mercredi 20 mars 2024

René Rapin, un metteur en scène et comédien au service du théâtre dialectal...


René Rapin a vu le jour au Quartier du Roctiau, chaussée de Châtelineau à Montignies-sur-Sambre le vendredi 28 mars 1926.
Photo extraite de la revue "Cocorico"
Nous ne savons pas grand chose de son enfance et de son adolescence...
 
A l'âge de cinq ans, René Rapin habite à Marchienne Docherie où, il va fréquemment, avec sa grand-mère maternelle, au cinéma et assisté aux représentations théâtrales  présentées à la Maison du Peuple du coin.

Nous savons qu'il a fait des études d'électricien et est entré aux Usines Hanrez à Monceau-sur-Sambre en 1942.

Concernant sa vie privée, René Rapin pratiqua la natation et fut membre  de "L’Hippocampe Club" situé au Lido à Courcelles.
Le Lido - Bassin de natation ©Carte postale Nells
Sa première vraie mise en scène est une revue musicale intitulée "Zig-zag" qui sera jouée au Lido le 25 décembre 1942 par les membres du club de natation. Il montera encore deux revues à Courcelles en 1943 et 1944. Ce qui laisse supposer qu'il résidait à Courcelles à l’époque. 
 
En 1944, René Rapin rejoint la troupe de théâtre "La Fraternité" (1) se produisant à la Maison du Peuple de Trazegnies. Il semble y être rester 12 ans.
 
Le cercle dramatique "La Fraternité" vers 1950 [SIC]
Ensuite, il intègre la troupe de théâtre "Le Lys rouge" de Souvret(2) pour s'occuper de la régie en remplacement d'Angélus Cabilliau qui était également gérant de la Maison du Peuple de la localité.
 
C'est d'ailleurs dans une salle de la Maison du Peuple qu'ont lieu  les représentations théâtrales. 
 
Par la suite,  la troupe changea de nom et s’appela "Le Théâtre d’Essai et de Culture de Souvret".
La Maison du Peuple de Souvret était située située à droite de l'image après une partie de l'école communale se trouvant après le mur de clôture.
A l'époque, René Rapin réside à Souvret et exerce le métier d'électricien à la R.T.T. et installe les postes téléphoniques chez les souvrétois. Il  est alors marié à Liliane Tielemans, préparatrice en pharmacie. Le 25 mai 1951, Liliane donne naissance à une fille prénommée Christine.
 
La consultation de la liste des électeurs dressée pour les élections de 1974-1976 nous indique que le couple
habitait au numéro 109 de la rue de la Baille.
 
Dans les faits, le couple cohabite avec les parents de Liliane,  Joseph Tielemans et Louisa Dufrenne.
 
Maintenant, donnons la parole à Monsieur Gérard Demil qui, dans sa jeunesse,  a bien connu René Rapin, ami de ses parents. Ce dernier se souvient que les pièces jouées par "Le  Lys rouge" faisaient salle comble les jours de représentation. 

Lui-même tint le rôle du gamin dans différentes pièces.
Mais, son rôle le plus marquant est celui du gamin rentrant de l'école cartable au dos demandant à sa mère le menu du repas du soir et qui lui répond "del Gate". 
 
Ce qui lui fait dire "Co toudi del gade...", titre de la scénette.
 
Cette scénette, écrite et interprétée par René Rapin, faisait un tabac pendant l'entracte. En effet, cette scénette ne demandant qu'une table et une chaise comme décor, faisait le bonheur des spectateurs qui n'avaient pas trouvé de place dans le café de la Maison du Peuple pour se désaltérer.
 
René Rapin ne manquait pas d'humour. Un jour, il s'est mis à bégayer en interprétant cet intermède. Les spectateurs présents s'inquiétèrent de la chose. Ils  furent soulagés quand, ils s'aperçurent que René Rapin leur avait fait une farce.

René Rapin est déjà un metteur en scène connu et reconnu dans le monde théâtral dialectal. Homme affable dans la vie courante, il est un metteur en scène exigeant qui reproche le trop grand amateurisme des metteurs en scène, dramaturges et acteurs de la scène dialectale.
 
C'est d'ailleurs le sujet de la conférence "La Crise du théâtre dialectal wallon : causes et remèdes" qu'il donne à Haine-Saint-Pierre à l'occasion des 50 ans  du Cercle Théâtral "L'Excelsior" (3) en 1973.
 
Pour nous faire une petite idée de ce qui c'est dit pendant cette conférence, prenons-en au hasard quelques passages :
- "Car, cette crise que traverse notre Théâtre Dialectal n'est pas née d'hier. Il y a longtemps que d'autres que moi la prévoyaient. En effet, je n'étais pas le seul à lancer un cri d'alarme, il y a 15 ans.... Et, aujourd'hui, la carcasse  pourrie recouverte de promesses..., ce que fut le bâtiment "Théâtre dialectal" va par le fond. Les compagnies wallonnes, les responsables, les auteurs n'ont pas répondu à notre appel... aujourd’hui, grâce à eux, notre théâtre est enfoncé jusqu'au cou dans l'ornière de la médiocrité.... Les mots ont leur sinistre valeur."

Le moins que l'on puisse dire, c'est que René Rapin n'y va pas de main morte.
 
En 1974, le trazegnien Léon Deltenre (4)  est désigné pour créer et animer le Foyer culturel régional de Trazegnies. Dans la foulée, il crée  une compagnie théâtrale semi-professionnelle "Le Connétable".

René Rapin, qui a suivi les cours d'animateur théâtral organisé par la Province du Hainaut en même temps que Léon Deltenre, fera partie de l'aventure.
 
