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dimanche 26 juin 2022

C'est un joli Nom CAMARADE. C''est un joli Nom, tu sais... entre cerises et grenades... (Jean Ferrat)

CarCob 

Jules Avaux, un de ces hommes qui maria cerises et grenades... : du Parti Ouvrier Belge au Parti Communiste Belge et du Parti Communiste Belge au Parti socialiste.

Fils d'ouvriers, Jules Avaux est né à Gosselies le 8 mai 1906. Oscar, son papa était coupeur de verre.

Jules Avaux ©Doc. CarCob (Bruxelles)

Le petit Jules perd sa mère à l'âge 8 ans. Après avoir passé quelques années aux Pays-Bas avec son père, il revient à Courcelles où, il est élevé par sa grand-mère.

Après son école primaire, Jules devient ouvrier verrier comme son papa et suit pendant trois ans des "études industrielles" (1) au cours du soir. Quant à savoir lesquelles et à partir de quelle année, nous n'avons pas plus amples informations à ce sujet. Mais, il y a de fortes chances qu'il ait suivi ces cours à l’École industrielle de Courcelles. Son diplôme en poche, il devient employé et militant syndical. 

En 1924, Jules est appelé sous les drapeaux et intègre le 9ème Régiment d'Artillerie comme soldat-milicien.

Par après, il est remarqué pour son engagement dans la lutte syndicale par le socialiste courcellois Léon Watillon(1). C'est pourquoi, la Fédération socialiste des Syndicats de Charleroi l'envoie à l’École ouvrière supérieure suivre les cours d'auxiliaire social E.O.S. Jules en sort diplômé en 1933. 

Ensuite, Jules devient Secrétaire du Syndicat général des Employés, Techniciens, Magasiniers et Voyageurs de Commerce de Belgique (SETca), section de Charleroi.

Ses centres d'intérêt d'ordre intellectuel sont la littérature, la musique, l'art dramatique, la sculpture et le cinéma. Jules s'intéresse également à la biologie et à la physique.

En 1932, Jules se présente aux élections communales sur la liste du P.O.B. et est élu conseiller communal. Sa carrière politique est lancée et en décembre 1935, il devient échevin. 

Membre des "Jeunes Gardes Socialistes", il participe activement  à la campagne pour le "Plan" d'Erik De Man dans le cadre du "Théâtre rouge" et des "Chœurs parlés ". Il y anime un groupe de plus ou moins 40 personnes à qui l'on donnera le nom de "Gueules noires de Charleroi" et écrit lui-même un chœur intitulé "Notre pain quotidien" qui débutait sous forme de prière. Sa future seconde épouse fait partie de l'aventure qui débute après le Congrès du P.O.B. de Noël 1933 pour se terminer après les élections législatives de mars 1935 et la formation d'un gouvernement d'unité nationale dirigé par le catholique Paul Van Zeeland. Ce gouvernement refusa les nationalisations et le contrôle des banques comme le prévoyait le "Plan"  de De Man.

En 1936, Jules devient premier suppléant P.O.B. à la Chambre et est invité pour un séjour d'un mois en Union soviétique.  Séduit par le pays, il adhère au mouvement "Les Amis de l'Union soviétique". Cela lui causera du tort plus tard.

Pendant la guerre civile espagnole qui fait rage à l'époque, il prend  fait et cause de manière active pour l'Espagne républicaine.

Cette même année, le mouvement syndical socialiste prend ses distances avec le P.O.B. et crée en 1937, la nouvelle Confédération générale du Travail belge (CGTB). Jules s'y affilie par le biais de la Centrale nationale. A l'époque, il est Secrétaire du Syndicat général des Employés, Techniciens, Magasiniers et Voyageurs de commerce de Belgique (SETca), section de Charleroi.

Suite aux élections communales de 1938, il devient premier échevin et occupe la fonction d'échevin des finances. En tant que premier échevin, c'est lui qui assume les fonctions de bourgmestre quand, ce dernier est dans impossibilité d'assumer son mandat pour cause de maladie ou autre(s). 

C'est pourquoi, il est acté en séance du Collège du 28 mars 1939 que Constant Druine le mandate pour le remplacer pour une durée d'un mois pendant son hospitalisation.

Divorcé, Jules épouse en secondes noces Julia Demiesse en juillet 1939. Celle-ci travaille à la C.E.C.A. sous les ordres de Paul Finet et travaille directement pour le Plan de De Man. Le fait d'épouser Jules lui crée des ennuis et elle doit quitter son emploi de cheffe de service au "Palais du Peuple" de Charleroi.

Henri de Man - Photo d'origine inconnue (Coll. de l'auteur)

Le 20 janvier 1940, Jules Avaux est à nouveau mandaté pour remplacer Constant Druine aux commandes de la commune. Deux jours plus tard, ce dernier mourrait. Émile Clersy écrira à ce sujet : "Ce fut la consternation au sein du Conseil communal. La commune perdait un premier magistrat communal de valeur et la population un père attentif à tous ses problèmes... Constant Druine était conscient de ses responsabilités envers la population courcelloise. C'était un grand honnête homme".

Le 27 janvier 1940, Jules Avaux redevient bourgmestre faisant fonction en application de l'article 107 de la Loi communale.

En date du 16 mars 1940, le Collège communal décide d'une nouvelle répartition des mandats. Jules Avaux reste bourgmestre f.f. et se voit attribué l'échevinat des Finances et  la Police. Léon Watillon est échevin de l’Enseignement, Alfred Coquette est échevin f.f. des Travaux et Auguste Adam, le dernier désigné pour être échevin f.f., se voit attribué l'échevinat de l’État civil et des Œuvres sociales.

Cette nouvelle formation collégiale tient sa dernière séance officielle le 27 avril 1940. Mais, un Collège communal composé essentiellement de faisant fonction n'est pas très légal. Alors, il est décidé de demander au Roi de nommer officiellement un nouveau bourgmestre. Le Parti socialiste étant majoritaire à l'époque au Conseil communal, c'est au Parti socialiste de proposer un candidat.

C'est tout naturellement qu'il propose Jules Avaux comme bourgmestre. Nous en reparlerons un peu plus loin pour une raison chronologique.

Quelques temps avant que la seconde guerre mondiale n'éclate, un groupe d'exilés allemands ayant fuit le régime nazi réside à Courcelles et fait partie du cercle de connaissances du couple Avaux.

A l'arrivée des soldats français, il est conseillé aux exilés allemands de se constituer prisonniers pour leur bien. 

A ce sujet, Madame Avaux, lors de son interview par le Professeur José Gotovitch (2) en 1985, raconte :  "A Courcelles, ils étaient sept, de toutes les classes d'ailleurs. Il y avait un mineur, un ingénieur, un coiffeur... Le mineur, Karl, c'est celui qui faisait notre jardin. L'ingénieur, c'était Roger, il venait tous les mercredis dîner avec nous. Le coiffeur finissait toujours par revenir chez nous parce que Jules était militant... Quand la guerre s'est déclarée le 10 mai, tout le monde est arrivé à la maison demander ce qu'il fallait faire. Chez nous, c'étaient les Français qui sont arrivés les premiers, les Sénégalais. On leur a dit : - "Rendez-vous, vous avez beaucoup plus de chance que de vous cacher. Si vous êtes pris, on vous prendra pour des espions. Malheureusement, ça n'a pas traîné; ... Les sept qui étaient chez nous, nous avons tous chanté l'Internationale, le poing levé. C'était pathétique. On s'est embrassé, on s'est souhaité bonne chance, et ils sont partis se livrer au "Petit Courcelles",..., aux Français. Et là, on n'a rien écouté , ils ont été fusillés sur le champ !"

A la question du Professeur Gotovitch demandant à Madame Veuve Avaux si Jules était déjà bourgmestre de Courcelles à l'époque, celle-ci répondit : "Bien sûr, mais nous n'avons pas eu le temps d'intervenir".

La population courcelloise est mortifiée et la peur s'installe. En effet, les tirailleurs sénégalais n'en restent pas là  et les courcellois sont terrorisés et certains prennent la fuite. 

Madame Avaux raconte : "... il y a eu la femme du professeur. Elle descendait les escaliers avec ses deux bébés sur les bras, et il y a un soldat sénégalais qui  est entré et ... pan ! Ils ont été tués tous les trois."...

Le 10 mai 1940 vers midi, des réfugiés paniqués venant de Liège passent par Courcelles.

