussidocteur en médecine en 1927 et eut une fille prénommée, née le 21 novembre 1928 Fernande. Celle-ci exerça également la médecine à Courcelles. Elle décédera tragiquement, assassinée par son dernier client le 1er septembre 1987, en son cabinet de consultation à l'avenue Jean Jaurès.

 
En 1901, Fernand Mascaux devint l'officier de santé de la 2ème compagnie d’Infanterie, 1er ban de la Garde civique de Courcelles.
 
Le Docteur Fernand Mascaux avait une réputation sulfureuse (3) auprès de la population bien pensante courcelloise vu ses positions en matière d'eugénique et de contraception. D'ailleurs, il donnait des conférences à ce sujet. En effet, il pensait qu'un des remèdes pour combattre la misère et éviter les conflits armés était la régulation des naissances. Il rejoignait ainsi la pensée de Thomas Malthus dénommée le" Mathulisme" qui préconisait la régulation des naissances par l'abstinence.

Cependant, certains pensaient que cela n'était pas suffisant pour enrayer le taux de natalité et qu'il fallait recourir à un autre moyen : la contraception. L'avortement restant un moyen ultime de recours en cas de nécessité absolue. Ce courant de pensée, créé en Grande-Bretagne en 1886, prit le nom de "néo-malthusianisme". Et,  Fernand Mascaux y adhéra.

C'est pourquoi, ce dernier créa en 1905, le mouvement néo-malthusien belge sous le nom de "Ligue de la Régénération humaine".
 
Afin d'aider son mouvement à propager ses idées, il créera en 1906, la revue "La procréation consciente". Ce mensuel se voulait être l'organe de la "Ligue belge de régénération humaine".
 
Le comité de rédaction de ce périodique était composé de Fernand Kolney, Urbain Gohier, Paul Robin, J. Rahier, Hector Rousseau, Paul Dhelos et Nelly Roussel. Les thèmes abordés étaient les maladies vénériennes, la libre maternité, la procréation volontaire et parfois, l'avortement.
 
L'éditeur-responsable de la revue était une éditrice. Celle-ci s'appelait Emilia Souply(4) et était institutrice à Courcelles. D'après les rapports de police concernant le Docteur Fernand Mascaux, Emilia Souply était sa maîtresse.
 
Suite à l'interdiction du  Ministre des Postes de l'époque d'assurer la distribution de la publication "La Régénération humaine", Fernand Mascaux en fit changer le titre par deux fois. En juillet 1907, la revue prit le titre de "La Vie heureuse" et de "Le Néo-malthusien" en septembre de la même année. Par la suite, la Ligue distribua, tant bien que mal, elle-même la revue.
 
Le Docteur Fernand Mascaux avait des accointances avec les milieux libertaires et anarchiques belges et français dont certains membres appartenant à ces deux milieux faisaient également partie du mouvement néo-malthusien.
 
Il entretenait également des relations très  étroites avec Paul Robin, responsable du mouvement néo-malthusien français.
 
 

De gauche à droite, assis : Paul Robin et le Docteur Fernand Mascaux.

Debout : Eugénie de Bast, Albert Gros, Gabriel Giroud, Fernandez et sa femme, Emilia Souply et Eugène Humbert  (mars 1907)

Outre son action de propagande pour la limitation des naissances, notre cher Docteur avait mis au point deux produits : des cônes préservatifs dits  "Cônes Mascaux" et des dragées destinées à palier les déficiences sexuelles de la gente masculine. Ces produits furent longtemps manufacturés dans un petit atelier situé à Jeumont (France) jusqu'en plus ou moins 1913. A cette époque, certains pharmaciens provoquèrent des incidents en signe de protestation au sujet des propositions commerciales de notre médecin courcellois.
 
Archives de Mme
De plus, 
notre bon docteur écrivait des brochures de vulgarisation sur la limitation des naissances vendues lors de conférences, ... et dans certaines librairies.
 
Collection Luc Heuchon
Les conférences étaient le plus souvent données dans des Maisons du Peuple et connaissaient un certain succès. En effet, le nombre de participants pouvait se chiffrer à 40, 70 voir 100-120 personnes.
 
Elles se faisaient le plus souvent en deux parties. Une première parties s'adressant à tous où, le sujet était abordé dans les grandes lignes (5) et une seconde partie à huis clos destinée aux membres de la Ligue et où, étaient présentés plus explicitement les moyens contraceptifs. Elles se déroulaient le plus souvent sous présence policière
 
Le mouvement néo-malthusien belge resta relativement modeste et cantonné essentiellement dans la partie francophone du pays. Il arrivait parfois qu'Emilia Souply et Fernand Mascaux prennent la parole lors de conférences données dans le Nord de la France.
 
En 1908, le Docteur Mascaux est dénoncé à la police par le curé de Châtelineau sous prétexte qu'une jeune femme mineure avait assisté à une de ses conférences. Notons que l'âge de la majorité à l'époque était 21 ans. Mais, cette jeune femme était mariée et mère de deux enfants et assistait avec son époux à la conférence du Docteur Mascaux .
 
Photo "La Petite Lanterne" 30/01/1985
 
Le 12 décembre 1908, le bon Docteur  Mascaux fut condamné par la Cour correctionnelle de Charleroi à trois ans de prison (dont un mois ferme) non pas pour obscénités et propos à caractère pornographique mais pour présentation, pendant ses conférences, d'images et d'objets jugés obscènes. En effet, les juges à l'époque eurent "l'intelligence" de faire la différence entre propos pornographiques et termes scientifiques afin que leurs sentences ne soient pas matière à contestation en cours d'appel.