En 1979, Émile Lempereur écrit au sujet de René Rapin  dans le chapitre "Le Théâtre dialectal en Wallonie au XXe siècle" de "La Wallonie, la Terre et les Hommes (5) : "Il est certain que l'action du metteur en scène René Rapin, disciple de feu Henri Chanal et Frank Lucas, sera très bénéfique pour le théâtre wallon régional à condition que les auteurs "en pointe" acceptent de tempérer leurs exigences."
 
Début des années 80, René Rapin met en scène, parmi d' autres, la troupe de théâtre dialectal de Gilly "Les Disciples de Chénier", .
 
A l'occasion du 150e anniversaire de l'Indépendance  de la Belgique, René Rapin réalise la mise en scène de la pièce "Les Plédeus", comédie en trois actes en vers adaptée de Jean Racine et traduite en wallon par George Fay. La pièce interprétée par "Les Disciples de Chénier" sera diffusée à la RTBF.
 
Par la suite, René Rapin participe en 1981 à la "Rétrospective George Fay" en mettant en scène de plusieurs pièces  de cet auteur patoisant gilicien  intitulées :
 
"Mondial Circus" : comédie en trois actes
interprétée par "Les Disciples de Chénier"
 
"El Dure voye" : chœur parlé
 interprété par  "Les Disciples de Chénier"
 
"L'Ania" : comédie dramatique en trois actes
interprétée par la Compagnie dramatique wallonne "Art et Progrès".
 
Ces pièces furent jouées à "La Ruche" de Marcinelle et captées par l'équipe carolo de la RTBF et diffusées à la télévision. 
 
Le 6 décembre 1981, l'Ensemble vocal et instrumental "Laetare" de La Louvière fête ses dix ans d'existence. A cette occasion,  l'Ensemble interprète l'opéra "Carmen" du compositeur Georges Bizet et mit en scène par René Rapin. Le Théâtre communal de La Louvière fait salle comble. Les chœurs en costumes donnent la réplique aux dix solistes de l'Opéra de Wallonie ainsi qu'à six autres artistes lyriques. Une chorégraphie illustre le concert. Ce fut un plein succès salué par la Presse.
 

En 1982[sic], le Président du Cercle royal "La Rampe" Albert Spitaels fait une demande d'assistance à la mise en scène au Centre culturel du Hainaut en portant son choix sur René Rapin dont il connait la valeur. C'est ainsi que ce dernier rejoint temporairement la troupe chapelloise. Une situation temporaire qui deviendra vite définitive.










Lors de la saison théâtrale de 1982-1983, René Rapin dirige la troupe chapelloise dans trois mises en scène.
A savoir : 

"Des fleûrs èyèt des ârbes"

Trois actes de François Masset

 

"Les coucous"

Trois actes de Grosso et Modo

Adaptation d'André Hancre

 

En 1985, René Rapin réalise la mise en

scène  "El Bosqueyon", pièce avec laquelle,

il participe avec "La Rampe" au Gala fédéral.

 

A noter que René Rapin participe également

à  ce gala avec le "Collectif dialectal du

Centre" avec  la pièce  "Preumî djou d'fosse"

d'fosse", fruit d'une collaboration à plusieurs

mains. Mais, le scénario de la pièce est de

René Rapin.

 

"L'Atelier théâtral Caritas" de Bouffioulx

présenta également une pièce au Gala

fédéral : "Li Feyeu d'mirakes"


En 1986 et 1987, René Rapin met

successivement en scène pour le Cercle

dramatique "La Rampe" :

 

"El Galand d'em feume"

Adaptation de "Quand épousez-vous ma

femme?"

 

"Pique nic à l'ville" : 

3 actes de Georges Tervagne

 

Au cours des années 80, René Rapin travaille

également avec  la "Compagnie wallonne du

Centre". Nous avons trouvé deux des pièces

jouées et diffusées à la RTBF par cette compagnie

sous l'égide de notre metteur en scène :

 

Ene Nitéye

Trois actes d’Émile-André Robert


Des femes

Trois actes de René Robert Thomas

Adaptation René Rapin

Mise en scène André Gevrey[sic]

Cette pièce fut captée et diffusée par la RTBF en

1987


A partir de la saison 1988-1989, René Rapin

devient le principal metteur en scène de "La

Rampe" :


Saison 1988 - 1989


"Bon sang n'pû nîn minti"

Trois actes de L. Fresson et P. Hansen

Adaptation d’Émile Lempereur

Mise en scène de René Rapin


"Mam'zèle poukè"

Trois actes de A. Maber et J. Nicaise

Adaptation d'Albert Spitaels

Mise en scène de René Rapin


"196 rue des Martyrs"

d'après "Nût d'angouche" 

Deux actes d'Armand J. Deltenre

Mise en scène de René Rapin

 

En cours de saison, la pièce 

"A c'temps là, twas Rwas"

Trois actes de Jean Targé

Adaptation d'Emile Lempereur

Mise en scène par René Rapin sera captée

pour être diffusée à la télévision en 1988


Saison 1990 - 1991

 

"In fèl Grand-père"

Trois actes de Francis Joffo

Adaptation d'André Hancre

Mise en scène de René Rapin


"Ene pètite goutte à l'meû-meûre"

Trois actes de J. et P. Epstein

Adaptation de "Arsenic et vieilles

dentelles" de Michel Meurée

Mise en scène de René Rapin


Saison 1992 - 1993



René Rapin en 1993 - ©Véronique Vercheval

"In pépé, ça va ... quat'.... bondjoû les dègats ..."

Trois actes de Jean-Michel Timmerman

Mise en scène de René Rapin


"Austant mi qu'in aute"

Trois actes de Léon Freson et Pierre Hansen

Adaptation d’Émile Lempereur

Mise en scène de René Rapin


"In nowé nîn comeles autes"

Trois actes de Edmond Burton

Mise en scène de René Rapin


Saison 1994 - 1995

 

L'équipe de "La Rampe" collabore avec les écoles

communales de la rue de la Prairie et du

Centre  à l'organisation de "Théâtre Jeunesse" à

Chapelle-lez-Herlaimont.