Jules décide d'évacuer avec son épouse en France par mesure de sécurité malgré que cette dernière soit enceinte de leur premier enfant et est presque à terme. Le Conseil communal de Courcelles en date du 11 mai 1940 prend acte de la démission de Jules Avaux de ses fonction d'échevin des finances et de premier échevin ainsi que celle de Léon Watillon.

Ce qui contredit les dires de sa veuve au Professeur José Gotovitch lors de son interview, Jules Avaux n'est plus bourgmestre faisant fonction à cette date. C'est Auguste Adam qui est bourgmestre. Le procès-verbal du Conseil communal de Courcelles du 11 mai 1940 le confirme. Quelles sont les raisons pour lesquelles Jules Avaux ne put devenir bourgmestre à part entière ?

Pourtant, il était logique  que Jules Avaux devienne bourgmestre en titre mais, il n'en fut rien... Pour quelles raisons ?

Le 10 février 1940, le Comité central du P.O.B. se réunit afin de désigner un candidat au poste de bourgmestre et un nouvel échevin pour remplacer Constant Druine. Pour la désignation d'un nouvel échevin, c'est Auguste Adam qui ramasse la mise avec 29 voix sur 51. Ensuite, le Comité procède au vote devant désigner le futur bourgmestre. C'est Jules Avaux qui gagne le jack-pot avec 27 voix contre 24 à Auguste Adam.

Cependant le 13 avril 1940, on assiste à un rebondissement lors d'une deuxième réunion du Comité central du P.O.B. pour la désignation du futur bourgmestre de Courcelles. Auguste Adam déclare que le Commissaire d’Arrondissement lui a demandé par écrit le nom du deuxième candidat à la fonction de bourgmestre de Courcelles.

Léon Tournay, secrétaire communal et membre du Comité central du Parti socialiste reconnaît en séance que c'est lui qui a donné le nom du deuxième candidat à la fonction de bourgmestre au Commissaire d'Arrondissement.

Cette demande est la première du genre pour toutes les communes belges. C'est du jamais vu. C'est pourquoi, la proposition mise à l'ordre du jour et déposée par André Huart de Courcelles-Forrière est adoptée à l'unanimité moins 1 voix et 1 abstention.

C'est à dire que seule la candidature de Jules Avaux est valable  pour assurer la gestion communale et du Parti socialiste au plan local. A cette occasion, Léon Watillon explique que tous les membres du Comité central devaient se conformer à la décision initiale du Comité. Il ajouta : "le fait pour un second candidat, quel qu'il soit, d'accepter la fonction de bourgmestre constituerait un acte grave d'indiscipline."

Mais, nouveau rebondissement. Le 30 avril 1940, le Comité central du P.O.B.  se réunit en urgence. Auguste Adam est invité à prendre la parole.

Il déclare à l'assemblée avoir reçu un télégramme d'Henri Van Mol (), Gouverneur de la Province du Hainaut le convoquant à Mons pour prêter serment de bourgmestre. Adam dit avoir accepté. Il est donc le nouveau bourgmestre de Courcelles.

Plusieurs membres du Comité central crient à la trahison d'autant plus qu'Adam avait signé le courrier  du Conseil communal de Courcelles  signifiant au Commissaire d'Arrondissement qu'aucun signataire de la lettre n'acceptait de figurer comme candidat bourgmestre en lieu et place de Jules Avaux. 

Un vote pour désavouer l'action d'Auguste Adam est décidé. Contre toutes attentes, celui-ci s'en sort. Cela ne sera pas sans conséquence au vu du manque de formation d'Auguste Adam tant au niveau politique et en matière de gestion. Qualités dont ne manquait pas Jules Avaux qui était aussi, naturellement,  un meneur d'hommes.

Notons que les socialistes ne sont pas les seuls responsables de la non-désignation de Jules Avaux par le Ministre de l'Intérieur de l'époque. L'opposition libérale et cléricale avaient également une très grande responsabilité quant à la non désignation d'Avaux. En effet, ils s'étaient plaints que, outre le fait que Jules Avaux soit socialiste de gauche, que ce dernier s'était rendu en U.R.S.S. et qu'il était membre des "Amis de l'U.R.S.S."

C'est pourquoi, A. Adam,  devenu bourgmestre, préside la séance du Conseil communal de Courcelles. Séance au cours de laquelle, Jules Avaux annonce à l'assemblée qu'Hector Mascaux fait don à la C.A.P. de Courcelles de à charge pour l'Administration communale de Courcelles d'entretenir le caveau familial de la famille Mascaux.

Dans la foulée, le conseiller Alfred Coquette fait part aux conseillers communaux que le Docteur Fernand Mascaux, fils d'Hector, fait un don de livres pour la bibliothèque communale de Courcelles.

Il est bon de signaler que lors de l'exode,  Jules n'est pas le seul élu communal à quitter Courcelles à ce moment. Prennent également la poudre d’escampette, le bourgmestre Auguste Adam, plusieurs autres échevins et conseillers communaux ainsi que le Receveur communal et le Directeur des Travaux. Le Receveur communal partira avec la caisse communale contenant  francs (€. Plusieurs membres du personnel communal et du corps enseignant suivront leur exemple. A l'armée, cela aurait équivalu au statut de déserteur, passible du Conseil de Guerre et du peloton d'exécution.

Malgré la présence d'une voiture dans leur garage et ne trouvant personne pour la conduire, c'est à pied que les Avaux partiront pour l'exil. En effet, notre futur militant communiste ne sait pas conduire. Comme bagage, Madame Avaux prépare un sac à provision avec son tricot, un  pain et un couteau ainsi que le trousseau pour l'enfant à naître.

Dans un premier temps, le couple décide de prendre un tram à Courcelles-Trieu pour partir. Mais, ces derniers sont pris d'assaut par les gens. Alors, Jules et  Julia partent à pied en direction de La Louvière.

Arrivés là-bas, Julia est exténuée. Sur place, le couple apprend qu'un tram part pour la France le lendemain à quatre heures du matin. Par chance, nos deux courcellois trouvent place à bord. 

Place du Trieu - Arrivée des allemands à Courcelles - Collection Jean-Luc Goosens©

Ils arrivent dans le village français de xxxx-aux-Bois déserté par ses habitants. Ne restent au village que le maire , le secrétaire communal et le boulanger. C'est la pagaille vu l'affluence des réfugiés belges. Les gens ont faim et veulent du pain. Mais, le boulanger du village ne peut faire face à la demande des deux à trois cent réfugiés.

La police municipale s'est également enfuie. Alors, notre concitoyen Jules Avaux prend les choses en main et "s'est imposé pour donner du pain à ceux qui n'en avaient pas. Il a fait la police." C'est pourquoi le vieux maire de xxxx-aux-Bois lui a demandé de continuer son action de manière officielle. Mais, Jules se voit dans l'obligation de refuser.

En effet, Julia est alitée et veut rentrer chez elle pour accoucher. C'est en camionnette, avec une famille liégeoise venant de Thionville  que le couple rentre à Courcelles. Le voyage durera deux jours.

Seulement à Valencienne, ils sont arrêtés par les allemands qui ramassaient tous les hommes valides pour les emmener avec eux.

Laissons encore une fois la parole à Madame Avaux : "Quand j'ai vu que mon mari allait partir, je me suis mise au bord de la camionnette, je lui disais au revoir, et un allemand a dit : "C'est votre mari ?" Je dis "oui". "Et le bébé?" Alors, le soldat a laissé Jules rejoindre son épouse. Leur exode aura duré trois semaines.

A leur retour, ils retrouvent leur maison et leurs biens intacts malgré qu'ils soient partis sans fermer les portes à clé. Nous sommes un vendredi.  Quelques temps après, leur premier fils prénommé Claude vient au monde avant la date prévue pour l'accouchement qui devait se produire en août.

Dès son retour d'exode, Jules est sollicité par des collabos à les rejoindre. Parmi eux, nous trouvons  un journaliste et un industriel courcellois. 

Mais, Jules fait la sourde d'oreille à l'appel des sirènes fascistes. Par contre dès juin 40, il répond favorablement la demande des frères Glineur d' entrer dans la résistance. Jules adhère au P.C.B. le 1er juin 1940 sans mettre son épouse au courant de la chose.