Le Cardinal Mercier jubila quand il apprit le verdict. Il écrira à ce sujet "Tout récemment le tribunal correctionnel de Charleroi condamna un misérable qui avait répandu dans le public d'ignobles enseignements anticonceptionnels".

Le dimanche 2 mai 1909 eut lieu à Courcelles en la salle des fêtes de l"'Hôtel de Ville", un  Congrès néo-malthusien sur invitation. Celui-ci débuta mal. En effet, il fut placé sous haute surveillance à l'instigation du sieur Goffin, commissaire de la  police de Courcelles Outre, les policiers communaux, 10 gendarmes était présents pour vérifier si, tous les congressistes possédaient bien une invitation ainsi que leurs noms, adresses et qualités. 

Afin de mettre fin à cela, le Président du Congrès Victor Ernest décide que le Congrès se fera sous forme de conférence publique à laquelle pourra assister le commissaire de police. Vu les circonstances, certains orateurs se défileront discrètement dans les rues de Courcelles en attendant d'être reconduits en début d'après-midi à la gare par les organisateurs du Congrès.

Suite aux événements de la matinée, le Congrès débuta avec une heure de retard. Victor Ernest ouvrit la séance en donnant lecture de la  lettre d'excuses et de soutien de la présidente de la Ligue néo-malthusienne anglaise, Madame Drysdale-Vickery  qui exprime son regret de ne pouvoir être présente étant retenue en Angleterre par d'autres obligations. Suit la lettre de soutien de la Ligue néerlandaise.
 
Deux cent trente-huit délégués de la Ligue étaient présents dans la salle. Plusieurs orateurs se succédèrent à la tribune dans la matinée et condamnèrent l'attitude rétrograde des autorités civiles et religieuses envers la Ligue. Avant l'interruption de midi,  il sera procédé à la nomination des membres du bureau de la Ligue néo-malthusienne belge.  Le Docteur Mascaux est élu président, Victor Ernest , vice-président. Emilia Souply est élue secrétaire  et l'anarchiste belge Émile  Chapelier est élu secrétaire-adjoint avant l'interruption de midi.
 
La reprise du meeting prévue à 15 heures débutera à 16 heures et mille deux cents à mille cinq cents personnes se rendirent au salon communal en soutien à la Ligue. La session de l'après-midi débuta par un concert donné par l'harmonie ouvrière"La Paix" de Courcelles dirigée par le chef d'orchestre gosselien V. Allard.
 
Victor Ernest ouvrira la deuxième partie du meeting en reparlant des événements de la matinée. Emilia Souply lui succèdera à la tribune  et commentera le mandement de l'archevêque de Malines à ses ouailles : " Croissez et multipliez". Avec une grande éloquence, elle répondra à cette ordonnance en rappelant la triste condition de la plupart des familles du milieu ouvrier. Elle brossera un sombre tableau des enfants mourant de faim faute de nourriture, des jeunes mères  recourant à l'infanticide ou à l'avortement.
 
Elle insistera sur le fait que le nombre de ces "crimes", en nette croissance, sont liés à l'augmentation de la misère et à  la surpopulation. Ceux qui provoquent la surpopulation sont en grande part de responsables de la situation.

D'autres congressistes se succèdent à la tribune dont le libéral  M. Van en Haute qui dit en substance que bien qu'il ne partage pas les opinions politiques de certains des orateurs être en adéquation avec les idées prônées par la Ligue car pour lui, c'est essentiellement une question de bonne gestion économique. Ensuite, il dressera un tableau de poursuites judiciaires intentées à la Ligue  et s'insurgera plus particulièrement contre l'action judiciaire intentée à l'encontre du Docteur Mascaux et sa condamnation par le Tribunal correctionnel de Charleroi. 

A noter encore une intervention de François Liard-Courtois, membre de la Ligue français qui prit la parole après avoir été annoncé comme un délégué d'Auvelais. C'est Émile Chapelier qui clôturera le meeting.
 
En octobre 1913, le Docteur Fernand Mascaux devint membre de l'Académie des Sciences d'Italie  pour ses travaux et son engagement pour la cause eugénique.

La même année, il eut maille à partie avec la corporation des pharmaciens concernant ses pratiques commerciales  jugées trop agressives
 
Le 1er août 1914, l'armée allemande envahit la Belgique. C'est le début  d'une période sombre de 4 ans pour la population belge, surtout pour les plus humbles. Le Docteur Fernand Mascaux soigna gratuitement la population courcelloise la plus démunie.
 

En avril 1917, il fit don d'une partie de sa bibliothèque personnelle à l'Administration communale de Courcelles en vue de la création d'une bibliothèque communale.

Après la fin de la première guerre mondiale, il quittera Courcelles pour s'installer à Bruxelles. Square Ambiorix, n° 48.
Cependant, le Docteur Mascaux semble être revenu vivre à Courcelles début des années 30. (voir l'évocation de son parcours politique dans la 1ère partie de l'article paru le mois dernier.
 
Début des années 20, il cessera progressivement son combat pour la cause eugénique suite aux attaques répétées dont, il faisait l'objet de la part de la Justice.
 
Dès 1932, Fernand Mascaux présageât un second conflit mondial et préconisât le morcellement de l'Allemagne.
 
Revenons un instant aux élections communales d'octobre 1932 et au programme électoral du parti de  Fernand Mascaux se présentant en tant que socialiste indépendant.
 
Dans son programme paru dans le feuillet électoral du Parti socialiste indépendant "La Bombe", il est question de baisser les salaires des hauts fonctionnaires qui sont scandaleux par rapport aux salaires des mineurs et des sidérurgistes.