 

A cette occasion, les élèves interpréteront :

 

"Au secours" : un acte imaginé et interprété par les

 premières et deuxièmes années sous la direction de

 Mesdames Isabelle Remy et Pascale Sturbois

 

"Récitations wallonnes"

par les cinquièmes et sixièmes années de l’École du 

Centre

 

"Twas djous"  

Un acte de Michel Meurée

Mise en scène de René Rapin

 

Quant à la troupe proprement dite, son répertoire fut cette saison-là :

"D'î sûs .... d'î d'meûre"

Trois actes de Raymond Vincy et Jean Valmy

Adaptation de Karel Prevot

Traduit par Albert Spitaels

Mise en scène de René Rapin


 "Quand l'Diâle s'in mèle"

Trois actes de Robert Lamoureux et André Gillois

Adaptation de Laure Chermane

Mise en scène de René Rapin


"Les R'vènants d'Sainte Catherine"

Un acte écrit et mis en scène par René Rapin

pièce jouée lors  d'une journée "Théâtre Jeunesse"


"El Dérène heure"

Un acte d'Armand Deltenre

Mise en scène de René Rapin

Avec dans le rôle d'Armand, René Rapin him-self


Du 16 septembre au 02 ctobre1994, la pièce "La nuit de Courcelles" écrite par Armand J. Deltenre  et Jean Louvet est jouée à salle des fêtes de l'Hôtel de Ville de Trazegnies (5).
 
Pour ce faire, il fut fait appel à plusieurs troupes de théâtre et à des comédiens régionaux. René Rapin,  Mireille Brasseur et Jacques Prohon du Cercle "La Rampe" feront partie de la distribution.

A noter qu'en 1994, René Rapin collabore avec le

"Cercle Excelsior" de Haine-Saint-Pierre pour la mise

en scène de deux pièces :

 

"Elisa in Imadjes" de Jacqueline Boitte et de 

"In chatau in ivier", pièce écrite par lui-même.

Les musiques accompagnant ces réalisations étaient

du saxophoniste-clarinettiste Michel Mainil qui fut

professeur à l'Académie de Musique de Courcelles.


Saisons 1996 - 1997


"Mambournès pa leû feûmes"

Trois actes d'Albert Volral

Mise en scène de René Rapin


"Què c'qu'i d'in pinse Monsègneûr"

Trois actes de Christian Dereyck

Mise en scène de René RAPIN


Saison 1998 - 1999

 

"El jaune li va si bîn"

Trois actes de Pol Petit

Adaptation de Patricia Poleyn

Mise en scène de René Rapin

 

Saison 1999 - 2000


"El trézôr Léyonârd"

Trois actes de Jacques Wilfrid et Jean Giraud

Adaptation de Patricia Poleyn

Mise en scène de René Rapin


Participation avec la "Compagnie des amis

des 3 coups" qui présente "L'anna-belle"

Trois actes de François Masset

Mise en scène à deux mains de Patricia Poleyn et 

René Rapin

Musique d'Yves Delplancq

Scripte : Gisèle Dever

 

Participation avec les "Comédiens du plein air" à la

pièce "Amour et Croyances"

d'après "L'Arlésienne" d'Alphonse Daudet

Mise en scène de René Rapin


Saison 2000 - 2001

 

"Les terrorisses"

Trois actes de Marius Staquet

Adaptation de Patricia Poleyn

Mise en scène de René Rapin


"Nous ôtes les omes"

Un acte de M. Martin

Mise en scène de René Rapin

Avec dans le rôle de Mamy, son épouse Monique

Cambier

René Rapin et son épouse Monique Cambier ©Archives M. Gobert - C.Wargnies

Saison 2002 - 2003

 

"Dè d'ci, on vwas la mer"

Trois actes de Christian Deryckef

Adaptation d'Albert Spitaels

Mise en scène de René Rapin

Dans le rôle de Claire, la trazegnienne Claudine

Wargnies et dans le rôle d'Hortense, Monique Cambier

Aux son et lumière, Michel Gobert, époux de Claudine

Wargnies. 

 

"Tomate èt cornichon"

Un acte de Marcelle Martin

Adaptation d’Émile Lempereur

Mise en scène de René Rapin.

Avec à la technique Michel Gobert de Trazegnies


Quant aux deux saisons théâtrales  précédent

sa mort, nous n'en avons pas trouvé traces de la

participation de René Rapin à part la photo ci-dessous.

René Rapin au travail en 2004 avec Claudine, scripte de "La Rampe" à l'époque - ©Archives M. Gobert - C. Wargnies

 

Sa santé ayant décliné, René Rapin

est décédé à Gosselies, le 5 novembre 2007.


A noter que cet article n'est malheureusement pas exhaustif. Mais, les sources manquent... La carrière de René Rapin est bien plus riche que ce qui a été écrit ci-dessus.
 
A savoir : René Rapin a été animateur théâtral à partir de 1978[sic] pour la "Direction des Affaires culturelles de la Province du Hainaut. Il a joué au pied levé divers rôles pour dépanner diverses compagnies théâtrales comme "Les Amis du Théâtre" de Forchies-la-Marche, "Wallon toudis" de Courcelles, "Le Théâtre d'hier et d'aujourd'hui" de Montigny-le-Tilleul,... Que ce soit en wallon ou en français...

René Rapin a également collaboré comme metteur en scène avec "Le Réveil" de Forchies-la-Marche, "Art et Amitié" de Marcinelle, "La compagnie wallonne du Centre" et , "Art et Progrès" de La Louvière,...
 