Henri Glineur - Photo de ©Doc. CarCob (Bruxelles)

Le jeune garde communiste Georges Glineur dans les années 30 ©Doc.CarCob (Bruxelles)


Il faut dire que depuis quelques temps, le fossé idéologique s'est  creusé entre Jules et le P.O.B. En effet, Jules estime que la ligne idéologique du Parti communiste lui correspond mieux. 

Débute alors l'action clandestine de Jules.

Quelques temps après 

En 1941, Jules constitue avec Victor Paindaveine(2) et Marcel Lambotte(3) une cellule du "Front wallon pour la Libération du Pays" ^pour la région de Charleroi.

Dans la foulée, Jules crée, rédige et diffuse un journal clandestin avec Victor Paindaveine et reprend pour ce faire le titre du quotidien démocrate-chrétien de Charleroi "Le Pays wallon" qui a cessé de paraître en mai 40. "Le Pays wallon" ne paraîtra que jusqu'en 1942.

En août 1941, Jules refuse de réclamer à ses membres la récente cotisation obligatoire de l’U.T.M.I. En représailles, il est immédiatement démis de ses fonctions syndicales par Thierry Van de Plas, le secrétaire national du syndicat de l'Ordre nouveau.

Notre courcellois se retrouve donc sans travail. Dans un premier temps, il est prévu que Jules travaille pour un  marchand de charbon montois Devroedt. Mais, cela ne se fait pas. Qu'à cela ne tienne, Devroedt le recommande à un dénommé Debrouck, marchand de charbon carolo dont les affaires périclitent. Jules remet l'affaire à flot et Debrouck devient le représentant à Charleroi  du Ministère des Affaires économiques surtout pour le charbon qui,  déjà à l'époque, était rationné.

Quinze jours avant la naissance de sa fille, des soldats allemands forcent la porte de son habitation alors que Jules vient de partir travailler. La soldatesque se dirigent directement vers la cuisine où se trouve Julia. Celle-ci reste bouche bée devant l'apparition de sept armoires à glace qui lui demandent "Monsieur Avaux ?" 

Ayant appris que Jules était absent, ils se mettent à fouiller les lieux à la recherche d'une preuve de son appartenance à la Résistance. Par chance, ils ne trouvent pas la machine à écrire de marque allemande dont se sert Jules pour taper ses tracts. Descendus à la cave, ils remontent bredouilles.

Ensuite, ils visitent le grenier et y trouvent des revues russes. Ils demandent alors à Julia si Jules est allé en U.R.S.S. ? La réponse à la question étant affirmative, ils demandent "Pourquoi pas en Allemagne?" A quoi, Julia répond : "Parce qu'il n'a pas été invité".

Puis, ils découvrent à l'étage une armoire avec un double fond mais, il n'y a rien. A la fin de la perquisition, les allemands s'apprêtent à emmener le poste T.S.F. 

Julia demandant pourquoi, un soldat lui répond : "Monsieur prendre Londres". Julia lui rétorque que c'est le gamin qui joue avec les boutons. C'est alors que le petit Jacques dit : "Maman, tiketic ?"  Julia le prent dans ses bras et le garçonnet commence à tripoter les boutons de la radio. 

C'est ce qui fit que la radio ne fut pas emmenée et que Jules put continuer à écouter "Radio Londres". En partant, ils laissent une invitation demandant à Jules de se présenter à la Gestapo à Marcinelle pour être interrogé. 

Jules l'avait échappé belle car le mardi, il revenait avec des tracts et le mercredi, il repartait avec pour les distribuer. Il est à noter qu'en arrivant les gestapistes avaient croisé Jules qui se rendait à l'arrêt du tram pour se rendre à son travail.

Sa convocation à se présenter à la Gestapo fut reportée au mardi 3 mars mais, Jules y échappa encore car, sa fille Louise venait de naître et il produisit une attestation de naissance comme alibi.

Mais, il ne put échapper à la contrainte et quelques jours plus tard, il s'est présenté à la convocation. A la question de savoir s'il parlait  allemand,  il répondit non. L’interprète belge présente traduisant les questions et les réponses, cela laissa le temps à Jules de réfléchir afin de ne pas dire de bêtises. Rentré chez lui, il dit : "Ce coup-ci, il ne faut plus que ça traîne, je dois être sur mes gardes". A l'époque, Jules faisait partie de la même une cellule de résistants que le trazegnien Victor Paindaveine et un gillicien du nom de Liétard. Une cellule était composée de trois personnes.

Victor Paindaveine - Photographie Institut E. Vandervelde Bruxelles©
Jules se dit qu'à l'occasion du 21 juillet, il y aura des rafles. Par précaution, la famille Avaux prend quelques affaires et le dimanche 19 juillet part quelques jours dans la famille de Julia à Marcinelle.

Grand bien leur en a pris. En effet, le 21 juillet, la maison des Avaux est encerclée par la Gestapo. Mais, les soldats n'insistent pas ayant remarqué que les habitants du lieu étaient absents. C'est une gamine du voisinage prénommée Ginette qui fut chargée d'aller à Marcinelle les prévenir de l'événement.

Incommodé par la peur, Jules ne se rend pas au travail le lendemain. Quand il téléphone à Debrouck pour lui annoncer son absence, ce dernier se  borne à répondre "Oui, oui, ça va, ça va". Dans un premier temps, cela suscite chez Jules de l'incompréhension. Jules n'insiste pas comprenant enfin qu'il ne doit plus rien dire. C'est son beau-père qui travaillait également pour Debrouck qui lui annoncera que la Gestapo était venue sur son lieu de travail pour l'arrêter et qu'il devait partir.

Jules prépare quelques affaires et se rend à Charleroi prendre un tram pour Gosselies qui fait correspondance avec un tram pour Mellet, son premier point de ralliement. C'est donc le 22 juillet 42 que Jules Avaux entre dans la clandestinité. Avant de la quitter, il demande à Julia de ne surtout pas intervenir auprès des allemands pour lui.

 Quant à Julia, elle rentre à Courcelles avec son gamin.  Deux-trois jours plus tard, elle reçoit des nouvelles de son homme.

Désormais clandestin, Jules Avaux devient le responsable du "Front de l'Indépendance" (F.I.) pour le Brabant avant d'être responsable pour l'ensemble de la Wallonie.

A partir de ce moment, le Parti communiste verse à Julia une allocation mensuelle de 540 francs. Cette somme augmentera avec le temps. A la fin de la guerre, le montant s'élevait à 1700 francs. 

Elle bénéficiait de quatre cartes  de ravitaillement dont une pour son époux absent. 

Pendant son exil à Mellet, Jules travaille dans les champs pour des fermiers du coin.

Le 15 août 42, Julia décide d'aller voir Jules à Mellet avec son gamin. Au moment de sortir, elle jette un coup d’œil vers la maison d'en face occupée par des soldats et des travailleurs allemands. Elle se dit que "s'il ne vient personne de là, il n'y a pas de problème". Alors qu'elle est montée dans le tram pour Gosselies et que celui-ci démarre, elle aperçoit un homme qui sort de la maison d'en face en courant et qui monte dans le tram. 

En cours de route, un autre allemand embarque dans le tramway et échange quelques mots avec son compatriote. Un arrêt plus loin, le premier descend. Arrivée au Calvaire à Gosselies, Julia doit changer de tram pour rejoindre Mellet. Le deuxième allemand descend en même temps qu'elle. Méfiante, Julia entre dans un café et s'assied à un endroit d'où, elle peut observer l'allemand. Voyant qu'il ne quitte pas son "poste", elle se dit qu'elle est peut-être surveillée et décide de rentrer à Courcelles. Jules restera quelques temps planqué à Mellet où, il travaille pour des fermiers dans les champs. Ensuite, il part pour Namur. S'ensuit de nombreux voyages en Wallonie et dans le Brabant (3).

Par la suite, Julia et ses enfants rejoindront Jules toutes les 6 semaines pour passer quelques jours avec lui. C'est ainsi qu'elle le retrouvera à Perwez, Baulers, Namur, Sart-Dames-Avelines.

Un jour où, elle part rejoindre Jules à Perwez, elle tombe nez-à-nez avec le journaliste collabo de Courcelles sur le quai de la gare de Baulers. Celui lui demande : "Pourquoi Jules est parti ? Il pourrait vivre facilement..." Ne voulant pas faire courir de risques à son époux, elle reprit le train pour rentrer à Courcelles.

