mercredi 8 novembre 2023

C'est un joli Nom CAMARADE. C''est un joli Nom, tu sais... entre cerises et grenades... (Jean Ferrat) - Victor Paindaveine, un enseignant au service de la Patrie

Victor, Léon Paindaveine pousse ses premiers cris à Trazegnies le jeudi 27 mai 1909.


Victor Paindaveine en 1934 - ©Institut Émile Vandervelde (Bruxelles)

A notre grand dam, nous ne connaissons rien de la jeunesse du camarade Victor Paindaveine à part le fait qu'il fit partie des scouts socialistes les "Faucons rouges" et des  "Jeunes Gardes Socialistes" (J.G.S.)  de Trazegnies.

Réunion des J.G.S. - Tête de V. Paindaveine cerclée de rouge - Photographie ©Institut Émile Vandervelde (Bruxelles)
C'est dans ce cadre qu'il rencontrera sa future épouse Léona Motquin dont, il divorcera en 1942.

Professeur de mathématique dans la vie courante, Victor Paindaveine est une des figures de proue des Jeunes Gardes Socialistes de la Région de Charleroi. En effet, il en assuma la présidence au niveau régional et fut membre de la direction nationale.

C'est à ce titre qu'au début, il s'oppose farouchement à l'unification des Jeunes Gardes Socialistes avec les  Jeunesses Communistes. Lors du congrès des J.G.S.qui se teindra à Roux après les grèves de 1936 et la victoire aux élections législatives du P.S., les J.G.S. organisent,  sous la présidence de Victor Paindaveine, un congrès afin de donner une nouvelle orientation à leur combat et tenter un rapprochement  avec les Jeunesses communistes. 

Paindaveine et un dénommé Allard estiment que cette union rendrait les jeunes plus forts dans le combat contre le capitalisme et le fascisme. Mais, Fabrice Martens

Finalement, cette fusion aboutira avec beaucoup de difficultés sous l’appellation des "Jeunes Gardes Socialistes Unifiées" (J.G.S.U.) et durera peu de temps. En effet, les socialistes craignaient une mainmise communiste sur l'organisation.

Ceci dit, une autre source nous apprend qu'à la fin de l'entre-deux-guerres, Victor Paindaveine était farouchement opposé à cette union. Quid ??? Nous n'avons pu élucider la chose.

Réunion des Jeunes Gardes socialistes -  Tête de V. Paindaveine cerclée de rouge - Photographie ©Institut Émile Vandervelde (Bruxelles)
           Photographie

En septembre-octobre 1940, Victor Paindaveine  reçoit chez-lui des socialistes membres du Parti Ouvrier Belge (P.O.B.) ainsi que les communistes Henri Glineur et P. Bosson[sic],  membres du P.C. Une réunion des Jeunes Gardes Socialistes Unifiées aura également lieu à son domicile.

Henri Glineur collaborera avec Victor Paindaveine du 08/09/1940 au 22/06/1941 à la parution du journal clandestin "L’Étincelle"".

Dans un courrier daté de 25 septembre 1940, Victor Paindaveine rappelle à Hendrick De Man sa demande d'être reçu par lui.  De Man répond à son courrier en fixant rendez-vous à Victor Paindaveine.

Mais, le courrier date du 7 octobre et Victor le reçoit le jour mêm du rendez-vous. C'est-à-dire le vendredi 11 octobre. D'où, impossibilité de se rendre à la convocation. 

Léona Motquin envoie donc un mot d'excuses à De Man en demandant à ce dernier de reporter le rendez-vous à une date ultérieure. En sus, elle informe que Victor Paindaveine est alité car, il souffre d'une crise aiguë de la vésicule biliaire.

Finalement, nous ne savons pas si, ce rendez-vous eu lieu. Mais, au bas du courrier de Léona Motquin, il a été annoté : "D'après Tom, serait devenu communiste".

Quant à Victor Paindaveine, il date son adhésion au Parti Communiste fin mai 1941 et dans un premier temps, Victor Paindaveine fonde la cellule carolo du "Front wallon pour la Libération du Pays".

En avril-mai 1941, Victor Pandaveine, Jules Avaux et un dénommé Marcel  Lambotte  sont à l'origine de la création du  "Front de l'Indépendance" de la Région de Charleroi. Dans la foulée, Victor Paindaveine et Jules Avaux créent le journal clandestin "Le Pays wallon".

Après 4 ou 5 numéros parus du 03 avril 1941 à juillet 1941, le journal fusionnera avec "L'Indépendance" journal officiel du F.I. Victor s'occupe activement de la presse et des publications en général.

En janvier 1942, les allemands procèdent à l'arrestation du groupe "Wallonie Libre". Le domicile du couple Paindaveine-Motquin est perquisitionné. Dans la foulée, Victor Paindaveine est interrogé par l'autorité allemande à la rue Ernest Charles à La Louvière. où, il est interrogé

Il comparait à nouveau devant les représents de l'autorité allemande le 3 mars 1942 avec un autre résistant dont, il ne connaîtra pas le nom. Ils sont interrogés au sujet des groupes armés de Charleroi.