Notes
 
(1) R.T.T. : aujourd'hui Belgacom
(2) Cercle dramatique "La Fraternité" : Cercle théâtral formé en 1902 par les camarades Oscar Baudy, Firmin Delbende, Alexandre Denimal, Arthur Dumonceau et Adolphe Maison. 
A l'époque de sa création, il s'appelait "Les Prolétaires" et son répertoire était composé de pièces en français.
Après la Première guerre mondiale, le cercle prit le nom de "La Fraternité" et joua principalement des pièces en wallon.
(3) Le Lys rouge : troupe théâtrale fondée à Souvret en mars 1902. Parmi les membres fondateurs, nous retrouvons : Alfred Lombard. Jusqu'en 1953, la troupe joue essentiellement des pièces en français.
(4) Gérard Demil : né en octobre1953. Enseignant retraité et ancien demi-milieu de l'équipe de balle pelote "Souvret Avenir"
(4) L'intégralité de la conférence intitulée   "La crise du théâtre dialectal wallon : causes et remèdes"  sera publiée dans les numéros du 4ème trimestre de la revue dialectale "El Bourdon d'Châlèrwè èt co d'ayeûrs".
(5) La Nuit de Courcelles : la pièce écrite par Armand J. Deltenre et Jean Louvet est une création du "Théâtre de La Posterie" de Courcelles et du "Studio-théâtre" de La Louvière. La mise en scène est l’œuvre de Jacques Herbet, Michel Meurée et Jacques Louvet.
Cette pièce relate le massacre d'une vingtaine d'otages perpétré par les rexistes carolos le 18/08/1944 en représailles de l'assassinat commis la veille du bourgmestre rexiste du Grand Charleroi Oscar Englebin, de son épouse et de son fils par des résistants venus de la Région du Centre.
 
Bio-bibliographie
 
Sources biographiques
 
Archives  de Madame Claire Wargnies et son époux Michel Gobert de Trazegnies, anciens membres de la troupe théâtrale "La Rampe" (Chapelle-lez-Herlaimont)
 
Entretien avec Monsieur Gérard Demil - Novembre 2023
 
Entretien téléphonique avec Madame Claire Wargnies et son époux Michel Gobert   janvier 2024
 
https://evilaetare.blogspot.com
https://osti.el-mojo.be
 
Barry, Félicien
Livre d'or du théâtre wallon hennuyer édité à l'occasion du cinquantième anniversaire de la Fédération Royale Littéraire et Dramatique Wallonne du Hainaut, 1910-1960
. - Charleroi : 1960
. - pp. 54, 56 
Lempereur, Émile
 
Le Théâtre dialectal en Wallonie au XXe siècle
in "La Wallonie, la Terre et les Hommes" / ss la dir. d'Hervé Hasquin. 
. - Tome 3
. - pp.
 
Wallons (Les)...

Les wallons en deuil
in "Cocorico" : magazine du bilinguisme wallon,
N° 5, 12/2007-02/2008, p. 12 : ill.

Bibliographie succinte
 
Al peche,
in "El Bourdon..."
.-  n° 331, p.

Co del gate : un acte
 
La crise du théâtre dialectal wallon : causes et remèdes
in "El Bourdon...
. - n° 259, 10/1973, pp.
. - n° 260, 11/1973, pp.
. - n° 261, 12/1973, pp.
 
Des Femes : comédie en trois actes / Robert Thomas ; adaptation René Rapin
 
"In chatau in ivier"
 
"Les R'vènants d'Sainte Catherine" : pièce en 1 acte

Auteur : ©Luc Heuchon
Reproduction partielle autorisée à condition de citer la source sauf documents photos.
Contact : alain.luc.richir.heuchon@gmail.com


lundi 19 février 2024

Louis Palm, de Goutroux à Souvret...

Louis Palm, de Goutroux à Courcelles...

Préambule

Après quelques mois de silence, je reprends la plume pour vous parler d'un auteur de huit pièces de théâtre et d'une opérette en wallon : Louis Palm.

Le cas de Louis Palm est un peu spécial. Originaire de Goutroux, il a habité successivement dans sa commune natale, Monceau-sur-Sambre, Souvret avant de se fixer à Courcelles au n° 20 de la rue Hubert Bayet. Il fut le voisin de la famille de René Meurée, père de Jean-Claude et Michel, figures courcelloises bien connues(1).

Contrairement  aux dires de Félicien Barry dans son ouvrage consacré aux auteurs wallons, Louis Palm semble avoir écrit de 1924 à 1936 et non de 1924 à 1926.

C'est en consultant la presque totalité de son œuvre en ma possession que j'ai pu reconstitué une partie du parcours de Louis Palm. Œuvre photocopiée grâce à la grande amabilité de son fils.

Louis Palm

Louis Palm voit le jour le mardi 29 octobre 1901 à Goutroux dans un milieu modeste. Il eut une sœur cadette prénommée Louise.

Louis Palm - Collection L. Heuchon

Il fait ses études primaires à Goutroux et son école primaire terminée, il entre directement dans la vie active en travaillant dans une clouterie à Fontaine-l'Evêque.

Ensuite, il travaille quelques années dans un charbonnage avant d'effectuer son service militaire. En 1918, il effectue  son service militaire et incorpore le régiment des Lanciers de la Reine [sic]. Louis Palm et son régiment sont envoyés occuper la Rhénanie.

Rendu à la vie civile, il entre comme piocheur à la compagnie du chemin de fer de la Société du Nord Belge qui sera reprise par l’État belge en 1940 . A la veille de la Seconde guerre mondiale, il devient chef piocheur.

Mais, le jeune homme ne se voit pas piocher toute sa vie. C'est pourquoi, il fréquente l’École industrielle de Fontaine-l'Evêque. Ce qui le conduira plus tard a suivre une formation de géomètre.