Un jour, elle doit rejoindre Jules à Sart-Dames-Avelines. Julia sait qu'elle est suivie et se rend à la gare de Charleroi-Ouest et prend un billet pour Ransart alors qu'elle va à Villers-la-Ville.

Là, on lui fait toute une histoire vu que son titre de transport n'est pas valable. On l'a retient une heure sur place avant que l'on la laisse partir. Conséquence, le contact qui devait l'accueillir était parti. 

Cela dura pendant toute la guerre et pour l'occasion, Julia et ses enfants restaient deux ou trois jours avec Jules. Mais, à chaque fois, c'était toute une expédition. Julia raconte : "Au moment du débarquement en Afrique, j'avais rendez-vous à Namur, dans la gare. Je ne savais pas où, j'allais. Il y avait des mouvements de troupes. La petite ne réagissait pas, mais le gamin qui avait tout de même trois ans, ne prétendait pas marcher. J'avais une grosse valise, parce qu'il fallait prendre au moins de la nourriture pour les enfants... Arrivée sur le quai, le gamin ne voulait plus avancer. Il y avait des soldats. Le gamin avait peur. Je ne pouvais pas le prendre "à bras", j'avais déjà l'autre, la valise etc... Un soldat me disait "Madame embarrassée?" Je dis : "oui!". "Moi prendre gamin, valise, conduire madame dans la salle des pas perdus". Alors, je vois mon Jules qui s'amène vers moi. L'Allemand met le gamin dans ses bras... Nous voilà donc partis...

En sortant de la gare, la famille Avaux entend le tir d'une mitraillette.  Jules plante femme et enfants sur place et s'enfuit.  Mais, sa fuite est de courte durée car, la place en face de la gare est rapidement encerclée par les soldats allemands présents et Jules  est  arrêté avec d'autres pour vérification d'identité. 

Julia et ses enfants rejoignent donc la salle des pas perdus dans l'incertitude quant à la suite des événements. Après quelques temps, c'est avec soulagement que Julia voit son époux apparaître dans la salle d'attente de la gare.

Après, direction de l'arrêt de tram et départ pour Rivière où, les attend un entrepreneur du coin. Les Avaux sont reçus royalement chez l'entrepreneur. Ensuite, direction Profondeville. Là, ils occupent une petite maison dont le propriétaire est prisonnier de guerre en Allemagne et dont l'épouse avait évacué à l'étranger.

Après trois jours, il faut se quitter et le cafard s'installe de nouveau. Rentrée à Courcelles et comme à chaque retour, Julia rend chez sa voisine Gabrielle. Celle-ci a ue visiteuse qui demande au petit Claude Avaux : "Tu as été voir ton papa ?" L'enfant ne répond pas car, il a pour instruction de "ne jamais rien dire". Gabrielle fait diversion en disant à Julia : "C... est venu chez toi ; il est venu pour dire que Jules est en Angleterre".

Gabrielle ignore que Julia est allée voir son mari car, cette dernière justifie ses absences en disant qu'elle va chez ses parents à Marcinelle.

A la Libération, Jules Avaux ne rentre pas directement à Courcelles. Alors que, son épouse l'attend au domicile conjugal le dimanche 3 septembre,  les troupes américaines libèrent Bruxelles. Raison pour laquelle, c'est seulement le samedi  suivant que Jules passe chez-lui en coup de vent.  Son retour éclair à Courcelles s'est fait en voiture et en compagnie de partisans armés. Personnage estimé et respecté, il est attendu à son arrivée par bon nombre de courcellois.

A peine entré dans sa maison, il  dit à Julia : "Voilà, je suis là". Avant d'ajouter "Je ne reste pas, nous avons une réunion, à la rue Chavanne à Charleroi". Sa réunion à Charleroi terminée, il rentre chez-lui tard dans la nuit et repart le jour même à Bruxelles.

En effet, le P.C.B. a besoin de syndicalistes chevronnés pour la construction de la F.G.T.B.. Et, c'est tout naturellement que le P.C.B. se tourne vers Jules. C'est ainsi qu'il est appelé à présider la "Première Conférence nationale des Comités de Lutte syndicale" (CLS) en octobre 1944. A cette occasion est créée la "Confédération belge des Syndicats uniques (CBSU) dont, il sera élu Secrétaire national d'Organisation pour la Wallonie en janvier 1945.

Débute alors la quête du lieu de résidence pour la famille Avaux. En effet, le P.C. souhaite que Jules reste à Bruxelles.  Jules ne sait pas vraiment que faire  ... 

Mais dès le 13 décembre 1944, Jules Avaux est la cible du Parti  socialiste. Pour preuve, la lettre datée du 14 décembre 1944 que Jules Avaux adresse au rédacteur en Chef du journal "Le Peuple" où, il conteste les allégations de collusion de sa part avec l'U.T.M.I.

Lettre au journal "Le Peuple" - ©CarCob(Bruxelles)

Il écrit : "Dans le numéro du "Peuple du 13 décembre, sous la rubrique "Vie sociale" et sous le titre "De la clarté S.V.P." vous écrivez que, d'après certains renseignements qui paraissent sérieux, j'aurais en février 1940 participé à des campagnes de propagande et de recrutement en faveur de l'U.T.M.I. et même signé des circulaires... A Charleroi, celui qui a repris la section (*Syndicat général des Employés) en mains au lendemain de libération s'est trouvé à à mes côtés également jusqu'au 31/08/41.Pourquoi ne l'avez-vous associé aux bruits qui circulent sur mon compte ? Est-ce parceque [sic] lui est resté à la C.G.T.B. et que moi, je suis passé aux C.L.S. ? Aucune propagande n'a été faite par moi, aucun recrutement n'a été organisé en faveur de l'U.T.M.I. et aucune circulaire n'a été éditée par mes soins et signée par moi. Aucun versement n'a été opéré comme cotisation à l'U.T.M.I. Peut-être ignorez-vous que loin de favoriser l'U.T.M.I. et l'ennemi, j'ai dès le mois d'août 1940 participé au travail clandestin pour les CLS ; qu'en janvier 1942 j'ai été dénoncé à la Gestapo où, j'ai comparu par deux fois ; que le jpurnal de Charleroi par deux fois m'a signalé comme particulièrement dangereux et qu'en juillet 1942, j'ai du passer dans le Maquis pour éviter la déportation... Mais, il est évident qu'à travers ma personne vous visiez à discréditer les C.L.S. dont je suis un dirigeant national. Vous osez invoquer l'intérêt de l'unité syndicale. Si vous aviez vraiement [sic] le désir de promouvoir l'unité syndicale, vous hésiteriez à lancer des nouvelles non contrôlées. La clarté est faite, mais la calomnie a fait son effet..." Et de demander que sa lettre soit publiée "en vertu de la loi". Nous ne savons si sa demande a été agrée.

Mais, cela marque le début de  l’éviction des délégués communistes de la future F.G.T.B. par les responsables et délégués socialistes

Dans un courrier daté du 24 février 1945 et adressé à la camarade Duschamps, cadre du P.C.B., le camarade Bolle écrit en substance à propos de Jules Avaux : "Avaux est l'adjoint de Vanderbergh au Bur. Nat. du S.U. Ce copain est membre du P.C.B. et est d'une force considérable au point de vue syndical. Vanderbergh m'a dit que ce Cde était peiné qu'il ne reçoit aucune directive de la part du P.C. alors qu'il en est membre. aussi pense-t-il que c'est un manque de confiance que nous avons vis-à-vis de lui. Vanderbergh dit qu'il a une entière confiance en lui et de lui procurer des directives s'il y en a." 

Suite aux élections législatives de février 1946, le P.C.B. qui a le vent en poupe depuis la fin de la Guerre, entre au gouvernement au grand dam des autres partis. Le socialiste Paul-Henri Spaak se montre d'ailleurs un anti-communiste des plus virulents.

Pourtant à l'occasion de la Fête du Travail du 1er mai 46 à Bruxelles, le P.C.B., le P.S. et le  P.L. forment une entente cordiale. C'est ainsi que l'on retrouve à la tribune les socialistes Achille Van Acker et Louis De Drouckère, les communistes Edgar Lalmand et Jules Avaux , ...

Photographie "Le Drapeau rouge" - ©Doc. CarCob(Bruxelles)

Le 18 juillet 1946 a lieu à Bruxelles une grande manifestation anti-franquiste suivie d'un meeting communiste. Sur un cliché pris à cette occasion, nous retrouvons Jules Avaux assis entre Edgar Lalmand et Julien Lahaut à la tribune d'honneur.