Il est également fait état des émoluments des politiciens : "Nous combattons également les allocations de n'importe quelle sorte allouées aux bourgmestre et  échevins, conseillers provinciaux, députés et sénateurs. Nous estimons qu'on ne doit pas se faire payer pour se dévouer à la chose publique; cela ressemble un peu à la femme qui accorde ses faveurs pour de l'argent. Nous ne voulons pas être de vulgaires marlous".

Le tract s'en prend également à la hiérarchie des administrations publiques : "Nous sommes ruinés, acculés à la banqueroute par tous ces gros fainéants d'administration qui font faire toute la besogne par leurs employés... Si on les laisse faire, ils auront bientôt leur jolie dactylo comme cela se passe dans tous les ministères de Bruxelles....". 
 
Comme on le voit , ce programme électoral ne faisait pas dans la dentelle !
 
De s'en prendre également aux partis traditionnels : "Les vieux partis sont usés; ils sont incapables de remédier à la triste situation actuelle : ils s'entendent d'ailleurs comme les larrons en foire. A Anvers, les catholiques s'allient avec les socialistes. A Bruxelles, les libéraux ont conclu le pacte suivant avec les catholiques : le bourgmestre actuel conservera son écharpe  même si les libéraux perdent la majorité et réciproquement les échevins catholiques resteront échevins quoiqu'il arrive. C'est l'alliance monstrueuse de la carpe et du lapin..."

Viens ensuite le cas de la haute-finance représentée par les banques: "... Ce sont ces bandits qui, lorsqu'ils font tomber les valeurs boursières au plus bas les rachètent et les refilent alors aux gogos souvent décuplées. La Bourse est un véritable jeu de hasard au même titre que les courses hippiques ..." Et d'évoquer le cas du rachat des "Charbonnages du Nord de Charleroi par une banque.

Côté positif du programme : 
- revalorisation des pensions de mineur,
- augmentation immédiates des salaires des mineurs et des ouvriers de la surface,
- fondation de syndicats à fonds réservés à l'assurance au décès et pension viagère sous garantie de l’État.
- création de coopératives où, les marchandises se vendront aux adhérents au prix de gros, trois ou quatre fois moins cher que dans les coopératives actuelles.
 
Également au programme, la limitation des naissances afin d'éviter le chômage et les guerres. In fine à ce point, il est signaler que le Docteur Mascaux a accepté de soigner à titre grâcieux, tous les invalides de guerre du pays et reçu à ce titre, une lettre de félicitations de son A.R. la Comtesse d'Oultremont. Il est à noter qu'il fut membre adhérent de la Section des Invalides de Guerre de Courcelles.

Le désarmement n'est pas oublié. Il est écrit en substance que le désarmement est une utopie : "Tant qu'on n'aura pas  morcellé l'Allemagne, toutes les autres nations d'Europe devront, malgré elles, retées armés jusqu'aux dents. D'accord avec la Russie des Soviets, elle prépare une guerre de revanche..."

Et en écrivant que de la tombe du Soldat inconnu ne sert qu'à entretenir la haine entre les peuples et qu'on ferait mieux d'y installer un tronc pour recueillir des dons servant au confort et à la santé des Invalides de Guerre.

Pour en finir avec la teneur de ce tract électoral, il est également fait état des dépenses des partis en matière de propagande électorale ou autres. Jugées faramineuses, l'idée est qu'en réduisant celles-ci, l'argent épargné profite à la construction d'hospices pour les vieux travailleurs.
Illustration parue dans le tract "La Bombe"
Lors des élections législatives du 27 novembre 1932, Fernand Mascaux se présenta aussi sur la liste des Socialistes Indépendants de de l'Arrondissement de Charleroi. Il recueuillit quelques centaines.

En 1940, lors d'une séance du Conseil communal de Courcelles présidée par A. Adam Bourgmestre (P.O.B.)  mis en place par les autorités allemandes,  le Conseiller communal (P.O.B.) Jules Avaux annonça qu'Hector Mascaux faisait don à la CAP courcelloise d'une somme importante d'argent devant servir à la construction de la Cité Druine avec pour exigence que l'Administration communale de Courcelles d'entretenir le caveau familial de la famille Mascaux se trouvant au cimetière de la localité.
Caveau Famille Mascaux - Cimetière de Courcelles - Photo Luc Heuchon
 
Quant au conseiller communal Alfred Coquette (P.O.B.), il signala  que le Docteur Fernand Mascaux faisait don d'un lot de livres pour la bibliothèque communale.

Par la suite, il retourna exercer à Bruxelles où, nous perdons sa trace. Le Docteur Fernand Mascaux décédera à Jette le 23 juin 1953.

Terminons  cet article par une note gaie. Le Docteur Mascaux semble avoir été naturiste et possédait une seconde résidence du côté de Landelies[SIC]. Un jour, le brasseur De Negry envoie un de ses chauffeurs y effectuer une livraison. Arrivé sur place, le livreur sonne et reste sans voix à la vue du Docteur Mascaux venu lui ouvrir la porte  complètement nu. Chose qui traumatisa le livreur.                                              

Notes : 
(1) Lambert Mascaux (Courcelles, 1769-1844) était ingénieur (des Mines). Il était un des trois concessionnaires de la Société [du charbonnage] de Falnuée avec deux autres membres de sa famille : Jean-Pierre et Joseph.
(2) Floris Lagneaux : Directeur des travaux dans un charbonnage, il sera le premier Bourgmestre socialiste de Courcelles. Une notice biographique lui sera consacrée dans le prochain  le Ki, Kwa, Où...
(3) Les mauvaises langues disaient qu'après avoir mis enceintes les bonnes travaillant pour lui, il les avortait.
(4) Emilia Souply (Courcelles, 01/08/1882 - Pierre-Bénite (France), 03/05/1974). Fille d'Hubert Souply et de Marie-Joseph Evrard, elle milita pour le droit des femmes à décider de l'usage de leur corps. Elle se maria à Paris (19e arrondissement) avec  Léon Ernest Bergere qui décéda en 1937. Emilia se remariera avec Arsène Bergere, le cousin de son défunt mari. Arsène décédera en 1965.  Elle n'eut pas d'enfant.
(5) Pour la première partie, c'était Emilia Souply qui s'y collait avec passion et conviction. La seconde partie étant  plus technique, c'était le Docteur Mascaux qui prenait la parole. 