En 1947, Louis Palm occupe la fonction de géomètre à la S.N.C.B. Mais, il reste confiné à la voie  en qualité de contremaître. Louis Palm prendra sa retraite en 1966.

Concernant sa vie privée, nous savons qu'il fut marié et qu'il eut un fils prénommé Philippe [sic].

Dès 1920, Louis Palm fait partie des comédiens du Cercle dramatique "Les disciples de Jules des Essarts" à Goutroux. 

A l'époque, Louis réside au 122 de la rue Ferrer à Goutroux. 

Son premier opus est un vaudeville en un acte intitulé "Pilouri est pris" qui est est créé à Goutroux le 24 février 1924 par la troupe "Les disciples de Jules des Essarts". 

Viens ensuite la comédie en un acte "El chemineau" créée également à Goutroux le 28 décembre 1924 toujours par la troupe "Les disciples de J. des Essarts". Louis Palm y joue le rôle de Gustaf Blampain âgé de 35 ans. Cette pièce fut rejouée quelques temps après sa mort à Marchienne-Docherie.

Collection Luc Heuchon

Le 10 novembre 1925, nous retrouvons à nouveau à Goutroux la troupe "Les disciples de Jules des Essarts" pour la création de la comédie en un acte "A l'glu".

Mais, le théâtre de Louis Palm "s'exporte". Sa comédie en un acte "El milion" est créée à Courcelles par la troupe courcelloise "Wallon tout pur"[???] le 26 décembre 1925.

Quant à son vaudeville en un acte "Les maronnes da Gèdèyon", il sera créé à Roux le 21 novembre 1926 par le Cercle "Les disciples de Zola" de Jumet-Gohyssart.

Dans les années 30, Louis Palm réside à Monceau-sur-Sambre au n° 92 de la rue A . Desy. Il intègre la troupe moncelloise " Les bons amis du Peuple" en qualité d'acteur et de régisseur.

Troupe avec laquelle, il participe à plusieurs concours d'art dramatique dont la Coupe du Roi Albert à Couillet où, la troupe reçoit le 1er prix.

Contredisant les dires de Félicien Barry, Louis Palm continue à écrire pendant sa période moncelloise. 

Pour preuve, le 21 décembre 1935, Louis Palm écrit le mot FIN au bas du manuscrit de sa pièce en deux actes "El culotte findue" écrite à Monceau-sur-Sambre.

Le 8 mars 1936, sa comédie en un acte "Bilingue" est créée à Monceau-sur-Sambre par  "Les bons amis du Peuple". C'est également le cas pour une autre de ses comédies en un acte "El bistoque".

Dans les deux pièces, Louis tient un rôle. Dans la première, il est Djoseph, le facteur et dans la seconde, il incarne Jules, el gârnicheù (le garnisseur)(1).

C'est également au cours des années 30 qu'il écrit une pièce en un acte qu'il qualifie "à thèse" et intitulée "El' Sacrifice". Mais, rien n'indique qu'elle ait été jouée. Cependant, une chose paraît très intéressante à mes yeux concernant cette pièce. Un nota bene précise : "Des réductions sur les droits d'auteur seront accordées aux cercles interprétant cette œuvre pour les sociétés de libre-pensée".

Dans sa période moncelloise, Louis Palm a également rédigé le livret d'une opérette en un acte "Simèyon" et en a confié la mise en musique au moncellois Raoul Pierquin. Le manuscrit de cette opérette ne comporte pas de remarques pouvant indiquer qu'elle fut jouée.

Mais, Louis Palm  ne joua pas que dans les pièces qu'il avait écrites. Par exemple, il eut un rôle dans la pièce "Pière Cayau" d’Éloi Boncher, écrivain patoisant originaire de Montignies-sur-Sambre. Cette comédie dramatique en un acte fut jouée à Goutroux. Sa sœur cadette Louise lui donnait la réplique.

La date à laquelle, il quitta Monceau pour Souvret  nous est inconnue. Mais, son adresse souvrétoise se situait au n°9 de la rue des Sarts [????].

Il semble qu'à partir de cette époque, il ai cessé d'écrire et de jouer.

Par la suite, il vint habiter Courcelles où, il passa le reste de ses jours jusque son décès à l'Hôpital de Jumet le 23 août 1974.
 
Quoique nous ayons habité la même rue à Courcelles, je n'ai pas souvenance de l'avoir connu. 

Notes :

(1) Famille Meurée : 

Le père René était un homme charmant né à Courcelles, le 17/06/1909. Il termina sa carrière à l'"Institut géographique national" avec le grade d'agent cartographique principal de 1ère classe. Il a notamment publié l'anthologie  "Nos scrîjeus" reprenant une compilation des textes d'auteurs courcellois.

Les fils : Jean-Claude et Michel furent tous deux enseignants. Tous deux firent de  la politique. Jean-Claude termina sa carrière professionnelle en qualité d'Inspecteur de l'Enseignement. Quant à Michel, il est surtout connu pour son rôle important dans la défense de la langue wallonne tant au niveau de l'écriture qu'au niveau du théâtre dialectal : auteur, metteur en scène et comédien.

(2) Un petit clin d’œil à l'intention de mon ami Alain Richir, mon "Oncle Paul" du Rock.

Sources biographiques

Entretiens avec son fils

Barry, Félicien

270 écrivains dialectaux du Pays Noir : livre d'or édité à l'occasion du 50e anniversaire de l'Association Littéraire Wallonne de Charleroi (Société royale)) 1908-1958 et ....

. - Charleroi : Éditions du Bourdon, 1958

. -112 p. : ill.

. - p.82 : photo n&b

Heuchon, Luc

Essai de bio-bibliographie des auteurs de l’Entité de Courcelles : 1ère partie / Luc Heuchon

. – Marcinelle : IPSMa, année scolaire 198-1987

. – 2 vol. : ill.