Photographie Agence Sempi - ©Doc. CarCob (Bruxelles)

Par après, il fut reproché à Jules Avaux  de ne pas avoir fait imprimer de tracts pour le meeting. Dans un rapport adressé  au camarade Dispy par le camarade W. Fonteyn, ce dernier écrit entre autres que "Il se confirme que ce camarade passe un mauvais moment... et a émis certaines considérations au sujet de la façon dont les "ordres" lui avaient été donnés, et qui me laisse une mauvaise impression". Ensuite, Fonteyn s'exprime en ces termes "Les communistes sont aussi des hommes qui peuvent parfois réagir d'une manière qui n'est pas strictement juste, mais n'en est pas moins humaine. Je m'explique : Avaux habite Charleroi [sic], ce qui l'oblige à abandonner en grande partie sa famille et de venir chaque jour à Bruxelles. Il ose donc un sacrifice conséquent. D'autre part, il n'a pas été tenu compte de lui pour l'utiliser à l'occasion des élections." ( N.B.  : Élections législatives de février 46)

W. Fonteyn termine son rapport en écrivant que Jules Avaux reste un bon camarade du Parti et qu'il faut le traiter avec un certain ménagement. Il conseille également que le Parti l'aide à trouver un logement pour sa famille à Bruxelles.

En effet, Julia en a eu vite marre de se retrouver seule à Courcelles avec ses deux marmots. A un moment donné, elle a mis Jules au pied du mur. Soit, il revient à Courcelles ou, elle vient le rejoindre à Bruxelles. C'est la deuxième solution qui prévaux. Mais, la recherche d'un logement convenable avec un loyer raisonnable est une quête ardue à mener. Finalement, Jules dégotte une cave-cuisine à la Porte de Namur où, le couple vivra un mois ou deux avant de s'établir à Boisfort.  Aux élections communales de 1946, il y est tête de liste communiste et est élu conseiller communal.

Le mois de mars 1947 marque un tournant dans l'histoire du P.C.B. En effet, l'anticommunisme  a pris  de l'ampleur et les socialistes profitent de l'occasion pour accuser les militants communistes de "noyautage" de la F.G.T.B. Ils sont également accusés d'être responsables de la mauvaise conjoncture économique et sociale du pays. Le socialiste Paul-Henri Spaak s'en prend d'ailleurs violemment également aux travailleurs immigrés italiens à ce sujet.

Résultats : les communistes ne font plus partie du Gouvernement et les socialistes reprennent leur chasse aux sorcières pour éliminer la présence communiste au sein de la F.G.T.B.

C'est pourquoi le P.C.B. oblige le camarade Théo Dejace à céder sa place de secrétaire général de la F.G.T.B. à Jules Avaux jugé plus apte à gérer la crise.  Mais lors de son congrès de février 1947, la F.G.T.B. refuse ce changement. Lors du vote pour le remplacement de Dejace. Jules ne récolte que 142 votes pour 643 votants.

En février 1948, les postiers font grève ainsi que le personnel de Gazelco. Le P.C.B. essaie de transformer ces mouvements en grève générale et échoue. Le ministre A. Van Aker est impitoyable avec les postiers. Huit cent d'entre eux sont démis de leurs fonctions et in fine, leur régionale syndicale dissoute. Jules Avaux, qui a apporté son soutien total à la grève, est à nouveau la cible . Pendant quelques temps encore et ce, malgré quelques soucis de santé, Jules va s'accrocher pour défendre ses idéaux. Notamment, la construction d'une F.G.T.B. forte et unitaire. C'est pourquoi en mars 1948, il préside une conférence des "unitaires".

En mars 1948, Jules Avaux laisse sa fonction de secrétaire régional au socialiste Hervé Brouhon, futur premier bourgmestre socialiste de Bruxelles.

Du 15 au 18 mai 1948 a lieu à Bruxelles - Salle de la Madeleine le 9ème Congrès du P.C.B. Jules Avaux et, notamment, Georges Glineur, Edgar Lallemant et Julien Lahaut... sont présents à la table des orateurs.

Le dimanche 6 juin 1948,  son épouse Julia donne naissance à un garçon qui recevra le prénom de Jacques.

Mais, le ressort est cassé. Bientôt sous la pression, Jules Avaux rend les armes et aurait (semble-t-il) négocier son départ de la F.G.T.B. moyennant la somme de 80 000[sic] francs belges de l'époque. Chose qui n'a jamais été confirmée.

Jules Avaux jette donc l'éponge et quitte ses fonctions a  sein de la  F.G.T.B. et du Parti communiste sans en informer les instances de son parti. Convoqué à plusieurs reprises par le Parti  pour se justifier, il ne répond pas aux convocations. C'est pourquoi, Edgar Lalmand demande au Bureau politique d'exclure Jules Avaux.

Réuni en date du 24 décembre 1948, le Bureau  décide de ne pas attendre la tenue régulière du Comité central et, vu l'urgence, de demander par écrit l'avis des membres du dit comité.

La lecture de la lettre adressée à cette occasion à Léona Motquin indique "Voici les faits : Jules Avaux est membre du Comité central et ancien secrétaire régional de Bruxelles de la F.G.T.B. ; sans prendre l'avis des travailleurs qui l'avaient élu à son poste syndical, il a abandonné son poste de secrétaire régional de la F.G.T.B. se limitant à un compromis très discutable avec la direction de cette organisation. Lorsque Avaux a été invité à discuter avec la direction du Parti, il s'y est refusé."

Edgar Lalmand termine son courrier en proposant l'exclusion de Jules Avaux des rangs du Parti, avec avis dans la presse.

Au moins, un membre du Comité central fait part de son désaccord quant à la parution d'un avis dans la presse estimant que ce serait manquer de respect à Jules et à son passé de résistant.

Ayant peu de chance de retrouver du travail en Belgique vu son passé de militant communiste, Jules a en décembre 1948 quitté le pays avec sa famille pour élever des poulets en Touraine. N'étant pas un homme de la terre et ayant peu d'expérience en matière d'élevage de poulets, Jules Avaux fait faillite.

C'est pourquoi deux ans plus tard, la famille Avaux revient en Belgique et s'installe à Loupoigne dans le Brabant. Mais en 1951, Jules, qui est chômeur, reçoit une proposition pour un emploi d'assistant social à la gare de Mons.

C'est pourquoi, la famille Avaux part s'installer dans la région montoise à Mesvin. Là, Jules Avaux renoue avec la politique en rejoignant les rangs socialistes et se présente aux élections communales de 1952.  Quoique que nouveau venu dans la localité, il est élu conseiller communal.

Homme doué pour la politique et excellent gestionnaire de la chose publique, il devient président de la Commission d'Assistance Publique (C.A.P.) de Mesvin en 1954. 

Outre ces fonctions, il donne des cours du soir à l’École industrielle de Wasmes. Il écrit d'ailleurs à l'intention de ses élèves un livre d'économie et de législation sociale intitulé "L'outil, l'homme et ses conquêtes paru en 1956 aux éditions Labor de La Louvière.

Par la suite, il occupe également le poste de secrétaire de la C.A.P. de Hyon à temps partiel. En 1957, il réussit l'examen de recrutement de secrétaire pour la Société régionale du Logement du Borinage (SORELBO).

Jules Avaux décède le 7 septembre 1966 à Mesvin.

Pour terminer cette notice biographique, quelques mots concernant la personnalité de notre ex-concitoyen. Jules Avaux était considéré comme un meneur d'homme et un excellent politicien. C'était un homme modéré dans ses propos et œuvrant pour le bien des travailleurs. Il possédait des qualités humaines indéniables

Un exemple pour illustrer ses qualités  humaines :

Lors du Conseil communal du 3 juin 1940, Avaux estime que le personnel qui était en poste avant l'invasion allemande et de retour d'exode ne doit pas être sanctionné trop durement car, on a besoin d'eux. Il fait d'ailleurs remarquer que la majorité des élus communaux avaient mis également les voiles lors de l'arrivée des allemands. De plus, il estime que l'Administration communale se doit de garder le personnel engagé à titre provisoire pour palier au manque d'effectifs  pendant l'absence des titulaires et ce, malgré le retour de ces derniers.