Sources bio-bibliographiques

Conversations diverses avec Madame Marie-Rose De Negry (Courcelles) et Monsieur Armand J. Deltenre (Mons).

 Belgique active : Brabant, Hainaut

. - Bruxelles : Henri Willem, 1932

. - 582 p. : ill.

. - Fernand Mascaux : p. 103 : ill.


Clersy, E.
Une centenaire à Courcelles en 1885

In La Petite Lanterne,

N° 2266, me 23/01/1985, p. [3], ill.

N° 2267, me 30/01/1985, p. [x], imm.

N° 2271, me 27/02/1986[sic], p.[7], ill.

Defosse, Pol

Dictionnaire historique de la laïcité en BelgiqueFédération française de la libre-pensée

Le citoyen Dr Fernand Mascaux, conseiller communal a
Courcelles-les- Charleroi (Belgique), adhère a la Fédération 

in

"Bulletin mensuel de correspondance des groupes et adhérents fédérés"

. - Paris  : Libre pensée (France), 1896

. -  Fernand Mascaux : p 689

Lemal, Elie

Courcelles, son histoire

. - Marcinelle : Imprimerie La Concorde, 1930, 

. - 183 p. : ill.

. - Fernand Mascaux : pp.179-180 

MCLaren, Angus

Twentieth-Century Sexuality : a history

. - [S.l.] : Wiley-Blackwell, 1999

. - 306 p.

Stengers, Jean

Les pratiques anticonceptionnelles dans le mariage au XIXe et au XXe siècle : problèmes humains et attitudes religieuses (2e partie), 

in

"Revue belge de philologie et d’histoire", 

. - 1971, vol. 49-4, 

. - Fernand Mascaux : pp. 1129-1136

Villers, Stéphanie

L'avortement et la justice, une répression illusoire . : discours normatifs et  judiciaire en Belgique (1918-1940à judiciaires en Belgique (1918-1940)

. - Louvain-la-Neuve : PressesUniversitaires, 2009

. - 268 p.

. - Fernand Mascaux : p.39

Bibliographie
 
Mascaux, Fernand
Moyens de prévenir la grossesse
. -  Paris : Librairie de Régénération, 1906
. - 8 p.  
Mascaux, Fernand et Rutgers,  J.

Moyens d'éviter les grandes familles

. -  Paris : Librairie de Régénération

samedi 25 février 2023

C'est un joli Nom CAMARADE. C''est un joli Nom, tu sais... entre cerises et grenades... (Jean Ferrat) - Louis Drugmand

En guise d'introduction,

Une fois encore, je vais vous parler d'un souvrétois d'adoption, Louis Drugmand. Ce dernier, communiste de surcroit, fut Conseiller communal de Souvret après la Seconde Guerre Mondiale. Et, le Destin a voulu qu'il croise la route de plusieurs de nos concitoyens militants communistes dont,  les camarades Léona Motquin, Victor Paindaveine et Samuel Herssens.

Entrons maintenant dans le vif du sujet,

Le camarade Louis Drugmand est né à La Hestre le samedi 13 février 1910. 

Issu d'un milieu modeste (sa mère est ménagère et son père mineur), Louis  fréquente l'école primaire jusqu'aux environs de l'âge de 11 ans et demi. 

Âge auquel, il part en France avec ses parents qui sont en quête d'un emploi. 

C'est également l'âge auquel, le jeune Louis entre comme manœuvre à "La Compagnie Internationale des Wagons-Lits" (CIWL).

L'"aventure" française de la famille Drugmand ne dure qu'un an et les Drugmand rentrent en Belgique et s'installent à Marchienne-au Pont, quartier de La Docherie. Louis trouve un emploi de manœuvre aux Verreries Bennert et Bivort à Jumet.

Mais, les jours du verre soufflé sont comptés. En effet, les verreries se mécanisent et le jeune Louis perd son emploi et se retrouve au chômage à l'âge de 18 ans. En 1928, il descend dans la fosse vraisemblablement au Charbonnage de Sacré Madame à Dampremy.

Auparavant, Louis a travaillé 6 mois comme manœuvre. A la mine, il travaille comme ouvrier à veine avec son père et ce, jusqu'à son départ à l'armée.

Là, des compagnons de  travail lui parlent de Marx, Engels et de Lénine. Ils lui parlent de la Révolution russe, lui font lire la presse communiste afin de le pousser à l'engagement politique.

Son adhésion au P.C. sera chose faite en 1929-1930. En 1934, Louis écrit dans une note biographique adressée au P.C. qu'il s'est inscrit en 1930 à la Section de la Centrale révolutionnaire des Mineurs des Chevaliers du Travail et au Parti communiste après les grèves de juillet 1932 (1). 

Vient l'heure de servir la Patrie. Louis effectue ses deux années  de service militaire obligatoire dans l'infanterie en 1930-1931. Démobilisé, il milite à fond pour la cause communiste et la défense des travailleurs. A l'occasion de la grève de juillet 1932, Louis  organise un piquet de grève et un comité de puits au charbonnage qui l'emploie.