.- Mémoire réalisé pour l’obtention du titre de bibliothécaire gradué

. - Louis Palm : pp. 404-405 : photo, p. 494

.-  René Meurée : pp..387-389, 1 photo n&b hors-texte

Vandereuse, Jules

Le théâtre wallon du Hainaut [monographie]

. - La Louvière : Éditions Labor, 1930

.- 104 p.

.- p. 62

Bibliographie

A l' glu [théâtre] : comédie en 1 acte

. - Créée à Goutroux le 10/11/1925 par "Les disciples de jules des Essarts

Bilingue [théâtre]

. - Monceau-sur-Sambre : chez l'auteur, 1936

. - 29 p. manuscrites

. - Créée à Monceau-sur-Sambre le 08/03/1936 par "Les bons amis du Peuple"

El' bustoque [théâtre] : pièce en un 1 acte

. - Monceau-surSambre : chez l'auteur, 1936

. - 20 p. manuscrites 

. - Créée à Monceau-sur-Sambre le 08/03/1936 par "Les bons amis du Peuple"

El' chemineau [théâtre] : pièce en 1 acte

. - Marcinelle : La Concorde, 1924

. - 20 p.

.- Créée à Goutroux le 28 décembre 1924 par "Les disciples de Jules des Essarts"

El' culotte findue [théâtre] : comédie en 1 acte

. - Monceau-sur-Sambre : chez l'auteur, 1935

. - 30 p. manuscrites

El' milion [théâtre] : comédie en 2 actes

.- [S.l.] : chez l'auteur, s.d.

 .- Créée à Courcelles le 26/12/1925 par le cercle "Wallon tout pur"

El' sacrifice [théâtre] : pièce à thèse en 1 acte

. - Monceau-sur-Sambre : chez l'auteur, s.d.

. - 26 p. manuscrites

Maronnes da Gèdèyon [théâtre] : vaudeville en 1 acte

. - Marcinelle : La Concorde, s.d.

. - 20 p.

. - Créé à Roux le 21/11/1926 par le Cercle "Les disciples de Zola"

Pilouri est pris [théâtre] : vaudeville en 1 acte

. - [S.l.] : chez l'auteur, s.d.

. -  Créé à Goutroux le 24 février 1924 par "Les disciples de Jules des Essarts"

Simèyon [théâtre]: opérette en 1 acte / livret L. Palm ; musique R[aoul] Pierquin

. - [Monceau-sur-Sambre] : chez l'auteur, s.d.

. - 20 p. manuscrites

Texte : Luc Heuchon©

Reproduction partielle autorisée à condition de citer la source.

Contact : alain.luc.richir.heuchon@gmail.com

mercredi 8 novembre 2023

C'est un joli Nom CAMARADE. C''est un joli Nom, tu sais... entre cerises et grenades... (Jean Ferrat) - Victor Paindaveine, un enseignant au service de la Patrie

Victor, Léon Paindaveine pousse ses premiers cris à Trazegnies le jeudi 27 mai 1909.


Victor Paindaveine en 1934 - ©Institut Émile Vandervelde (Bruxelles)

A notre grand dam, nous ne connaissons rien de la jeunesse du camarade Victor Paindaveine à part le fait qu'il fit partie des scouts socialistes les "Faucons rouges" et des  "Jeunes Gardes Socialistes" (J.G.S.)  de Trazegnies.

Réunion des J.G.S. - Tête de V. Paindaveine cerclée de rouge - Photographie ©Institut Émile Vandervelde (Bruxelles)
C'est dans ce cadre qu'il rencontrera sa future épouse Léona Motquin dont, il divorcera en 1942.

Professeur de mathématique dans la vie courante, Victor Paindaveine est une des figures de proue des Jeunes Gardes Socialistes de la Région de Charleroi. En effet, il en assuma la présidence au niveau régional et fut membre de la direction nationale.

C'est à ce titre qu'au début, il s'oppose farouchement à l'unification des Jeunes Gardes Socialistes avec les  Jeunesses Communistes. Lors du congrès des J.G.S.qui se teindra à Roux après les grèves de 1936 et la victoire aux élections législatives du P.S., les J.G.S. organisent,  sous la présidence de Victor Paindaveine, un congrès afin de donner une nouvelle orientation à leur combat et tenter un rapprochement  avec les Jeunesses communistes. 

Paindaveine et un dénommé Allard estiment que cette union rendrait les jeunes plus forts dans le combat contre le capitalisme et le fascisme. Mais, Fabrice Martens

Finalement, cette fusion aboutira avec beaucoup de difficultés sous l’appellation des "Jeunes Gardes Socialistes Unifiées" (J.G.S.U.) et durera peu de temps. En effet, les socialistes craignaient une mainmise communiste sur l'organisation.

Ceci dit, une autre source nous apprend qu'à la fin de l'entre-deux-guerres, Victor Paindaveine était farouchement opposé à cette union. Quid ??? Nous n'avons pu élucider la chose.

Réunion des Jeunes Gardes socialistes -  Tête de V. Paindaveine cerclée de rouge - Photographie ©Institut Émile Vandervelde (Bruxelles)
           Photographie

En septembre-octobre 1940, Victor Paindaveine  reçoit chez-lui des socialistes membres du Parti Ouvrier Belge (P.O.B.) ainsi que les communistes Henri Glineur et P. Bosson[sic],  membres du P.C. Une réunion des Jeunes Gardes Socialistes Unifiées aura également lieu à son domicile.

Henri Glineur collaborera avec Victor Paindaveine du 08/09/1940 au 22/06/1941 à la parution du journal clandestin "L’Étincelle"".

Dans un courrier daté de 25 septembre 1940, Victor Paindaveine rappelle à Hendrick De Man sa demande d'être reçu par lui.  De Man répond à son courrier en fixant rendez-vous à Victor Paindaveine.