Notes : 

(1) Constant Druine, né le 1887 et décédé le 22/01/1940. Ouvrier mineur et membre du P.O.B. Bourgmestre de Courcelles de 1929 jusqu'à sa mort. C'est sous son maïorat que fut installée la distribution d'eau et l'électricité dans les  foyers courcellois. Il était également administrateur du"Confort" devenu par la suite "La Société des Habitations sociales" en 1921. Sous son impulsion, la construction d'habitations à loyer modéré virent le jour. C'est à lui que l'on doit notamment le début de la construction de maisons pour personnes âgées qui, à tout seigneur, tout honneur, porte son nom. Émile Clersy a écrit à son sujet : "... avec Avaux et Watillon, nous avons souvent constaté le bon sens et le respect par le bourgmestre dans leur application, même lorsqu'elles n'étaient pas nécessairement toujours agréables pour tous, des décisions prises par le Collège". Constant Druine est à l'origine du remplacement des autobus d'une société privée par les trams. La première ligne mise en service partait de Trazegnies jusqu'à la gare de Courcelles-Motte.

(2)  Léon Watillon : Échevin  socialiste courcellois. 

(3) Henrijk de Man : Anvers, 17/11/1885 - Greng (Suisse), 20/06/1953  Syndicaliste et homme politique belge.   Théoricien du planisme et du néo-socialisme durant la dépression des années 1930. Créateur de l'Union des Travaileurs Manuels et Intellectuels en 1940 (UTMI) pour remplacer les organisations syndicales belges. Le 28/06/40, il publie un"Manifeste aux membres du POB" décrétant la fin du POB et de ne pas s'opposer à l'occupant.

(4) Rappelons qu'à l'époque, il n'existait que neuf provinces dont, une seule Province de Brabant. 

Remerciements : un tout grand merci à Mme Hanon du CarCob et à Mr Gotovitch, professeur honoraire de 'U.L.B.

Sources biographiques

Administration communale de Courcelles

P.V. Conseil communal 06/ 1940

Adrian, Thomas

"Une telle indifférence" : la présence communiste dans les entreprises belges de l'après-guerre (1945-1948)

. - Liège : Université de Liège, année académique 2014-2015

. - pp. 76-78

CarCob

Dossier 0001 "Jules Avaux" + documents photographiques

Füeg, Jean-François et Theyskens, Jean-Philippe

Artistes et propagandes dans l'entre-deux-guerres autour du Plan

in "Rue des Usines",

n° 34-35, 1997

Clersy, Emile

Courcelles : Les élus communaux (suite 8)

in "La Petite Lanterne"

n° 2275, 27/03/1985, p. 7 : photo

Delwit, Pascal

L'anticommunisme comme instrument de mobilisation du parti socialiste belge de 1945 à 1954

in " La peur du rouge"

. - Bruxelles : Ed. de l'Université de Bruxelles, 1996

. -  pp. 127-136

Gotovitch, José

Interview de Madame Vve Avaux en 1985

Interview d’Émile Clersy en 1985

. - Bruxelles : CeGesoma

https://maitron.fr/spip.php?article137568, notice AVAUX Jules, Oscar. par José Gotovitch, version mise en ligne le 15 juillet 2011, dernière modification le 20 août 2020.

Bibliographie

Problèmes actuels du syndicalisme [Brochure]

. - Bruxelles : Fédération générale du travail en Belgique, 1947

. - 60 p.

L'outil, l'homme et ses conquêtes [Monographie] :

32 leçons d'économie sociale et de législation sociale /

. - Bruxelles : Labor, 1956

 . - 190 p.

Luc Heuchon ©

Reproduction partielle autorisée sous réserve de citer la source. Pour les photographies et les interviews, il est nécessaire de demander l'autorisation de les utiliser aux centres de documentations qui les possèdent.



 































 

samedi 29 mai 2021

C'est un joli Nom CAMARADE. C'est un joli Nom, tu sais... (Jean Ferrat)

CarCob 

Léona Motquin, dernier chef d'état-major des Partisans Armés (P.A.) avant la Libération de la Belgique en septembre 1944.

Issue d’un milieu modeste, Léona Motquin est née à Trazegnies, le mercredi 14 octobre 1909. Elle est le fruit de l’union d’Hilaire Motquin et d’Alphonsine Patron. Son père était mineur. 

Léona Motquin en 1957 - ©Doc. CarCob (Bruxelles)

Toute jeunette, Alphonsine fut hiercheuse (ouvrière de charbonnage) avant d'être servante. Pendant les études de ses enfants Léona et Arsène, elle devient femme d'ouvrage.

Dans une de ses présentations biographiques datée du 10 août 1954, Léona écrit : " Je suis fille et petite-fille d'ouvriers mineurs tant du côté maternel que du côté paternel. J'ai connu la pauvreté et à certains moments la gêne durant mon enfance et mon adolescence (multiples accidents de mon père - salaires bas)". Mais, elle précise : "milieu familial uni affectivement".

Les familles Motquin-Patron sont très actives politiquement et syndicalement. 

En effet, le grand-père maternel de Léona est un des premiers membres du syndicat socialiste et il a participé à toutes les luttes ouvrières. Sa fille Alphonsine fut toute jeune militante-propagandiste avec une conscience de classe très aiguë.

Son père Hilaire est membre du P.O.B. et syndiqué socialiste. Il a également participé à toutes les luttes ouvrières. Mais, il n'a jamais été  un membre actif du parti.

Le mercredi 13 septembre 1911, Léona devient la sœur aînée d'un petit Arsène(1) qui sera le sujet d'un article ultérieur et dont nous reparlerons également lors d'un article consacré à Victor Paindaveine(2).

Après ses études secondaires (3), Léona entreprend des études de régente scientifique - régente d'ouvrages manuels à l’École normale moyenne de l’État à Liège. Et pendant ses vacances scolaires, elle fait des travaux de broderie et de couture pour les employeurs de sa maman. Léona termine son cursus scolaire en fréquentant le laboratoire de chimie qualitative à l'Université du Travail de Charleroi.

Léona finit ses études en 1929 et reste un an sans emploi. Dès sa sortie de l’École normale, elle s'affilie au syndicat socialiste de l'Enseignement. Et dans la foulée, elle adhère aux Faucons rouges (P.O.B.) sans pour autant militer politiquement.

Ensuite, elle enchaîne divers intérims comme institutrice primaire dans différentes écoles de la région. En 1931, elle trouve enfin une place stable de régente à l’École moyenne de Gosselies où, elle enseigne les mathématiques.

Quoique d'opinion socialiste depuis son adolescence, c'est seulement après avoir terminé ses études qu'elle adhère aux Faucons rouges (4). D'abord, à l'échelon local avant de s'investir au niveau  régional. 

Chez les Faucons rouges, Léona assume  la rédaction de leur bulletin régional , la partie éducative des week-ends d'études et des camps régionaux.

Nous pouvons penser que c'est vers cette époque qu'elle fait la connaissance de son futur époux Victor Paindaveine (3), membre des Jeunes Gardes Socialistes (J.G.S.) de Trazegnies dont elle se séparera en 1942. La date de leur mariage ne nous est pas connue.

 

Victor Paindaveine en 1934 - ©Institut Émile Vandervelde (Bruxelles)

 

 

En septembre-octobre 1940, Léona assiste à des rencontres avec des membres socialistes du P.O.B. à son domicile avec son mari Victor Paindaveine, à une réunion nationale des J.G.S.U. et une réunion avec les communistes Henri Glineur et P. Bosson [sic. Par la suite, elle écrira à ce sujet : "J'ai été fortement impressionnée par la veulerie et l'arrivisme des socialistes et d'autre part par l'esprit de décision + les perspectives des communistes et par après leur courage dans la lutte. Ce n'est cependant qu'en juin 1942 que j'ai adhéré au Parti [Communiste] et ce après avoir vu les événements de mai 1942 à Charleroi et après avoir lu et relu les "Principes du Léninisme". Cette lecture a emporté mes dernières hésitations qui étaient du domaine théorique..."

A ce moment-là, Léona adhère au P.C.B. mais n'est pas encore entrée en Résistance mais, elle aide indirectement son époux Victor comme courrier occasionnel, en mettant leur maison à la disposition des résistants, ...

Laissons une fois de plus la parole à Léona : "En juillet 1942, après une 2e visite de la Gestapo pour rechercher V. Paindaveine, nous passons dans l'illégalité. Je suis mise au travail illégal au début août par Jean Terfve". 