A cette époque, Louis devient le responsable de la fraction P.C. du syndicat et est désigné par le Parti, responsable pour la Jeunesse et membre du comité de rayon de Jumet-Marchienne. A noter qu'à l'époque, il habite Marchienne-Docherie.

En février 1932, il épouse Marie Léonie Papleux dont, il se séparera rapidement sans pour cela divorcer. 

En 1933, notre Louis Drugmand est convoqué pour effectuer un rappel à l'armée. Mauvaise idée pour la Grande Muette" !!! En effet, Louis ne trouve rien de mieux que de poursuivre son combat idéologique notamment  concernant l'anti-militarisme : il crée dans son régiment au sein de l'armée belge un  comité de soldats. Cela s'étendra jusqu'au bataillon. Dans son régiment, le Comité se compose d'environs 50 camarades. 

In fine, la même action sera portée par d'autres membre des Jeunes  Communistes et du P.C. Cela permit  la création d'un  comité inter-régimentaire dont le camarade Drugmand fera partie. Cette initiative est moyennement appréciée" par l'autorité militaire.

Un jour, toute la compagnie  (dont fait partie notre activiste) refuse de "bouffer" la soupe (2). Il s'en suit une perquisition dans les chambrées par le commandant. Celui-ci trouve dans la valise du milicien Drugmand un exemplaire du journal "Le Peuple" et une invitation au "Congrès du Rassemblement de Jeunesse démocratique [sic] pour la Paix à Paris" pour lequel, le camarade Louis Drugmand a été désigné comme délégué moral chargé de suivre les débats dans la Presse pour faire rapport aux différents comités de régiment.

En conséquence, le Commandant lui "colle" 4 jours de prison militaire. Mais, notre milicien anti-militariste est libéré après 3 jours de geôle sur ordre du Colonel. En effet, ce dernier estime que "les objets saisis ne constituant aucune preuve, mais avec rappel que le journal "Le Peuple" était interdit à l'armée". Plus tard, Louis écrira à ce sujet : "Ces faits me valurent cette inscription dans mon livret militaire. MANIERE DE SERVIR : mauvaise au cours de son rappel."

Si, le milicien anti-militariste  Louis Drugmand  a reçu une mauvaise note pour services rendus à la Nation, cela  lui vaut la reconnaissance du Parti qui lui confie "le travail anti-militariste de la région". Par la suite, le Parti donne à Louis le poste de trésorier du rayon Marchienne-Jumet le faisant ainsi membre de la "Commission financière fédérale". Postes qu'il occupera jusqu'à son départ en U.R.S.S.

Début des années 30, l'ensemble de la planète subit les effets économiques de la grande dépression économique des années 30. En aout 1933, Louis perd son emploi et rejoint la cohue des chômeurs. C'est ainsi que le camarade Drugmand prend alors la direction de la fraction communiste du comité constitué de chômeurs de sa localité.

En avril 1934, l'anti-militariste Louis Drugmand, poursuivant son bonhomme de chemin au sein du P.C. et  s'affilie aux Jeunesses communistes (J.C.) de la section de Jumet.

Remarqué par les instances du Parti malgré son manque de formation mais, promis à un avenir prometteur, le camarade Drugmand est envoyé à Moscou suivre les cours de l’École internationale Lénine. C'est ainsi que notre jeune militant communiste arrive à Moscou le 9 juin 1934 où, il séjourne sous le nom d'Albert Bataille jusqu'en mai 1935.

École internationale Lénine à Moscou -

A son retour, cette "escapade" moscovite lui vaut d'être condamné par le Conseil de Guerre à trois de mois de prison pour avoir quitter la Belgique sans autorisation préalable. Et, le Parti lui  confie plus de responsabilités au sein de la  Jeunesse communiste en vue de l'unification avec les Jeunes Gardes socialistes et d'autres responsabilités au niveau régional.

Le 17 juillet 1936 débute la guerre civile en Espagne quand la droite conservatrice et fasciste veut éjecter du pouvoir le gouvernement de gauche au pouvoir.

Dès leur création  (septembre et octobre 1936), Louis Drugmand se porte volontaire et intègre les Brigades internationales. Il  part combattre en Espagne les troupes franquistes avec le premier contingent carolorégien.

Là, il est  embrigadé à la 1ère Brigade internationale et prend part à tous les combats du  Siège de Madrid qui a débuté en novembre 1936. Louis fait partie des 30 000 combattants républicains présents  lors des âpres combats du parc de Casa del Campo pour la défense de Madrid. Ensuite, il participe à la Bataille du Jarama (6 au 27/02/1937) et à la Bataille du Guadalajara  (8 au 13/02/1937). Louis Drugmand fut blessé à deux reprises lors des combats.

Dans sa notice biographique rédigée le 30 octobre 1943 sous  son nom de code de Willy, il précise qu'il a été rejoint en Espagne par deux ex-Jeunes communistes et 4 ex-J.G.S. de sa section locale de Jumet. Louis indique également que, pendant sa participation à la Guerre civile espagnole, il a occupé les grades suivants : délégué politique de section, Commissaire politique de [...], Secrétaire et commissaire politique adjoint du Bataillon.

En octobre 1937, il rentre en Belgique et est condamné à 6 jours de prison militaire comme déserteur récidiviste. Un comité d'anciens combattants d'Espagne républicaine s'étant constitué, il y adhère. Ce comité a pour but de continuer une campagne d'aide au peuple républicain espagnol en lutte.