Mais, le courrier date du 7 octobre et Victor le reçoit le jour mêm du rendez-vous. C'est-à-dire le vendredi 11 octobre. D'où, impossibilité de se rendre à la convocation. 

Léona Motquin envoie donc un mot d'excuses à De Man en demandant à ce dernier de reporter le rendez-vous à une date ultérieure. En sus, elle informe que Victor Paindaveine est alité car, il souffre d'une crise aiguë de la vésicule biliaire.

Finalement, nous ne savons pas si, ce rendez-vous eu lieu. Mais, au bas du courrier de Léona Motquin, il a été annoté : "D'après Tom, serait devenu communiste".

Quant à Victor Paindaveine, il date son adhésion au Parti Communiste fin mai 1941 et dans un premier temps, Victor Paindaveine fonde la cellule carolo du "Front wallon pour la Libération du Pays".

En avril-mai 1941, Victor Pandaveine, Jules Avaux et un dénommé Marcel  Lambotte  sont à l'origine de la création du  "Front de l'Indépendance" de la Région de Charleroi. Dans la foulée, Victor Paindaveine et Jules Avaux créent le journal clandestin "Le Pays wallon".

Après 4 ou 5 numéros parus du 03 avril 1941 à juillet 1941, le journal fusionnera avec "L'Indépendance" journal officiel du F.I. Victor s'occupe activement de la presse et des publications en général.

En janvier 1942, les allemands procèdent à l'arrestation du groupe "Wallonie Libre". Le domicile du couple Paindaveine-Motquin est perquisitionné. Dans la foulée, Victor Paindaveine est interrogé par l'autorité allemande à la rue Ernest Charles à La Louvière. où, il est interrogé

Il comparait à nouveau devant les représents de l'autorité allemande le 3 mars 1942 avec un autre résistant dont, il ne connaîtra pas le nom. Ils sont interrogés au sujet des groupes armés de Charleroi.

Suite à une deuxième visite de la Gestapo venue à son domicile pour l'arrêter, il décide avec son épouse d'entrer dans la clandestinité. Nous sommes le 22juillet 1942, le couple  part pour le Borinage.

Victor devient alors le responsable régional du Front d'Indépendance (F.I.) de la Région du Borinage. De temps à autre, les époux Paindaveine-Motquin sont en contact quoique déjà en instance de divorce.

Il continue cependant de publier en collaboration avec Jean Terfve (2) le journal régional "L'Indépendance".

Début janvier 1943, Victor Paindaveine est envoyé à Liège comme responsable provincial du F.I. Il a été écrit que c'était suite à une indiscrétion de son beau-frère Arsène Motquin qu'il fut arrêté en avril 1943. Ce qui n'est pas tout à fait vrai...

Pourquoi ??? Victor Pandaveine a également dans ses attributions la récolte de fonds pour le Maquis : aides matérielles aux résistants et réfractaires ainsi qu'à leurs familles, pour la parution des journaux et tracts clandestins, ... 

Ayant appris qu'il était possible "d'obtenir  de l'argent afin de soutenir notre mouvement. Mon beau-frère Motquin Arsène avait fourni tous les renseignements me permettant d'entrer en liaison avec le représentant d'une soi-disant qui était chargée d'aider la résistance en Belgique notamment. A cette époque, j'avais besoin d'une forte somme (100 000 frs) pour payer une imprimerie que j'avais achetée afin de tirer régulièrement les journaux du F.I. Je me suis rendu à Paris le 1er ou 2 avril où devait se traiter l'affaire. Là, je fus mis en contact avec un appelé Jacobs de nationalité belge qui me versa [un acompte de] 250 000 fr français que je ramenai en Belgique".

Victor Paindaveine fit appel à un dénommé Clément domicilié à Bruxelles. C'est ce dernier qui l'avait conduit à Paris pour obtenir le prêt. Fort de cette expérience et voulant en faire profiter le F.I. et le Parti communiste, le camarade Victor Paindaveine leur fait parvenir un "mot". 

Suite à ce "mot", il obtient une entrevue entre Pier Nothomb du P.C. et "Nicolas", le responsable national du F.I. Ces derniers lui reprochèrent de s'être rendu à Paris sans leur en avoir demandé l'autorisation.

Pour sa défense, Victor Pandaveine répondit qu'il avait voulu se rendre compte personnellement de l'offre faite avant d'en référer au mouvement. Après une mise en garde, il fut autorisé à conclure l'affaire et ensuite, de la transmettre à la direction nationale du F.I.

Fort de cela, Victor Pandaveine reçoit à Bruxelles, Jacobs, son contact  parisien. Ce dernier devant lui apporter un quart de million pour compléter la mensualité que le F.I. devait recevoir suite aux premiers accords.

Cependant, cela ne se passa pas comme prévu. En effet, "J'ai rencontré ce Jacobs qui m'apprit que son chef avant de terminer définitivement l'affaire  désirait me parler afin de liquider certaines questions de détail."

Résultat des courses, Paindaveine doit à nouveau se rendre à Paris où, il toucherait les 250 000 francs français qui ne lui avaient été apportés.

Avant de se rendre à Paris, Victor Paindaveie doit rencontrer "Nicolas", le responsable national du F.I. Malheureusement, il ne rencontre que son courrier qui lui transmet un mot qui l'informe que "Nicolas" est dans l'impossibilité de le voir du fait des difficultés et des dangers rencontrés à Bruxelles en particulier.

C'est pourquoi, "Nicolas" le prie de conduire toutes les affaires au mieux. Victor Paindaveine retourne donc à Paris pour terminer cette affaire de subsides sans se douter qu'il est tombé dans un piège tendu par l'Abwehr.