Dans l'interview accordée à José Gotovitch en 1985, elle précise qu'elle s'est rendue à Quevaucamps dans le Tournaisis.

C'est ainsi que pendant l’été 1942, Léona est chargée de trouver des logements, des boîtes aux lettres et des lieux de rendez-vous pour son réseau dans le Borinage. Elle est également responsable du service sécurité du F.I. du Borinage. 

Quand à Victor Paindaveine, il est le responsable régional du F.I. borain. De temps à autre, les époux Paindaveine-Motquin sont en contact quoique déjà en instance de divorce.

Fin 42, Léona est envoyée à Liège où, elle rencontre Andrée Terfve. Celle-ci met Léona en rapport avec le milieu enseignant liègeois. A Liège, Léona assume les mêmes fonctions qu'au Borinage sous le nom de Lisette.

Ensuite, direction Bruxelles. Arrivée au lieu de son affectation provisoire, Léona se rend au logement que lui a trouvé son contact bruxellois Prévot. Parvenue à destination, elle dit le mot de passe convenu mais, on ne la laisse pas entrer. Il va s'en dire qu'elle ne demande pas son reste et s'en va. Par la suite, elle choisira elle-même ses planques.

Ensuite, retour à Liège. En juillet 43, elle rencontre Buch qui la charge d'organiser la coupure du réseau avec Bruxelles suite à des arrestations au journal  Le Drapeau Rouge,... Léona règle le problème en une semaine malgré la complexité de la chose vu qu'il y avait six à sept responsables à contacter.

Quelques semaines plus tard, la liaison entre les deux secteurs est rétablie. Léona passe des F.I. aux Partisans Armés (P.A.) et devient  responsable nationale pour la sécurité.

Notons au passage qu'Hilaire et Alphonsine,  les parents de Léona quittent Trazegnies pour s'installer à la rue Neuve à Souvret.

Précisons qu'eux aussi font partie du Front de l'Indépendance. Parmi leurs activités clandestines : hébergement de l'imprimerie pour le journal des F.I. et centre régional de diffusion de la presse clandestine, recherches de relais pour l'évasion des prisonniers soviétiques. 

Hilaire et Alphonsine adhéreront  au Parti communiste après la Libération. Malgré leurs âges, ils militeront dans la mesure de leurs possibilités. C'est surtout Alphonsine qui restera active en distribuant le Drapeau Rouge et en étant une propagandiste enthousiaste.

Début 44, Léona est affectée définitivement à la CAPITALE mais, elle loge à Anvers. A Bruxelles, elle occupe  différentes fonctions au sein des P.A.

Elle est notamment chargée d'établir une chaîne de passage pour la libération du territoire. A ce sujet, elle dira : "Je devais trouver 45 à 50 logements de passage depuis la frontière française jusqu'à la frontière allemande. Ils n'ont jamais servi parce que la libération ne s'est pas du tout faite comme les P.A. l'espéraient..."

Après cela, Léona  devient la secrétaire de Willy Frère, chef d'état-major national des P.A. Leurs relations de travail sont cordiales au point qu'ils mangent ensemble le midi. Le premier arrivé au bureau prépare le repas. Cela n'est pas du goût de tout le monde et la remarque est faite à Frère qu'on ne devait pas manger avec sa secrétaire.

L'entente entre eux est tellement bonne que c'est Léona qui dicte les rapports et courriers et c'est Willy Frère, étant meilleur dactylographe, qui les tape à la machine. 

A l'époque, le nom de code de Léona est  Nora. Elle habite désormais à Bruxelles. Elle est notamment chargée d'établir  les contacts avec les différents services, de transmettre les ordonnances et les consignes pour les actions à mener, ... 

Début juin 44, Willy Frère devient officier de coordination et c'est Louis Van Brussel qui devient chef d'état-major. Et comme, il adore taper à la machine à écrire... La collaboration Léona -Van Brussel ne durera qu'une semaine.

Un des rôles de Léona est aussi d'assurer la sécurité de son chef d'état-major quand il se rend à un rendez-vous avec le commandant national. Elle a pour mission de reconnaître les lieux.

En juillet 1944, c'est un peu par hasard que Léona devient chef d’état-major des Partisans armés. En effet, Louis Van Brussel vient d'être désigné comme chef d'opération. Mais, il n'est pas remplacé comme chef d'état-major. Laissée à elle-même, c'est par la force des choses que Léona succède à Van Brussel jusqu'à la libération. Cela sera confirmé par un écrit de Raymond  Dispy.

Louis Van Brussel se gardera bien de signaler la chose dans ses mémoires laissant supposer ainsi qu'il avait assuré cette fonction jusqu'à la libération du pays.

En tant que chef d'état-major, Léona s'occupe de recenser les stocks d'armes et de munitions, leurs emplacements, ...

Elle doit également prendre contact avec les organes de presse pour qu'ils écrivent  en faveur de l’insurrection. Elle collecte des renseignements qu'elle fait remonter jusqu'à Raymond Dispy. Elle s'occupe également de l'intendance : récolter des fonds pour acheter du matériel, ...

A aucun moment, elle n'a pas de contacts directs avec les groupes de partisans ou leurs chefs.

Le pays libéré, elle redevient secrétaire des différents chefs d'état-major qui se succèdent.

A la rentrée scolaire de 1944, Léona rentre dans le rang et reprend ses cours à l’École moyenne de Gosselies et devient militante syndicale pour l'Enseignement.

En même temps, elle assume bénévolement le poste d'"Agit prop" à la Fédération communiste du Centre tout en militant, dans la mesure du possible, à la section souvrétoise du Parti communiste.

 
De 1945 à 1947, elle dirige, avec Samuel Herssens, l’École centrale du Parti communiste de Belgique à Rixensart.

Suite aux élections de 1946, les candidats de la liste communiste, Léona et Louis Drugmand sont  élus conseillers communaux à Souvret où, notre tête de liste est domiciliée. Dans la foulée, Léona est élue conseillère provinciale du Hainaut. 

Il est à noter que ce n'est pas de son plein gré qu'elle s'est retrouvée sur les listes pour la Province. En effet, dans une lettre datée du 20 février 1946  adressée au camarade Edgar Lalmand, secrétaire national du Parti, elle avait  fait part de son refus de siéger à la Province.

 

Affiche annonçant un meeting électoral 1946 - © Doc. IHOES (Jemeppe-sur-Meuse)

Cependant, Léona éprouve des difficultés à assumer ses mandats politiques car en réalité, elle habite Bruxelles et la direction de son école ne l'autorise que très difficilement à assister aux Conseils communaux. C'est pourquoi un an après, elle désire jeter l'éponge et abandonner ses mandats politiques. Elle fait donc part au Parti de sa décision de démissionner. Sa démission sera acceptée au cours de l'année 1948.

A ce sujet, elle écrira plus tard qu'elle pense avoir eu tort d'avoir demandé son remplacement au sein du Conseil communal de Souvret. D'autant plus, qu'elle  viendra passer la fin de sa vie avec son second mari Samuel Herssens au numéro 38 de la rue Neuve à Souvret.

 

Liste des Électeurs... pour 1974-1976 - Collection L. Heuchon

Lors du Congrès du Parti communiste de 1946, Léona est élue au Comité Central du Parti (C.C.P.).

 Willy Frère, André Chappat, Léona Motquin - Photo "Le Drapeau rouge" ©Doc.CarCob     (Bruxelles)

A partir de janvier 1947, elle est adjointe au Collectif  National A.P. pour l'éducation et les journaux locaux et d'entreprises.

A la rentrée scolaire du 15 septembre 1947, elle obtient son changement d'affectation pour l’École moyenne de Wavre où elle donne cours de géographie. Elle redevient rapidement militante syndicale et fait partie du Comité syndical cantonal. Ses collègues l'élisent déléguée sociale de l'école et est proposée comme membre de la Commission nationale paritaire. Cette fois, Léona donne cours de géographie

Au parti, elle demeure responsable éducation de la Fédération du Brabant. et membre du Comité fédéral de Bruxelles. Et, elle devient agent de liaison pour les sections du Parti communiste d'Evere et Saint-Gilles.

Les 10 et 11 octobre 1947, les Fêtes du Drapeau Rouge et la Commémoration Jacquemotte sont célébrées au Heysel à Bruxelles. Outre, Léona Motquin et son compagnon Sam Herssens sont également présents les frères Henri et Georges Glineur ainsi que Julien Lahaut.