Suite à une deuxième visite de la Gestapo venue à son domicile pour l'arrêter, il décide avec son épouse d'entrer dans la clandestinité. Nous sommes le 22juillet 1942, le couple  part pour le Borinage.

Victor devient alors le responsable régional du Front d'Indépendance (F.I.) de la Région du Borinage. De temps à autre, les époux Paindaveine-Motquin sont en contact quoique déjà en instance de divorce.

Il continue cependant de publier en collaboration avec Jean Terfve (2) le journal régional "L'Indépendance".

Début janvier 1943, Victor Paindaveine est envoyé à Liège comme responsable provincial du F.I. Il a été écrit que c'était suite à une indiscrétion de son beau-frère Arsène Motquin qu'il fut arrêté en avril 1943. Ce qui n'est pas tout à fait vrai...

Pourquoi ??? Victor Pandaveine a également dans ses attributions la récolte de fonds pour le Maquis : aides matérielles aux résistants et réfractaires ainsi qu'à leurs familles, pour la parution des journaux et tracts clandestins, ... 

Ayant appris qu'il était possible "d'obtenir  de l'argent afin de soutenir notre mouvement. Mon beau-frère Motquin Arsène avait fourni tous les renseignements me permettant d'entrer en liaison avec le représentant d'une soi-disant qui était chargée d'aider la résistance en Belgique notamment. A cette époque, j'avais besoin d'une forte somme (100 000 frs) pour payer une imprimerie que j'avais achetée afin de tirer régulièrement les journaux du F.I. Je me suis rendu à Paris le 1er ou 2 avril où devait se traiter l'affaire. Là, je fus mis en contact avec un appelé Jacobs de nationalité belge qui me versa [un acompte de] 250 000 fr français que je ramenai en Belgique".

Victor Paindaveine fit appel à un dénommé Clément domicilié à Bruxelles. C'est ce dernier qui l'avait conduit à Paris pour obtenir le prêt. Fort de cette expérience et voulant en faire profiter le F.I. et le Parti communiste, le camarade Victor Paindaveine leur fait parvenir un "mot". 

Suite à ce "mot", il obtient une entrevue entre Pier Nothomb du P.C. et "Nicolas", le responsable national du F.I. Ces derniers lui reprochèrent de s'être rendu à Paris sans leur en avoir demandé l'autorisation.

Pour sa défense, Victor Pandaveine répondit qu'il avait voulu se rendre compte personnellement de l'offre faite avant d'en référer au mouvement. Après une mise en garde, il fut autorisé à conclure l'affaire et ensuite, de la transmettre à la direction nationale du F.I.

Fort de cela, Victor Pandaveine reçoit à Bruxelles, Jacobs, son contact  parisien. Ce dernier devant lui apporter un quart de million pour compléter la mensualité que le F.I. devait recevoir suite aux premiers accords.

Cependant, cela ne se passa pas comme prévu. En effet, "J'ai rencontré ce Jacobs qui m'apprit que son chef avant de terminer définitivement l'affaire  désirait me parler afin de liquider certaines questions de détail."

Résultat des courses, Paindaveine doit à nouveau se rendre à Paris où, il toucherait les 250 000 francs français qui ne lui avaient été apportés.

Avant de se rendre à Paris, Victor Paindaveie doit rencontrer "Nicolas", le responsable national du F.I. Malheureusement, il ne rencontre que son courrier qui lui transmet un mot qui l'informe que "Nicolas" est dans l'impossibilité de le voir du fait des difficultés et des dangers rencontrés à Bruxelles en particulier.

C'est pourquoi, "Nicolas" le prie de conduire toutes les affaires au mieux. Victor Paindaveine retourne donc à Paris pour terminer cette affaire de subsides sans se douter qu'il est tombé dans un piège tendu par l'Abwehr.

A son arrivée Gare du Nord, il est arrêté et conduit à la prison de Fresnes où, il est interrogé. Victor écrira à ce sujet : "Au cours des interrogatoires qui suivirent, je niai malgré les coups, appartenir au F.I. et de m'occuper d'espionnage, de sabotage, de publications clandestines. Je reconnus avoir simplement recherché de l'argent pour le compte d'une petite organisation clandestine intitulée "Parti socialiste wallon" qui s'occupait de venir en aide aux familles des prisonniers politiques. Le texte de ma condamnation que j'ai ramené avec moi d'Allemagne, déclare : "L'accusé V. Pandaveine est condamné à 18 mois de prison à cause de sa participation à une organisation interdite."

Par la suite, il est transféré en Allemagne dans le Land de Rhénanie du Nord-Westphalie à Hagen où, il reste emprisonné jusqu'à l'arrivée des américains le 15 avril 1945.