Ensuite, Louis reprend ses fonctions au sein de la Jeunesse communiste désormais fusionnée avec les Jeunes Gardes socialistes sous l'appellation " Jeune Garde socialiste unifiée" (J.G.S.U.). Union qui sera sabotée en grande partie par le P.O.B. et dont, Louis sera exclu après moult manigances de ses adversaires idéologiques. 

Pour exemple ; à l'occasion du Congrès régional des Jeunes Gardes Socialistes, l'adhésion des Jeunesses syndicales aux J.G.S.U. est à l'ordre du jour.  Louis Drugmand, intervenant sur la question de la Presse, fait remarquer qu'il existe un malaise quant à ce sujet. En effet, un rapport moral envoyé aux sections indique que la vente du périodique des J.G.S. "Jeunesse nouvelle" se chiffre à 800 exemplaires et que sa section locale à elle seule en vend 400 numéros soit 50% des ventes contre 50 % pour le reste de la Fédération.

Libouton,  membre des Jeunesses syndicales et du P.O.B., répond que : "Tant que la politique du P.C. serait développée dans les colonnes de "Jeunesse nouvelle" quant à moi, je n'en vendrait pas un seul." 

Le ton est donné. Malgré la lutte acharnée qu'il mène pour l’unification des J.G.S. et des Jeunes communistes, Louis est, à chaque réunion avec le Comité central local du P.O.B., la  cible d'attaques sous prétexte de menée communiste. Il écrira au sujet de ses détracteurs : "Il n'est pas étonnant de voir comment l'offensive contre l'unité des jeunes fut menée d'une main de maître par  les dirigeants réactionnaires du P.O.B. avec l'appui des représentants des Jeunesses syndicales, les LIBOUTON, HERCOT et autres comparses politiques GODEFROID, PAINDAVEINE."

Au grand étonnement de Louis, la question de son exclusion des instances des J.G.S. a été  proposée par un ancien membre des Jeunesses communistes et ancien membre des Brigades internationales, le dénommé Alphonse Lhomme.

Faisant fi des remarques émises par Louis concernant son exclusion et après vote, celui-ci sera viré par une voix de majorité. Résultat des votes : 3 voix pour et 2 voix contre.

Ensuite, il est exclu de la Fédération bruxelloise des J.G.S. et de la Section nationale des G.S.U. d'Espagne de l’Internationale des  J.S.

Qu'à cela ne tienne... Exclu des J.G.S.S., Louis crée dans sa commune un "Club de la Jeunesse" appliquant ainsi la position prise par les exclus des J.G.S.U. lors des Congrès des Fédérations bruxelloises et liégeoise

Après la signature du pacte de non-agression germano-soviétique, le camarade Cornez, secrétaire local du P.C., membre du Comité fédéral du parti et secrétaire permanent du "Syndicat des Chevaliers du Travail", dénonce ce pacte et mène une campagne anti-soviétique et anti-communiste. C'est pourquoi, Louis prend l'initiative de publier un manifeste dénonçant "les agissements criminels de ce triste individu".

De sa propre autorité, le "triste individu" l'exclura du syndicat ainsi que d'autres militants communistes. Mais, c'est Louis qui le remplacera comme secrétaire de sa section du P.C. 

Ensuite, il est encore rappelé sous les drapeaux et puis, démobilisé quelques mois car, mineur de fond.

En 1940 , les mineurs  arrêtent le travail contre la prolongation de la journée des 8 heures dans les mines. Dans le charbonnage employant Louis, la grève a été préparée par le journal local du P.C. "A l'abattage", véritable bulletin de grève. D'après le camarade Drugmand, la grève a été sabotée par les responsables syndicaux socialises qui ont décidé la reprise du travail.

En représailles lors de la reprise du travail,  Louis est licencié et doit prester un préavis de 8 jours. Après ce délai, Louis se rend au charbonnage où, le portier lui rappelle  qu'il ne fait plus partie du personnel. Il entre quand même et entend un délégué socialiste dire qu'il a été licencié pour cause de propagande communiste.

Louis prend la parole en signalant le rôle de briseur de grève joué par ce syndicaliste. Le directeur ayant envoyé les gardes de la mine pour mettre Louis la porte. Ce qui provoque une réaction des ouvriers qui décident de ne pas travailler et d'envoyer une délégation auprès du directeur pour qu'il reprenne leur camarade. Le directeur leur promet de réfléchir à la chose et dit à Louis de revenir le lendemain.

Le lendemain quand Louis se présente, il essuie le même refus et la présence des gendarmes a été requise. Les fôstis descendrons avec une heure de retard. 

Ensuite, c'est la Police judiciaire de Charleroi qui intervient en le faisant appeler chez le lieutenant de gendarmerie de Marchienne pour signer un cahier où, Louis demandait pour rejoindre son régiment. Devant son refus de signer, il est alors frapper à coups de poings et de ceinturon puis, relâché. Deux jours plus tard, il reçoit un ordre de rejoindre un régiment autre que le sien. Il ne répond pas à cette nouvelle provocation.

Le 7 février 1940, un coup de grisou éclate au Puits Parent  des Charbonnages de Monceau-Fontaine à Marchienne-au-Pont. Louis se rend sur les lieux et interpellé par deux gendarmes et l'un d'eux dénommé Lefort lui donne l'ordre formel de rejoindre son régiment. 

Louis lui répond poliment qu'il ne les connaît pas et il repart en paix. Quinze jours plus tard, il est arrêté et conduit à la prison de Charleroi.

Transféré à Liège, il passe devant  l'auditeur militaire qui lui confirme son arrestation en attendant la décision du Conseil de Guerre.