 

Au centre de la photo : Samuel Herssens et Léona Motquin (manteau noir) - ©Doc. CarCob (Bruxelles)

Lors du Congrès du Parti en mai 1948, Léona est élue membre du Conseil fédéral de Bruxelles.

Le 5 novembre 1950, Samuel Herssens et Léona assiste à la Fête du Drapeau Rouge à Bruxelles. A cette occasion, des milliers de militants et sympathisants communistes défilent devant les membres du Comité central présents avec d'autres sur le parvis de la Bourse.

2ème rang à gauche : Léona Motquin et Sam Herssens - ©Doc. CarCob (Bruxelles)

En avril 1951, Léona quitte l'enseignement pour entrer dans l'appareil national AP-Éducation du P.C.B. en qualité de bénévole jusqu'en février 1952. Dans le même temps, elle est déléguée du CC pour la Fédération de Huy avant d'assumer la même fonction à Tournai.

Lors du Congrès du Parti Communiste de 1951, Léona est élue membre du C.C.P.  Mais par manque de temps et pour raison de santé, elle quitte son poste de déléguée du C.C. de Tournai.                                                                                        

C'est également en 1951 que Léona épouse en secondes noces Samuel Herssens dont elle partage la vie depuis 1945.

 

Samuel Herssen - © Doc. CarCob (Bruxelles)

Du 23 au 26 mars 1951, elle participe avec Samuel Herssens au  10ème Congrès du P.C.B. - Fédération du Brabant à la salle de la Madeleine à Bruxelles.

De gauche à droite : Félix Coenen, Louis Van Brussel, Jean Blume, Odile Berghmans, Léona Motquin, Sam Herssens, Stan Tytgat, Albert Mathieu, Rose Jadin - ©Doc.CarCob (Bruxelles)

Au C.C.P. de mai 1954, elle est désignée comme secrétaire du C.C.P. et le Bureau d'organisation lui confère le poste de déléguée du C.C. pour la Fédération de Mouscron.

Dans une lettre datée du 28 septembre 1959 et adressée à Jos Herman,  Léona demande des éclaircissements quant à la dissidence qui avait éclaté à la section du P.C.B. montois lors des élections  communales de 1958 et de l'exclusion de plusieurs membres du Parti (Fernand Lefebvre(6), son épouse Lucienne Raepsaet, Dequenne et Scrayens) qui en a découlé et de leur demande de réintégration au sein du Parti.

Dans les faits, Fernand Lefebvre et consorts avaient déposés une liste électorale dissidente et avaient tenu des propos désobligeants vis-à-vis du P.C.B. et de certains de ses membres. 

Léona conclut son rapport sur  l'affaire en confirmant la décision d'exclusion des dissidents. Cette exclusion fera l'unanimité au sein du Comité national. Même, si quelques uns émettrons un vote plus  en nuances.

Léona ne sera plus réélue au C.C.P. lors du 14ème Congrès du P.C.B.  qui eut le week-end de Pâques 1963.

Après ce congrès, il semble que la camarade Léona Motquin ne remplisse plus de fonctions au sein du P.C.B. car, son dossier personnel conservé au CarCob à Bruxelles ne contient pas de documents après cette date.

Néanmoins, il semble qu'elle soit restée militante communiste jusqu'à la fin de sa vie.

Le dimanche 2 juillet 1972, Léona devient veuve. 

Par la suite, en date du  vendredi 20 septembre 1973, elle accorde une interview au sujet des Partisans Armés et du P.C.B. à José Gotovitch, chercheur au Centre de Recherches et d’Études Historiques de la Seconde Guerre Mondiale (CREHSGM)(7).

Pour terminer, signalons que la camarade Léona Motquin était présente lors de l'inauguration des locaux de la "Fondation Joseph Jacquemotte" à Trazegnies en 1980.

Nous ne connaissons pas la date de son décès. 

Remerciement : Un tout grand merci à Mme Anne-France Hannon, Archiviste au CarCob pour l'aide apportée ainsi qu'à Monsieur José Gotovich, professeur honoraire de l'U.L.B.

Notes : 

(1) Arsène Motquin : ingénieur technicien-électricien (U.T.). Écrivain et parolier écrivant essentiellement en wallon, il fut résistant. Il termina sa carrière professionnelle comme directeur de la S.T.I.C. Il est décédé le 20 mars 1986. Sympathisant communiste

(2) Victor Paindaveine : Trazegnies, le 27 mai 1909 - Etterbeek, le 17 février 1987.  Membre du P.O.B. et président des "Jeunes Gardes Socialistes" de Trazegnies, il entre dans la clandestinité en 1942 et adhère au P.C.B. Premier époux de Léona Motquin.

(3) Pour leurs études, Léona et Arsène ont bénéficié du "Fonds des Mieux Doués",  créé par Jules Destrée le 15 octobre 1921. Le "Fonds des Mieux Doués", première forme des allocations d'étude était destiné à « procurer aux enfants de condition peu élevée et de mérite exceptionnel, les moyens de poursuivre leurs études après l’école primaire".

(4) Le mouvement socialiste des Faucons rouges trouve ses origines à Vienne, capitale autrichienne en 1925. Son nom lui a été trouvé par une bande de gamins jouant dans un parc. Mais, le véritable créateur se nomme  Anton Afritch qui  était orphelin et ouvrier. Le mouvement belge fut créé en 1928.

(5) Samuel Herssens dit Sam : Bruxelles,  le 8 mars 1905 - Souvret, le 2 juillet 1972. Ouvrier typographe, il succédera à Joseph Jacquemotte à la Chambre en 1936. Résistant, il sera arrêté et déporté à Buchenwald. Il fut rédacteur au "Drapeau rouge". En 1964, il quitte le P.C.B. pour rejoindre la dissidence "grippiste".

(6)  Fernand Lefebvre : voir 
Ki, Kwa, Où... 
13ème année, n° 138, 02/2021, pp. 8-10
13ème année, n° 139, 03/2021, pp. 4-5, 8
(7) Actuellement, le Centre d'Études Guerre et Société( CegeSoma)

Éléments biographiques :

Centres de documentation :

CArCoB - Centre des Archives communistes en Belgique

33, rue de la Caserne
1000 Bruxelles
Belgique

Téléphone : 02/513 61 99 et 02/513 15 83

http://www.carcob.eu

Photothèque,

Dossier Léona Motquin : alias Lisette, Nora, Bruxelles  n° 1674, 

31 pièces

CegeSoma
Square de l'Aviation 29
1070 Bruxelles
+ 32 2 556 92 11
contact :  cegesoma@arch.be

IHOES asbl

Avenue Montesquieu, 3

4101 Jemeppe-sur-Meuse

+32 4 224 60 70

Contact : info@ihoes.be 

Institut Emile Vandervelde (IEV)

Centre d'archives
boulevard de l'Empereur 13
1000 Bruxelles

+ 32 548 32 12

Contact : bibliothe@iev.be

Bibliographie succincte :

Destrée, Jules  

Loi relative aux mieux doués du 15 octobre 1921

In,

Moniteur belge du 11 novembre 1921.

Gotovitch, José

Interview 20/9/1973 concernant les Partisans Armés et le P.C.B : transcription papier

. - Bruxelles : Cegesoma, 1973

. - 25 p. 

 Du rouge au tricolore : les Communistes belges de 1939 à 1944 :

 un aspect de l'histoire de la Résistance en Belgique

. - Bruxelles : CarCob, 20018

. - Léona Motquin : pp. 250-251

.-  Samuel Herssens : p. 530

Partisanes et militantes : femmes communistes dans la Résistance en Belgique et en zone occupée

In,

Femmes et Résistance en Belgique et en zone interdite / sous la dir. de Robert Vandenbussche

. -  Lille : Institut historique de Recherches du Septentrion, 2007

. - 246 p. - Léona Motquin : p.65

Maerten, Fabrice

Du murmure au grondement : la Résistance politique et idéologique dans la Province de Hainaut pendant la Seconde Guerre mondiale (mai 1940 -septembre 1944)

. - Mons : Hannonia,  1999

. - 3 vol. (1176 p.)

. -  Léona Motquin : pp. 126-127

. -  Victor Paindaveine : pp. 126-127

Auteur : Luc Heuchon ©

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