A partir de cette date et jusqu'à son retour en Belgique le 29 mai 1945, Victor Paindaveine s'occupe du rapatriement des prisonniers belges   dans leurs foyers. De retour en Belgique, il continue à s'occuper du rapatriement de ses compatriotes. A partir d'août 1945, il succède à Paul Van Zeeland au poste de Directeur général au Rapatriement.  Fonction qu'il occupera jusqu'en janvier 1948, date à laquelle, le Comité belge au rapatriement sera dissous définitivement.

Mais dès son retour en Belgique, Victor Paindaveine fut accusé par le F.I. de trahison. Suite à un mot de Despy entrevoyant la possibilité d'utiliser les compétences de Victor Paindaveine au sein du P.C. un fragment de rapport[sic] contenu dans un dossier au nom de notre trazegnien dit, en autres :

- que cela impose une enquête minutieuse vu que son arrestation est due "à un acte d'indiscipline caractérisé",

- qu'"il se serait sérieusement dégonflé en prison",

- qu'il aurait sollicité l'intervention de  De Man ou des gens de son entourage pour être libéré,

- qu'il "aurait adopté une attitude hostile à la position de lutte du Parti adoptant la prudence couarde d'une bonne partie des militants socialistes".

L'auteur dont le nom et la signature  n'apparaîssent  au bas de cette note souligne qu'il n'a pas pu vérifier minitieusement ces renseignements donnés lors  de "l'illégalité". Il termine sa note en indiquant que si Paindaveine est utilisable, il pourrait être repris au F.I. "où à certains moments, il a fait de l'excellent travail". Il estime également que vu son passé aux J.G.S. et d'un des fondateurs des "Faucons rouges", il serait une recrue de poid pour la Direction des Jeunesses Communistes. Mais, à condtion d'avoir des apaisements sur son engagement politique.

Concernant ces accusations , Victor Paindaveine y a répondu comme vous avez pu le lire plus haut dans la relation de son arrestation et de son incarcération.

Après son retour de captivité, il réside au N° 5 de la rue de Courcelles à Trazegnies.

Par la suite, Victor Paindaveine reprend du service au F.I.  Mais, son état de santé laisse à désirer. Cela lui vaut plusieurs mois de convalescence. A la même époque, il est Directeur au Rapatriement. 

Comprenne qui pourra ?

Par la suite, il reprend son métier d'enseignant. Ce faisant, il crée une école libre non-confessionnelle, l'Ecole de Plein Air à la rue Dieweg, N° 65 à Uccle dont, il sera le directeur jusqu'à sa retraite.

Quant à sa vie privée, Victor Paindaveine a épousé en seconde noce Simone Reumont, administratrice de société.

Bibliographie

Paindaveine, Victor

Ni fascisme, ni capitalisme! : les jeunes socialistes devant la guerre actuelle

. - La Louvière : Labor, 1940

. - 24 p.

Sources bibliographiques sommaires

Centres de documentation :

CArCoB - Centre des Archives communistes en Belgique

rue de la Caserne, 33
1000 Bruxelles

Téléphone : 02/513 61 99 et 02/513 15 83

http://www.carcob.eu

Dossier Victor Paindaveine

Service des Victimes de Guerre
Square de l'Aviation , 31 1070 Bruxelles
+ 32 2 528 91 00
contact :
aos_avg@arch.be

Dossiers Jules Avaux N° 773.059 - Dossier Jules Avaux FC 20 550 et Dossier Jules Avaux N° 622612/2684/2688 : Pro Justicia Interrogatoire Paindaveine

Institut Emile Vandervelde (IEV)

Centre d'archives
boulevard de l'Empereur 13
1000 Bruxelles

+ 32 548 32 12

Contact : bibliothe@iev.be

Photographies Victor Paindaveine

Ghenne, J.-C.

Le rapatriement des prisonniers politiques belges des camps de concentration : Mémoire de licence en Histoire inédit

. - Liège : Université de Liège, année académique 2001-2002 

. - Victor Paindaveine p. 45.

Gotovitch, José

Du rouge au tricolore : les Communistes belges de 1939 à 1944 :

 un aspect de l'histoire de la Résistance en Belgique

. - Bruxelles : CarCob, 2018

Maerten, Fabrice

Du murmure au grondement : la Résistance politique et idéologique dans la Province de Hainaut pendant la Seconde Guerre mondiale (mai 1940 -septembre 1944)

. - Mons : Hannonia,  1999

. - 3 vol. (1176 p.)

. -  Léona Motquin : pp. 126-127

. -  Victor Paindaveine : pp. 126-127

Poty, Francis et Delaet, Jean-Louis

Charleroi

.- Charleroi: Présence et action culturelles, 1985

. - 209 p.

. - Victor Paindaveine p.105

Auteur : Luc Heuchon©

Contact : alain.luc.richir.heuchon@gmail.com 

Reproduction partielle pour le texte autorisée à condition de citer la source. Pour la reproduction des documents photos, l'autorisation est  à demander à l'Insitut Emile Vandervelde à Bruxelles

 

 

 

 














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