Lors de son jugement, il est défendu par Maître Bastien qui est membre du P.C.  Louis est appelé à trois reprises pour entendre prononcer son jugement car, chaque fois remis à huitaine. Finalement, il est condamné à trois ans de prison et suivant l'avis du Parti, Louis va en appel. Suite à ce procès, il reçoit une lettre de félicitation du camarade Relecom pour sa conduite.

Après sa condamnation et son pourvoit en Appel, il est retransféré à la prison de Bruxelles en attendant le nouveau jugement.

Cela fait trois mois que Louis est incarcéré quand, la guerre éclate. Il est alors libéré pour rejoindre son régiment par ses propres moyens.

Dès sa sortie de prison, il se rend chez  le camarade Bastien, son défenseur. Celui-ci le félicite de cette sortie.

Louis ne rejoindra pas son régiment, les services de milice et les transports de voyageurs étant désorganisés.  Il rentre donc à La Docherie.

Dès son retour, Louis entre à nouveau en résistance et s’attèle à réorganiser le Parti communiste au niveau fédéral en attendant le retour d'exode de ses coreligionnaires de la Direction générale. Pour ce faire,  il collabore avec le châtelettain Désiré Desellier, député communiste et ancien ouvrier mineur.

Dans la foulée, Louis crée les journaux clandestins suivant : "Le Métallo" et "Le Mineur".

Le "Métallo"  voit le jour dès l'automne 1940. Au début, il est distribué à l'Usine de la Providence à Marchienne-au-Pont avant de s'adresser à l'ensemble des métallos carolorégiens. En octobre 1941, le "Métallo" porte en sous-titre : Organe syndical des métallurgistes de Charleroi. A partir de ce moment, il semble que Louis Drugmand soit remplacé par un certain Fernand Thonon comme responsable du journal.

Quant au journal clandestin "Le Mineur", il doit avoir vu le jour à peu près en même temps que  "Le Métallo". Il serait le précurseur de l'organe des C.L.S.  et  sa distribution débute au Charbonnage du Martinet à Monceau-sur Sambre."Le Métallo" et "Le Mineur"  cesseront de paraître en 1944.

A partir de décembre 1941, Louis Drugmand participe à la diffusion du journal clandestin carolo "Le Pays wallon" dont le responsable éditorial n'est autre que le trazegnien Victor Paindaveine.

En 1942, la direction du Parti  nomme Louis Drugmand responsable de la presse régionale. Il est, entre autres, chargé de superviser la réalisation du journal clandestin carolo  "L’Étincelle"().

Louis s'occupe de la mise en page, transport du lieu de composition au lieu d'impression et correction des épreuves.

Mais, cela ne dura qu'un temps.  En effet, un jour allant déposer la composition du journal chez l'imprimeur Boon à Trazegnies (), il ne trouve personne dans les locaux.

Alors, Louis Drugmand décide de  laisser la composition du journal sans surveillance dans le corridor d'entrée et s'en va.

Conséquence de son acte, Louis est viré immédiatement du P.C. pour imprudence grave.

Dès lors, Louis se réfugie dans le Centre.Mais sa disgrâce est  de courte durée. En mars 1943, le Parti le rappelle pour qu'il aille à Bruxelles travailler à  l'Imprimerie centrale.

A cette fin, Louis est invité à reprendre contact avec le camarade F. Coenen. Les deux hommes collaborent et s'occupent d'établir des contacts afin de trouver des locaux pour y installer l'imprimerie du Parti. A cette époque, Louis prend le nom de Chapeau comme fausse identité.

Le 12 mars 1944, Louis est arrêté  lors de la rafle des 4500. Il est considéré comme travailleur réfractaire car, il ne possède pas de carte de travail.  Il est donc conduit à la prison de Louvain et emprisonné sous le nom de Jean Dupuis.

Trois jours plus tard, Louis est embarqué dans un train qui le conduit à Berlin dans un camp de prisonniers italiens. Au mois d'avril, il est considéré comme travailleur libre et envoyé travailler dans les bois comme aide-bûcheron. 

Par après, il travaille pour des particuliers comme menuisier-charpentier. C'est ainsi qu'il entre en contact avec des cheminots hollandais (travailleurs volontaires) qui, moyennant la somme de 250 marks allemands, lui indiquent comment se forment les convois ferroviaires de la ligne Amsterdam-Berlin.

A la fin du mois d'août 44 nanti de ces informations, Louis Drugmand quitte comme d'habitude son camp de détention mais, prend la direction d'une gare de formation sise à trente kilomètres de Berlin. Il est accompagné de son ami bruxellois Jean Tange, ancien J.G.S. Ce soir-là, ils s'installent sous un wagon de voyageurs.

Le lendemain à midi, le train quitte la gare de Postdam à destination d'Amsterdam. Nos deux évadés arrivent à Amsterdam le même jour à 9h30 du soir. Par mesure de sécurité, c'est seulement le lendemain vers 4h30 du matin qu'ils quittent leur cachette et gagnent le centre ville. Après quelques difficultés, ils trouvent le moyen de se débarbouiller.

Ensuite, il leur est indispensable de se procurer de l'argent hollandais pour poursuivre leur voyage par chemin de fer. Ce sera chose faite grâce à la vente du tabac dont, ils s'étaient munis pour financer leur fuite. Arrivés à Breda, ils empruntent le bus pour rejoindre la frontière belge. Frontière qu'ils franchisent aisément  grâce à la complicité de paysans hollandais et belges.

La frontière franchie, ils se dirigent en tram à vapeur vers la ville de Breda et terminent leur voyage par train  à Anvers.