A son arrivée Gare du Nord, il est arrêté et conduit à la prison de Fresnes où, il est interrogé. Victor écrira à ce sujet : "Au cours des interrogatoires qui suivirent, je niai malgré les coups, appartenir au F.I. et de m'occuper d'espionnage, de sabotage, de publications clandestines. Je reconnus avoir simplement recherché de l'argent pour le compte d'une petite organisation clandestine intitulée "Parti socialiste wallon" qui s'occupait de venir en aide aux familles des prisonniers politiques. Le texte de ma condamnation que j'ai ramené avec moi d'Allemagne, déclare : "L'accusé V. Pandaveine est condamné à 18 mois de prison à cause de sa participation à une organisation interdite."

Par la suite, il est transféré en Allemagne dans le Land de Rhénanie du Nord-Westphalie à Hagen où, il reste emprisonné jusqu'à l'arrivée des américains le 15 avril 1945.

A partir de cette date et jusqu'à son retour en Belgique le 29 mai 1945, Victor Paindaveine s'occupe du rapatriement des prisonniers belges   dans leurs foyers. De retour en Belgique, il continue à s'occuper du rapatriement de ses compatriotes. A partir d'août 1945, il succède à Paul Van Zeeland au poste de Directeur général au Rapatriement.  Fonction qu'il occupera jusqu'en janvier 1948, date à laquelle, le Comité belge au rapatriement sera dissous définitivement.

Mais dès son retour en Belgique, Victor Paindaveine fut accusé par le F.I. de trahison. Suite à un mot de Despy entrevoyant la possibilité d'utiliser les compétences de Victor Paindaveine au sein du P.C. un fragment de rapport[sic] contenu dans un dossier au nom de notre trazegnien dit, en autres :

- que cela impose une enquête minutieuse vu que son arrestation est due "à un acte d'indiscipline caractérisé",

- qu'"il se serait sérieusement dégonflé en prison",

- qu'il aurait sollicité l'intervention de  De Man ou des gens de son entourage pour être libéré,

- qu'il "aurait adopté une attitude hostile à la position de lutte du Parti adoptant la prudence couarde d'une bonne partie des militants socialistes".

L'auteur dont le nom et la signature  n'apparaîssent  au bas de cette note souligne qu'il n'a pas pu vérifier minitieusement ces renseignements donnés lors  de "l'illégalité". Il termine sa note en indiquant que si Paindaveine est utilisable, il pourrait être repris au F.I. "où à certains moments, il a fait de l'excellent travail". Il estime également que vu son passé aux J.G.S. et d'un des fondateurs des "Faucons rouges", il serait une recrue de poid pour la Direction des Jeunesses Communistes. Mais, à condtion d'avoir des apaisements sur son engagement politique.

Concernant ces accusations , Victor Paindaveine y a répondu comme vous avez pu le lire plus haut dans la relation de son arrestation et de son incarcération.

Après son retour de captivité, il réside au N° 5 de la rue de Courcelles à Trazegnies.

Par la suite, Victor Paindaveine reprend du service au F.I.  Mais, son état de santé laisse à désirer. Cela lui vaut plusieurs mois de convalescence. A la même époque, il est Directeur au Rapatriement. 

Comprenne qui pourra ?

Par la suite, il reprend son métier d'enseignant. Ce faisant, il crée une école libre non-confessionnelle, l'Ecole de Plein Air à la rue Dieweg, N° 65 à Uccle dont, il sera le directeur jusqu'à sa retraite.

Quant à sa vie privée, Victor Paindaveine a épousé en seconde noce Simone Reumont, administratrice de société.

Bibliographie

Paindaveine, Victor

Ni fascisme, ni capitalisme! : les jeunes socialistes devant la guerre actuelle

. - La Louvière : Labor, 1940

. - 24 p.

Sources bibliographiques sommaires

Centres de documentation :

CArCoB - Centre des Archives communistes en Belgique

rue de la Caserne, 33
1000 Bruxelles

Téléphone : 02/513 61 99 et 02/513 15 83

http://www.carcob.eu

Dossier Victor Paindaveine

Service des Victimes de Guerre
Square de l'Aviation , 31 1070 Bruxelles
+ 32 2 528 91 00
contact :
aos_avg@arch.be

Dossiers Jules Avaux N° 773.059 - Dossier Jules Avaux FC 20 550 et Dossier Jules Avaux N° 622612/2684/2688 : Pro Justicia Interrogatoire Paindaveine

Institut Emile Vandervelde (IEV)

Centre d'archives
boulevard de l'Empereur 13
1000 Bruxelles

+ 32 548 32 12

Contact : bibliothe@iev.be

Photographies Victor Paindaveine

Ghenne, J.-C.

Le rapatriement des prisonniers politiques belges des camps de concentration : Mémoire de licence en Histoire inédit

. - Liège : Université de Liège, année académique 2001-2002 

. - Victor Paindaveine p. 45.

Gotovitch, José

Du rouge au tricolore : les Communistes belges de 1939 à 1944 :

 un aspect de l'histoire de la Résistance en Belgique

. - Bruxelles : CarCob, 2018

Maerten, Fabrice

Du murmure au grondement : la Résistance politique et idéologique dans la Province de Hainaut pendant la Seconde Guerre mondiale (mai 1940 -septembre 1944)

. - Mons : Hannonia,  1999

. - 3 vol. (1176 p.)

. -  Léona Motquin : pp. 126-127

. -  Victor Paindaveine : pp. 126-127

Poty, Francis et Delaet, Jean-Louis

Charleroi

.- Charleroi: Présence et action culturelles, 1985

. - 209 p.

. - Victor Paindaveine p.105

Auteur : Luc Heuchon©

Contact : alain.luc.richir.heuchon@gmail.com 

Reproduction partielle pour le texte autorisée à condition de citer la source. Pour la reproduction des documents photos, l'autorisation est  à demander à l'Insitut Emile Vandervelde à Bruxelles