Peu de temps après son retour au pays, Louis devient responsable régional des "Comités de Lutte syndicales" (C.L.S.) créés par le P.C.B. pendant la guerre. Le C.L.S. est devenu la troisième force syndicale de Belgique.

En octobre 44, il passe secrétaire de l'"Intersyndicale C.L.S. de Charleroi et de la Basse Sambre" et siège comme membre au Comité national. 

Le dimanche 26 novembre 44, Louis participe à la manifestation de protestation de la Résistance qui a lieu à Bruxelles à l'appel du P.C.B. et du "Front de l'Indépendance"(F.I.).

A la fin de la guerre, Louis Drugmand et sa compagne Élisa De Decker viennent s'établir au numéro 110 de  la rue de la Baille à Souvret. Louis a repris son métier de mineur de fond et travaille à la fosse du 6 Perrier ( Charbonnages de Monceau-Fontaine).

Charbonnage du 6 Perrier (Ed. G. Douge à Souvret) - Collection Luc Heuchon
Communiste et délégué syndical convaincu, Louis continue de militer pour le Parti communiste et à défendre ses camarades houilleurs. C'est pourquoi, il se présente en même temps que Léona Motquin aux élections communales de 1947. Tous deux sont élus et siègent au Conseil communal de Souvret. 

 Louis se présentera également aux élections communales de 1952,1964. Il participera également à 5 élections provinciales entre 1951 et 1971. Mais, il ne sera jamais plus réélu.

En 1948, Louis Drugmand prend sa retraite et est reconnu comme invalide.  Par après, notre retraité s'occupera de la section régionale de la "Confédération générale indépendante des Pensionnés de Belgique".

Mais décidément, Louis est un "homme de presse" car, il ne peut s'empêcher de créer un petit journal syndical de deux pages intitulé "Du carré à front" édité par la Section communiste du 6 Perrier dont, il est le secrétaire et le principal animateur.

"Du carré à front", 1950, n°3 - © Document CarCob (Bruxelles)
Notons des textes datant de 1950 et accompagnant le dessin du haut à gauche et celui du bas à droite (voir ci-dessus) : 

1."- Atteinte à la pudeur ?

- Non, mais j'essaie de m'habituer au sort que me réserve le Gouvernement s'il s'occupe encore de mon pouvoir d'achat !.."

2."BERCEUSE 

Dors, t'auras 5´%

Dors, t'auras 5%

à Noël, ou à Pâque, ou..."

En 1970, Louis et sa compagne déménagent et s'installent au numéro 31 de la rue du Stocquy.

Louis Drugmand se présente pour la dernière fois aux élections communales du 11 octobre 1970. Il conduit la liste n° 2 appelée  "Union Démocratique". Sa compagne fait également partie des candidats.

Tract électoral 1970 - © Document CarCob (Bruxelles)

 En 1973, il épouse sa compagne Élisa De Decker. 

Que peut-on ajouter concernant Louis Drugmand ?  

Primo, son nom est et s'écrit bien DRUGMAND et non DRUGMAN comme, certains auteurs l'écrivent. Secundo, les documents que j'ai pu consulté, ne parlent pas de sa vie privée et ne comportent aucune photo de lui. Et, il me semble avoir lu quelque part que Louis Drugmand et sa seconde épouse auraient eu deux filles. Mais, je n'ai pu en avoir confirmation.

Louis Drugmand eut l'occasion au cours de sa vie d'écrire d'écrire des articles  pour diverses publications essentiellement clandestines. Mais, je n'ai pu d'en établir la bibliographie vu que les supports ont disparus ou dorment dans quelques greniers.

Le combat du camarade Louis Drugmand pour la justice sociale et la fraternité entre les hommes s'arrêta définitivement le jeudi 14 août 1980.

Hasta siempre Camarade Drugmand !!!!

Notes : 

(1) Dans une autre note biographique destinée au P.C.B. et rédigée en 1944, il écrit s'être affilié au Parti en 1929.

(2) dixit Louis Drugmand

(3) Le journal clandestin "L’Étincelle" a été créé par les députés Henri Glineur, Désiré Desellier et Valentin Tincler en octobre 1940. Les articles étaient écrits principalement par Henri Glineur jusqu'à son départ en juin 1941.

Bio-bibliographie

Almanach...

Almanach de Souvret 1987

. - Souvret : Centre culturel, 1987

. - Louis Drugmand : p. 24

. - Léona Motquin : p. 24

Drugmand, Louis

Du carré à front

. - Souvret : Section communiste du puits n° 6 Perrier, 1950

. - 2 p. : ill.

Dossier Louis Drugmand

.- Bruxelles : CarCob, [s.d. ]

. -  1 farde

Gotovitch, José

https;//maitron.fr/spip.php?article87934, notice DRUGMAND Louis. Pseudonyme à Moscou : BATAILLE, Albert ; dans la clandestinité : Willy, par José Gotovitch, version mise en ligne le 9 mai 2010, dernière modification le 24 avril 2016

Interviews de M. Sam Herssens des 05/04/1972 et du 23/03/1972
. - Bruxelles :  Cegesoma, 1972

Commune...

Commune de Souvret : Liste des électeurs aux  Chambres législatives, Conseils provinciaux et Conseils communaux pour 1974-1976

. - [S.l. : s.n.], 1973

Maerten, Fabrice

Du murmure au grondement : la Résistance politique et idéologique dans la Province de Hainaut pendant la Seconde Guerre mondiale (mai 1940 -septembre 1944)

. - Mons : Hannonia,  1999

. - 3 vol. (1176 p.)

. - Louis Drugmand : pp. 403, 409, 454, 458, 483

Auteur : Luc Heuchon© 

Reproduction partielle autorisée sauf documents CarCob et Cegesoma.